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Politique

Tarifs américains: Carney suspend à nouveau sa campagne

Pour la troisième fois en trois semaines, le chef libéral enfile ses habits de premier ministre pour gérer la crise tarifaire.

Le chef libéral Mark Carney fait une annonce au Collège Sheridan à Brampton, en Ontario, le jeudi 10 avril 2025. Il est accompagné des candidats Bill Blair (à gauche) et Nathalie Provost (à droite).
Le chef libéral Mark Carney fait une annonce au Collège Sheridan à Brampton, en Ontario, le jeudi 10 avril 2025. Il est accompagné des candidats Bill Blair (à gauche) et Nathalie Provost (à droite).
Michel Saba
Michel Saba / La Presse canadienne

Pour la troisième fois en trois semaines de campagne, le chef libéral Mark Carney met sur pause sa campagne pour revenir à Ottawa enfiler ses habits de premier ministre et gérer la crise tarifaire avec les États-Unis, qui connaît de nouveaux soubresauts avec la décision la veille du président Donald Trump de suspendre des droits de douane.

«Bien qu'il s'agisse d'un répit bienvenu pour l'économie mondiale, les répercussions d'autres tarifs et la menace de futurs tarifs se font déjà sentir partout dans le monde et ici, au pays. Les enjeux pour notre économie n'ont donc jamais été aussi importants», a déclaré M. Carney, jeudi.

En marge d'une annonce de campagne à Brampton, en banlieue de Toronto, M. Carney a signalé que son avion mettra le cap vers la capitale en fin de journée et qu'il tiendra vendredi une réunion du comité du cabinet chargé des relations canado-américaines.

M. Carney a expliqué que rien ne change en matière de droits de douane au Canada, le président Trump ayant maintenu un droit de douane universel de 10 %, ainsi que ceux de 25 % sur les importations d'acier, d'aluminium et d'automobiles aux États-Unis.

«Ces tarifs menacent nos familles, nos travailleurs et nos entreprises, a insisté le chef libéral. Nous allons nous battre contre ces tarifs jusqu'à ce qu'ils soient annulés avec des contre-tarifs qui auront un impact maximal aux États-Unis et un impact minimal au Canada.»

Le président Trump a cependant porté les droits de douane sur les importations chinoises à 125 % dans une escalade tarifaire avec Pékin.

Or, le Canada est le seul autre pays du monde qui impose toujours des droits de douane de représailles aux Américains. Et le secrétaire au Commerce, Howard Lutnick, a prévenu mercredi, en pointant vers la Chine, que, si les mesures de rétentions sont maintenues, ce serait «un très, très mauvais choix» pour le Canada.

En campagne à Montréal, le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a reproché à son adversaire libéral de faire la campagne «la plus courte possible dont on se sauve le plus vite possible en répondant le moins possible aux journalistes».

«J'ai l'impression que M. (Stephen) Harper est allé aider M. (Pierre) Poilievre après avoir inspiré M. Carney. C'est le même genre d'attitude», a-t-il envoyé.

Resserrer le contrôle des armes

Le chef libéral, qui faisait campagne, jeudi, aux côtés de sa candidate vedette et survivante de la tragédie de Polytechnique, Nathalie Provost, a promis de resserrer la réglementation sur les armes à feu.

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En marge d'une visite d'un laboratoire médico-légal, M. Carney s'est engagé à lutter contre la criminalité, affirmant qu'on ne pouvait pas poursuivre cet objectif en éludant la question des armes à feu, une critique dirigée vers son adversaire conservateur Pierre Poilievre. 

«Pierre Poilievre essaie d'importer des lois irresponsables à l'américaine sur les armes à feu dans notre pays. On ne peut pas sérieusement être ferme avec la criminalité sans être ferme avec les armes à feu», a-t-il envoyé. 

M. Carney s'est également engagé à «rapidement – ​​et je dis bien rapidement» ​​relancer le rachat des armes à feu de type d'assaut.

«Le mot "rapidement" revenant souvent, pour moi, comme candidate, c'est fondamental», a déclaré Mme Provost en mêlée de presse lorsque pressée sur la différence entre l'approche de M. Carney par rapport à celle de son prédécesseur, Justin Trudeau.

Les libéraux veulent aussi présenter une loi pour obliger la Gendarmerie royale du Canada (GRC) à classer les nouveaux modèles d'armes à feu, une responsabilité qui incombe actuellement à l'industrie, soit «ceux qui fabriquent et tirent profit», a insisté son candidat Bill Blair, qui est ministre de la Défense nationale et ancien chef de police de Toronto.

Avec ce plan de lutte à la criminalité, le chef libéral répond à son adversaire conservateur qui se fait une fierté d'être dur sur le crime, appelant notamment à ce que les récidivistes violents soient remis en prison et non en liberté sous caution.

Les libéraux veulent désormais rendre la mise en liberté sous caution plus difficile pour les personnes accusées de vol de voitures avec violence, de vol de voitures pour le compte d'organisations criminelles, d'invasion de domicile et de certaines infractions de traite et de trafic de personnes.

«Lors des audiences de mise en liberté sous caution liées à ces crimes, nous renverserons le fardeau de la preuve, ce qui signifie que l'accusé devra prouver qu'il ne représente pas une menace pour la sécurité publique», a déclaré M. Carney.

Son parti promet aussi de présenter une loi pour criminaliser l’obstruction intentionnelle et délibérée à l’accès de tout lieu de culte, école ou centre communautaire et en rendant criminel le fait d’intimider ou de menacer volontairement les personnes assistant aux services dans ces lieux.

Dans un communiqué, les conservateurs ont affirmé que les libéraux tentent de se cacher d'avoir déclenché «pendant dix ans (...) une vague de la criminalité et de chaos dans nos rues».

«Le 28 avril, les Canadiens décideront s'ils veulent un quatrième mandat libéral marqué par le crime et le chaos, ou s'ils veulent un gouvernement conservateur du Canada d'abord qui enfermera les criminels et rendra nos rues sécuritaires pour faire changement», a écrit le candidat Larry Brock au nom de son parti.

Après avoir rencontré la presse à Brampton, la caravane de M. Carney a pris la route de Hamilton pour un rassemblement où plusieurs centaines de sympathisants sont attendus. Il s'envolera par la suite vers Ottawa en soirée.

- Avec des informations de Vicky Fragasso-Marquis

Michel Saba
Michel Saba / La Presse canadienne