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Maintenant que les jeux sont faits. Une question est sur toutes les lèvres.
Le réveil est brutal pour de nombreuses citoyennes et citoyens du monde ce matin. En effet, alors que les sondages annonçaient une bataille plutôt serrée entre Donald Trump et Kamala Harris, ce fut plutôt une vague républicaine qui a déferlé sur les fameux états clés.
La surprise est grande pour plusieurs, car, dans les derniers jours, on nous avait beaucoup parlé d’une remontée de Mme Harris et d’un vote féminin dans lequel elle semblait en avance. Il faudra voir si ces prédictions se sont révélées fausses ou si elles ont simplement été insuffisantes face à la force du candidat républicain auprès de l’électorat masculin.
Maintenant que les jeux sont faits. Une question est sur toutes les lèvres. Comment un homme ayant tenu des propos misogynes, homophobes et racistes, un homme qui propage de fausses informations et qui est accusé au criminel peut-il devenir président de la première puissance mondiale ?
La réponse est loin d’être simple, mais je pense que l’une des clés se situe dans le type de communication qu’il a développé.
La première chose qui me saute aux yeux, c’est à quel point les élections américaines se sont passées sur le terrain que l’équipe républicaine avait choisi. L’empathie est une qualité essentielle pour bien communiquer, car elle permet de comprendre ce que les gens ont besoin d’entendre pour écouter attentivement.
Depuis les primaires, Trump a répété sans cesse que l’économie des Américains allait mal, que la sécurité était un problème et que l’immigration était responsable de problèmes sociaux importants aux États-Unis. Est-ce que c’est vrai ? Pas nécessairement.
Le PIB des États-Unis a actuellement la meilleure croissance de tous les pays du G7, les crimes aux États-Unis sont en baisse et l’immigration est un enjeu, mais pas de l’ampleur à laquelle cela a été décrit par les républicains. Cependant, les gens croient ce qu’ils voient et perçoivent. Le PIB ne paye pas leur épicerie, l’insécurité est présente dans leur vie et sur les médias sociaux ou traditionnels de façon constante et l’immigration est devenue le plus gros problème des États-Unis aux yeux de 28 % des Américains.
On dit que le public a besoin d’entendre un message 9 fois pour le retenir et le président élu a bien suivi cette leçon. Il a martelé ses thèmes et a promis de les régler. C’est pour ça que les Américains ont voté pour lui.
De son côté, Kamala Harris a été redoutablement efficace sur la protection des femmes, sur la santé reproductive, mais c’est tout. Sur tous les autres sujets, elle ne faisait que se défendre face aux attaques de Trump avec le résultat qu’on connaît.
Une fois que le message est bien établi et qu’il est simple, il a la qualité de pouvoir être repris par plusieurs personnes pour être répété. Dans le cas de Donald Trump, ses chambres d’écho les plus proches se nomment Dana White, Joe Rogan et Elon Musk.
Mais il y a aussi des milliers de citoyennes et de citoyens qui ont propagé les messages de Trump sur l’inflation, l’insécurité et l’immigration. De plus, ils se le sont approprié en faisant ainsi de redoutables influenceurs dans le grand public.
C’est vrai qu’il n’a pas fait énormément d’entrevues avec les médias, mais il les a choisies. Le meilleur exemple est la présence de Donald Trump au balado de Joe Rogan. Celui-ci a obtenu 46 millions de vues pour cette seule entrevue ! En comparaison, CNN a eu environ 4 millions d’auditeurs pour toute la convention démocrate en août 2024 tandis que le fameux « Sunday night football » attire environ 20 millions d’auditeurs.
Cela démontre bien comment il a évité habilement les médias traditionnels tout en accordant une place prépondérante à des espaces d’information alternatifs, comme certains balados ou les réseaux sociaux de ses partisans.
La question qu’il nous reste tous en suspens, c’est comment ça se fait qu’il puisse dire n’importe quoi ? Je n’ai pas la réponse, mais j’ai une théorie que j’aimerais vous partager. En tant que gens de l’extérieur, les discours de Donald Trump ne concernent pas notre quotidien et ne parlent pas de ce que nous vivons la majorité du temps. Par conséquent, nous retenons les insultes, les mensonges et les atrocités, car nous n’avons pas d’autre intérêt à écouter.
Du côté des Américains, je pense qu’ils faisaient semblant de ne pas entendre les aberrations et les atrocités, car ils se retrouvent dans le discours de Trump sur leurs problèmes. L’être humain à la capacité de retenir ce qu’il veut et Mme Harris a tellement été loin des priorités de la classe moyenne moins éduquée des États-Unis que ces derniers ont volontairement ignoré les insultes et mensonges. Ils ont choisi d’entendre ce qui représentait leur intérêt personnel.
Les campagnes sont avant tout des exercices de communication. Par celle-ci, on transmet des émotions et l’empathie est essentielle à ce que les gens écoutent. Depuis 2016, Donald Trump parle aux Américains exactement comme ils se parlent entre eux et fait des constats que les gens observent dans leur quotidien. Et hier, cela a fait de lui le 47e président des États-Unis d’Amérique.
Espérons que ça l’amènera aussi à avoir un mandat au service de la population et non pas à des extrémistes qui ne sont pas très loin.
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