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International

Des milliers de civils ukrainiens sont toujours détenus par la Russie

«On ne peut parvenir à une paix durable sans prendre en compte la dimension humaine.»

Des militaires ukrainiens réagissent après leur retour de captivité lors d'un échange de prisonniers de guerre entre la Russie et l'Ukraine, en Ukraine, le 19 mars 2025.
Des militaires ukrainiens réagissent après leur retour de captivité lors d'un échange de prisonniers de guerre entre la Russie et l'Ukraine, en Ukraine, le 19 mars 2025.
Dasha Litvinova / Associated Press
Hanna Arhirova / La Presse canadienne

Il y a près de deux ans, lorsqu'elle a entendu sa porte d'entrée s'ouvrir, la mère de Kostiantyn Zinovkin a cru que son fils était rentré chez lui parce qu'il avait oublié quelque chose. Au lieu de cela, des hommes cagoulés ont fait irruption dans l'appartement de Melitopol, une ville du sud de l'Ukraine occupée par les forces russes.

Ils ont déclaré que M. Zinovkin était détenu pour une infraction mineure et qu'il serait bientôt libéré. Ils ont utilisé sa clé pour entrer, a indiqué sa femme, Liusiena, et ont fouillé l'appartement si minutieusement qu'ils l'ont réduit en miettes.

Mais M. Zinovkin n'a pas été libéré. Quelques semaines après son arrestation en mai 2023, les Russes ont dit à sa mère qu'il préparait un attentat terroriste. Il est actuellement jugé pour des accusations que sa famille qualifie d'absurdes.

 

M. Zinovkin fait partie des milliers de civils détenus en Russie. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky insiste sur le fait que leur libération, ainsi que celle des prisonniers de guerre, constituera une étape importante vers la fin de cette guerre qui dure depuis trois ans. Jusqu'à présent, ce sujet n'a pas figuré en bonne place à l'ordre du jour des négociations entre les États-Unis, Moscou et Kyiv.

«Alors que les responsables politiques discutent de ressources naturelles, d'éventuelles concessions territoriales, d'intérêts géopolitiques et même du costume de Zelensky dans le bureau Ovale, ils ne parlent pas des personnes», a expliqué Oleksandra Matviichuk, directrice du Centre pour les libertés civiles, lauréat du prix Nobel de la paix en 2022.

Des milliers de personnes détenues

En janvier, le centre et d'autres groupes de défense des droits ukrainiens et russes ont lancé «Le peuple d'abord», une campagne qui affirme que tout accord de paix doit donner la priorité à la libération de toutes les personnes qu'ils considèrent comme captives, y compris les Russes emprisonnés pour avoir protesté contre la guerre, ainsi que les enfants ukrainiens illégalement expulsés.

«On ne peut parvenir à une paix durable sans prendre en compte la dimension humaine», a indiqué Mme Matviichuk à l'Associated Press.

On ignore combien de civils ukrainiens sont détenus, tant dans les régions occupées qu'en Russie. Le médiateur ukrainien pour les droits de l'homme, Dmytro Lubinets, en estimait le nombre à plus de 20 000 en 2023.

Mme Matviichuk affirme que son groupe a reçu plus de 4000 demandes d'aide aux détenus civils. Elle souligne que détenir des non-combattants en temps de guerre est contraire au droit international.

Oleg Orlov, cofondateur de l'organisation russe de défense des droits de la personne Memorial, affirme que les défenseurs savent qu'au moins 1672 civils ukrainiens sont détenus par Moscou.

«Il y en a un nombre encore plus important dont nous ignorons l'existence», a ajouté M. Orlov, dont l'organisation a remporté le prix Nobel aux côtés de Mme Matviichuk et est impliquée dans People First.

Dasha Litvinova / Associated Press
Hanna Arhirova / La Presse canadienne