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Le président Donald Trump fait le pari qu'un Iran aux abois est si vulnérable après 18 mois tumultueux au Moyen-Orient qu'il pourrait enfin être prêt à abandonner son programme nucléaire.
La nouvelle dynamique visant à résoudre l'un des dossiers de politique étrangère les plus délicats auxquels sont confrontés la Maison-Blanche et le Moyen-Orient débutera véritablement samedi, lors de la rencontre à Oman entre l'envoyé de M. Trump pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, et le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi.
Le président Trump affirme privilégier une solution diplomatique, tout en avertissant que l'Iran sera confronté à un «grand danger» si les négociations échouent. Mais les avancées nucléaires de l'Iran depuis l'abandon par M. Trump d'un accord de l'ère Obama lors de son premier mandat rendent difficile la recherche d'un accord. Les experts préviennent que les perspectives d'une intervention militaire américaine contre les installations nucléaires iraniennes semblent plus élevées qu'elles ne l'ont été depuis des années.
«Son objectif ultime est de garantir que l'Iran ne puisse jamais se doter de l'arme nucléaire», a affirmé vendredi à la presse Karoline Leavitt, attachée de presse de la Maison-Blanche.
«Mais il a clairement fait savoir aux Iraniens – et son équipe de sécurité nationale le fera aussi – que toutes les options sont sur la table et que l'Iran a un choix à faire. Vous pouvez accepter la demande du président Trump, ou vous devrez payer le prix fort», a-t-elle ajouté.
Les capacités militaires des forces soutenues par l'Iran du Hamas, à Gaza, et du Hezbollah, au Liban, ont été considérablement affaiblies par l'armée israélienne. Parallèlement, des frappes aériennes américaines visant les combattants houthites, soutenus par l'Iran, au Yémen ont touché des raffineries de pétrole, des aéroports et des sites de missiles.
Israël a également mené des frappes contre l'Iran en octobre, endommageant des installations liées aux programmes nucléaire et balistique de Téhéran. En décembre, le proche allié de l'Iran Bachar el-Assad, a été renversé du pouvoir en Syrie.
Les dirigeants de la République islamique subissent également des pressions intérieures, alors que des années de sanctions internationales ont étouffé l'économie. Le département du Trésor américain a annoncé en début de semaine une nouvelle série de sanctions visant cinq entités et un individu qui, selon des responsables américains, jouent un rôle clé dans le programme nucléaire iranien.
Il reste à voir si les États-Unis parviendront à convaincre l'Iran avec une carotte suffisamment puissante pour qu'il fasse des concessions afin de satisfaire aux exigences du président Trump, qui souhaite que tout accord potentiel aille plus loin que l'accord conclu sous l'administration du président démocrate Barack Obama.
En vertu de l'accord nucléaire de 2015 avec la communauté internationale, l'Iran ne pouvait conserver qu'un petit stock d'uranium enrichi à 3,67 %. Aujourd'hui, il en détient suffisamment pour fabriquer plusieurs armes nucléaires s'il le souhaite et possède des matières enrichies jusqu'à 60%, se rapprochant de plus en plus d'un niveau de qualité militaire.
Le conseiller à la sécurité nationale, Mike Waltz, a affirmé que M. Trump souhaitait le «démantèlement complet» du programme nucléaire iranien, ajoutant qu'il est question «de l'enrichissement, de l'armement et du programme de missiles stratégiques.»
Mais le président a laissé une plus grande marge de manœuvre aux négociations: «La seule chose qu'ils ne peuvent pas avoir, c'est l'arme nucléaire», a déclaré M. Trump aux journalistes lors de sa rencontre avec ses secrétaires de cabinet mercredi.
M. Witkoff a également indiqué que l'administration pourrait être ouverte à un accord qui ne serait pas un désarmement nucléaire complet.
«Notre ligne rouge sera qu'il ne peut y avoir d'armement de [leur] capacité nucléaire», a indiqué M. Witkoff dans une entrevue publiée vendredi au Wall Street Journal.
Entre-temps, M. Nétanyahou, qui a rencontré M. Trump lundi, a déclaré qu'il accueillerait favorablement un accord diplomatique sur le modèle de l'accord conclu entre la Libye et la communauté internationale en 2003. Le dirigeant israélien est connu pour ses positions bellicistes à l'égard de l'Iran et a par le passé exhorté Washington à engager une action militaire contre le pays.
L'accord libyen a vu l'ancien dirigeant Mouammar Kadhafi abandonner l'intégralité de son programme nucléaire clandestin. L'Iran a insisté sur la poursuite de son programme, reconnu par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).
Mais M. Trump n'adhère manifestement pas à la volonté de M. Netanyahou de privilégier le modèle libyen, selon Trita Parsi, vice-présidente exécutive du Quincy Institute for Responsible Statecraft, un autre groupe de réflexion basé à Washington.
«Si l'accord est restreint, s'il est axé sur le programme nucléaire, si l'objectif des États-Unis est d'empêcher l'acquisition de l'arme nucléaire, alors il y a des chances de succès, a déclaré Mme Parsi. Et c'est dans ces conditions que je soupçonne que les négociations, peut-être assez rapidement, prendront de l'ampleur.»