«C’est une mauvaise nouvelle en pleine saison de recrutement pour la saison estivale», a prévenu Dominique Tremblay, directrice des affaires publiques et gouvernementales de l’Association Restauration Québec (ARQ), en entrevue avec Noovo Info.
«Les restaurateurs ont besoin d’avoir accès à cette main-d’œuvre parce qu’ils n’arrivent pas à trouver toute la main-d’œuvre ici au Québec.»
«On a peur que ça nuise aux heures d’ouverture de certains établissements, qui avaient déjà été beaucoup réduites depuis la pandémie, parce que beaucoup de travailleurs ont quitté l’industrie pour se réorienter dans une période de réflexion», note Mme Tremblay.
«Les restaurateurs n’ont pas eu le choix de réduire les heures d’ouverture, ce qui veut aussi souvent dire une diminution du revenu.»
Les travailleurs étrangers sont très importants pour le secteur agricole québécois. Denis Roy, directeur des finances et de la main-d’œuvre agricole de l’Union des producteurs agricoles (UPA), se dit inquiet de la décision fédérale.
«C’est quand même 22 000 travailleurs étrangers temporaires chaque année qui viennent sur les fermes du Québec, calcule M. Roy. On considère que c’est vraiment avantageux à la fois pour les employeurs des secteurs agricoles québécois et canadien, et pour les travailleurs tout comme leurs familles à l’étranger.»
Mais pour le Syndicat des Métallos, il s’agit d’une bonne chose de réduire le nombre de travailleurs étrangers temporaires, «particulièrement dans le secteur de l’hôtellerie», où l'on retrouve un «50% à 60% de la main-d’œuvre qui est étrangère et qui, parfois, ne parle pas français».
«On dit qu’on devrait réduire les seuils dans les milieux de travail, estime Nicolas Lapierre, directeur adjoint québécois du Syndicat des Métallos. Ça nous permettrait de mieux les accompagner.»
Le syndicat réclame même de mettre fin au traitement simplifié qui figure dans le programme d’embauche des travailleurs étrangers temporaires. De 2021 à 2023, le nombre d’employés de ce type qui ont été embauchés dans ce processus est passé de 36 à 63%, en excluant le secteur agricole.
«Quand le ministre nous parle de réduire de 30 % à 20 %, c’est une mesure très peu applicable parce que, comme la majorité des employeurs passe par le traitement simplifié, ils peuvent avoir 40, 50, 60% de travailleurs étrangers temporaires à l’intérieur des entreprises», compte M. Lapierre.
«C’est une voie rapide, plus facile, déplore-t-il. Dans nos unités syndicales, nos travailleurs sont disponibles à l’année. On a des problèmes de main-d’œuvre permanente et on se sert de travailleurs temporaires qui viennent deux, trois ans… Ils seraient bien mieux de venir enrichir nos communautés.»
Faut-il donc davantage miser sur l’immigration permanente plutôt que temporaire? Pour la première fois, en 2023, il y a eu plus de travailleurs temporaires étrangers dans d’autres secteurs que celui de l’agriculture.
Voyez le reportage de Juliette Poireau dans la vidéo.