Depuis le 26 septembre dernier, la limite d'embauche du nombre de travailleurs étrangers temporaires est fixée à 10 % pour les postes à bas salaire de certains secteurs d'emploi - dont l'agro-industrie - et la durée maximale d'emploi des postes à bas salaire a été réduite de deux ans à un an.
Depuis cette date, le gouvernement fédéral ne traite plus les études d'impact sur le marché du travail (EIMT) pour des postes à bas salaires dans des zones métropolitaines de recensement où le taux de chômage est de 6 % ou plus. Le EIMT est un document qu'un employeur canadien peut devoir obtenir avant d'embaucher un travailleur étranger. Une EIMT favorable indique qu'il faut embaucher un travailleur étranger pour faire le travail.
Avec ces mesures, le gouvernement du Canada voulait s'assurer que les Canadiens et les résidents permanents soient considérés en premier lors d'embauches.
Si ce processus se veut louable, il complique les choses dans le monde agricole.
«On garde notre pourcentage de travailleurs étrangers pour les fermes, on a une exemption, cependant c’est toute la filière agro-industrielle qui nous inquiète alors que les abattoirs et les usines de transformation seront impactés», explique Claude Erb, producteur maraîcher représentant des fermes de proximité en Estrie.
Michel Brien, président de l’UPA Estrie, confirme qu’il y a de l’inquiétude à l’heure actuelle dans le secteur de la transformation agroalimentaire au Québec.
«S’il manque de main-d’œuvre dans un abattoir de poulet à Saint-Alphonse-de-Granby, où une journée semaine on abat les petits lots, les producteurs qui ont des petits lots de volailles n’auront peut-être plus de place pour abattre leurs poulets», explique M. Brien.
Même son de cloche sur la ferme Saint-Élie en Estrie.
«On a déjà coupé au niveau des jeunes cueilleurs, parce qu’on a réduit l’âge, on s’est adapté [depuis le 1er juin 2023, l'âge minimum pour avoir un emploi au Québec est de 14 ans], mais si on enlève aussi la majorité des adultes sur les fermes, on va gérer ça comment?», questionne Andrée-Anne Fisette, propriétaire de la ferme Saint-Élie.
Selon Statistique Canada, le Québec comptait 116 000 immigrants temporaires en janvier dernier.
Les détails dans le reportage de Marc-Antoine Mailloux.