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Santé

Stratégie nationale de prévention: les coopératives de santé font valoir leurs atouts

Il existe une quarantaine de coopératives de santé au Québec dans lesquelles travaillent environ 325 médecins et infirmières.

Des outils médicaux sont photographiés dans une salle d'examen d'une clinique médicale à Calgary, le vendredi 14 juillet 2023. LA PRESSE CANADIENNE/Jeff McIntosh
Des outils médicaux sont photographiés dans une salle d'examen d'une clinique médicale à Calgary, le vendredi 14 juillet 2023. LA PRESSE CANADIENNE/Jeff McIntosh
/ La Presse canadienne

Plutôt méconnues du grand public, les coopératives de santé jouent un rôle important dans la prestation de soins, particulièrement dans les déserts sanitaires. La Fédération québécoise des coopératives de santé (FQCS) souhaite que le gouvernement valorise mieux son modèle dans l'écosystème des services de soins de proximité au Québec.

Il existe une quarantaine de coopératives de santé au Québec dans lesquelles travaillent environ 325 médecins et infirmières qui dispensent des soins de santé à près de 300 000 patients. Ces établissements ressemblent à des cliniques à but non lucratif, à la différence que la gestion administrative ne se fait pas par des professionnels de la santé, mais plutôt par des citoyens membres de la FQCS. 

«La coopérative de santé va gérer tout l'aspect administratif pour que les professionnels de la santé puissent simplement faire ce qu'ils font de mieux, c'est-à-dire pratiquer», résume en entrevue François Allaire, directeur de la FQCS. 

 

Il donne l'exemple d'une nouvelle coopérative de santé qui a été mise sur pied l'automne dernier dans la municipalité de Sainte-Croix, dans Chaudière-Appalaches. «Les médecins étaient comme un peu essoufflés d'assurer la gestion administrative [...] et donc ils s'en allaient quitter. Ils ont eu l'idée avec les élus de mettre en place une coopérative de santé», décrit M. Allaire. Il indique que la médecin qui s'occupait davantage du volet administratif lui a dit que ce modèle lui a permis de libérer près de 700 plages de rendez-vous par année. 

Les coopératives de santé rejoignent une clientèle vulnérable qui est parfois délaissée par le réseau de la santé, affirme M. Allaire. Elles assurent une meilleure répartition des ressources en santé puisqu'elles sont surtout implantées dans des milieux ruraux ou périurbains où il y a des lacunes dans l'offre de services. 

La FQCS a déposé un mémoire dans le cadre des consultations sur la Stratégie nationale de prévention en santé. En priorité, elle demande au gouvernement de reconnaître son modèle comme pertinent pour que les Québécois aient accès à des services préventifs et curatifs en santé dans les lieux où l’État est absent.

Soins à domicile 

M. Allaire fait valoir que les coopératives de santé sont capables de jouer un rôle en matière de prévention. Les membres d'une coopérative peuvent décider d'organiser diverses activités de prévention au sein de la communauté, par exemple des conférences sur l'alimentation ou des ateliers sur l'arrêt du tabagisme. «C'est eux (les membres citoyens) qui déterminent les besoins en prévention, chose qui n'existe pas ailleurs, dans une clinique traditionnelle gérée par des médecins. Je ne leur jette pas de roche, au contraire, ce n'est pas leur mandat de faire ça. Tandis que le mandat d'une coopérative de santé, c'est aussi agir en amont avant que les gens se retrouvent justement à voir un médecin ou à aller à l'urgence», explique le directeur. 

Les soins à domicile sont un autre pan essentiel à la prévention en santé. La FQCS souhaite que le ministère de la Santé collabore avec elle pour améliorer cette offre de services. «Nous, on considère qu'il y a vraiment une grosse économie à accompagner les gens à leur domicile, puis à leur offrir des services de base. Ça peut être des prescriptions plus générales, la prise de pression, des injections de vaccin, etc.», mentionne M. Allaire.  

La FQCS a déjà des infirmières au sein de son réseau qui offrent ce genre de services à domicile, mais elle aimerait étendre la couverture. M. Allaire fait savoir que des municipalités sont intéressées à investir dans un tel projet.

La Fédération demande aussi au ministère de la Santé d'affecter dans ses établissements plus de ressources médicales, surtout des infirmières. M. Allaire suggère entre autres qu'on lui envoie des IPS (infirmières praticiennes spécialisées) au lieu de construire de nouvelles cliniques IPS.

Le gouvernement du Québec prévoit d'ouvrir 23 cliniques publiques d’IPS d’ici 2028. La moitié d'entre elles ont déjà ouvert leurs portes. 

«Nous, on dit au ministère: vous n'avez peut-être pas besoin de développer un lieu physique avec tout le loyer et tout l'équipement, vous avez simplement qu'à prendre une infirmière praticienne, là où les besoins sont les plus prépondérants, puis la mettre dans la coop de santé qui a déjà toutes les infrastructures pour l'accueillir», explique M. Allaire. 

Plus largement, il rêve d'un partenariat entre le gouvernement et les municipalités pour le fonctionnement des coopératives de santé. «Ce serait l'idéal. On tente de travailler dans ce sens-là», conclut-il. 

/ La Presse canadienne