Début du contenu principal.
La fameuse soirée devait avoir lieu le 6 mai 2023. Clientèle jet-set, voitures de luxe, bouteilles de champagne à volonté, employés triés sur le volet, etc. L’organisateur promettait que l’évènement «Paradise Black» serait digne des orgies de l’influenceur américain Dan Bilzerian. L’organisateur, c’est un homme qui se présentait sous le nom d’Andy Dacosta.
Andy Dacosta était en fait Idrissa Dacosta, surtout connu sous le nom de Formose Sy Dacosta, un prétendu joueur de soccer professionnel dont les frasques ont été révélées par Noovo Info dans un reportage exclusif la semaine dernière.
En se faisant passer pour un joueur de soccer de calibre international, l’homme français a réussi à berner un entraîneur de la région de Québec et à flouer un gestionnaire immobilier pour plus de 14 000$.
Il a été arrêté le 11 mai et a été accusé de vol de véhicule, de fraude à l’identité et d’entrave aux policiers. Quatre autres chefs d’accusation pour fraude, contrefaçon et vol de véhicule se sont ajoutés jeudi, en lien avec ces gestes. Mais entretemps, M. Dacosta aurait usé d’un autre stratagème.
Noovo Info a appris qu’en avril, M. Dacosta a écumé les bars de Québec à la recherche de serveuses pour une fête qu’il présentait comme un évènement exclusif, jamais vu dans la Capitale-Nationale. Les billets seraient vendus au coût de 500$ aux hommes, et 20$ aux femmes. Des photographes, des influenceurs, des DJ de renom se rassembleraient dans une résidence de luxe pour la soirée.
«Andy» a notamment abordé Érika Vincent, barmaid au District, une boîte de nuit de la rue Saint-Joseph. «On est une agence événementielle, en fait, on fait des événements privés dans des grosses villas», envoie-t-il sur Instagram par message vocal. «Et c’est vraiment sur invitation seulement. C’est très privé. On a des banquiers, on a des artistes, on a des gens qui sont dans l’immobilier.»
M. Dacosta lui mentionne qu’il l’a remarquée à son travail. «Écoute, je t’ai déjà vue travailler, mon photographe te connaît, je t’ai regardée un peu travailler, ça m’a plu», lui dit-il.
Mégane Lemieux, serveuse au Dagobert sur Grande-Allée, s’est fait aborder en personne. «Je sortais de la job», raconte-t-elle. «Un homme baisse sa fenêtre dans sa voiture. Il dit qu’il s’appelle Andy et me parle de l’évènement.» D’autres personnes se font ainsi recruter par M. Dacosta. Un barbier de Québec affirme également s’être fait demander d’agir à titre de directeur artistique.
Érika et Mégane ont contacté Noovo Info après la diffusion de notre premier reportage sur Idrissa Dacosta. Au fil des discussions et de rencontres avec lui, elles commencent à réaliser que quelque chose ne tourne pas rond. «On devait toujours parler de l’évènement, mais on finissait toujours par chiller à son condo ou finir à traîner dans les bars, où il regardait les filles», raconte Mégane. Comme les choses n’avancent pas, elle décide de faire ses vérifications. La soi-disant compagnie événementielle de M. Dacosta, One Life, ne figure pas au Registre des entreprises du Québec. Et aucune demande de permis d’alcool n’a été déposée à la Régie des alcools, des courses et des jeux (RACJ) au nom d’Idrissa, de Formose ou d’Andy Dacosta. Noovo Info a d’ailleurs corroboré ces vérifications.
Pour Érika, c’est une rencontre avec le soi-disant homme d’affaires qui lui fait flairer le pot-aux-roses. «Je suis allée avec mon fiancé, qui a beaucoup d’expérience dans l’événementiel. Et pendant la rencontre, encore une fois, Andy n’avait pas beaucoup de réponses», explique-t-elle. «En sortant de la rencontre, j’ai demandé à mon fiancé ce qu’il pensait de lui. Il m’a dit, “Fraudeur, fraudeur, fraudeur! Je t’appuie dans tous tes projets, mais là, fais vraiment attention à ce gars-là.”»
M. Dacosta n’a d’ailleurs pas apprécié la présence du fiancé d’Érika. Il le lui fait savoir par message vocal et lui mentionne qu’elle est virée de l’évènement.
Au cours des quelques semaines d’organisation du présumé party, les filles recrutées par M. Dacosta doivent attirer des clients sur Instagram. «On servait d’appât, carrément», affirme Érika. «On devait faire des stories, et comme on est connues dans le nightlife à Québec, les gens nous font confiance.» Selon les deux barmaids, des gens ont acheté des billets à 500$ à M. Dacosta en prévente. Celui-ci a d’ailleurs envoyé une vidéo à Érika dans laquelle il exhibe une épaisse liasse de billets de 20$.
Le party n’a évidemment jamais eu lieu, et Idrissa Dacosta a depuis été arrêté par la police de Québec. D’autres enquêtes seraient en cours.
Voyez le reportage de Jean-Simon Bui et Mathieu Boivin dans la vidéo.