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Un Québec indépendant en 2024 obtiendrait 82,3 G$ en nouveaux revenus et dégagerait 12 G$ en économies additionnelles d’ici 2028, selon le PQ.
Un Québec indépendant en 2024 obtiendrait 82,3 milliards de dollars en nouveaux revenus et dégagerait 12 milliards de dollars en économies additionnelles d’ici 2028, selon le Parti québécois et son rapport Un Québec libre de ses choix: finances d’un Québec indépendant publié lundi.
Le chef Paul Saint-Pierre Plamondon et son parti indépendantiste croient que l’élimination d’un palier de gouvernement conférerait «plus d’agilité et des économies importantes» à moyen terme, et ce, dans un exercie pro forma, c'est-à-dire en suivant une méthodologie selon laquelle un Québec souverain ferait les mêmes choix que ceux du Québec en tant que province.
Avec les sommes économisées, le PQ estime qu’un Québec libéré du palier fédéral canadien gagnerait sur les plans de la qualité des services publics, de l’efficacité gouvernementale, sur des programmes destinés à des catégories de particuliers et sur son positionnement par rapport aux autres pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
Voyez le reportage de Simon Bourassa dans la vidéo liée à l'article.
Ceci dit, un Québec indépendant devrait assumer une dette brute de tout près de 400 milliards $, constate-on dans ce portrait fictif de finances publiques. Il faudrait assumer sa part de la dette fédérale pour 2022, estimée à plus de 185 milliards $. À cela s'ajoute la dette actuelle du Québec, estimée à 212,2 milliards $, pour un total de plus de 397 milliards $.
Cet exercice, qui a été effectué maintes fois par le PQ durant son histoire, vise essentiellement à tenter de démontrer la viabilité financière d'un État indépendant et à contrecarrer les arguments des adversaires voulant que le Québec soit bénéficiaire de la fédération.
Voici ce qu’il y a à retenir du budget de l’an 1 d’un Québec indépendant tel qu’imaginé par le PQ.
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Le PQ croit que de potentielles économies d’un Québec indépendant permettraient à ce pays fictif de réaliser de nouveaux investissements, par exemple en éducation et pensions de vieillesse.
En plus des 10,9 milliards de dollars gagnés «en gains d’efficacité et en fin des chevauchements et dédoublements administratifs», une nation québécoise indépendante économiserait également 2,13 milliards de dollars supplémentaires en n’étant plus attaché à Santé Canada, aux programmes fédéraux d’immigration et à Patrimoine Canada, entre autres.
Sur cinq ans, un PQ au pouvoir en profiterait pour allouer, notamment, une somme de 2,5 milliards de dollars en éducation, et pour bonifier de 800 $ les pensions de vieillesse (8,1 G$ sur cinq ans).
«Un Québec indépendant pourrait offrir à sa population la même qualité de service public que ceux présentement offerts par les deux ordres de gouvernement», assure le PQ dans son rapport, publié avec l’aide de six experts.
«PSPP» et le PQ attribuent cette éventualité à l’élimination des coûts de chevauchement.
Source: Un Québec libre de ses choix: finances d’un Québec indépendant
Les dépenses «inefficaces» seraient redirigées «forcément différemment» que ce que le fédéral choisit, a déclaré Paul Saint-Pierre Plamondon en conférence de presse, lundi.
Au lieu de «poursuivre des missions frivoles», le Québec indépendant «choisirait des missions fondamentales de l'État, donner des services à la population».
Experts économistes ayant participé au rapport des finances d’un Québec indépendant du PQ
Vincent Geloso, professeur adjoint d’Économie à l’Université George Mason
Marc-Antoine Laflamme, doctorant et chargé de cours à l’Université de Montréal
Nicolas Marceau, ministre des Finances et de l’Économie de 2012 à 2014
Antoine Noël, professeur adjoint au Département d’économie de l’Université Laval
Jean-François Rouillard, professeur agrégé au département d’économie de l’Université de Sherbrooke
Bernard Sinclair-Desgagné, professeur titulaire de la Chaire en économie de l’environnement et gouvernance mondiale au HEC Montréal de 2004 à 2019
Le PQ calcule que le solde budgétaire du Québec en tant que pays équivaudrait à un déficit cumulé de 55,9 milliards de dollars en 2028, contre 67,9 milliards de dollars selon des projections en tant que province à l’intérieur du Canada, d’où les 12 milliards de dollars d’économies supplémentaires envisagées par le parti en cas d’indépendance.
Le PQ avance que, «dès sa première année comme pays indépendant, le Québec aurait occupé la deuxième place pour ce qui est de son solde budgétaire, en pourcentage de son PIB».
À partir du bilan des comptes publics de 2022, un Québec indépendant ferait même mieux que la moyenne des pays de l’OCDE en termes de dette brute des administrations publiques, selon le PQ (environ 70% du PIB contre 120%).
Le PQ promet de mettre à jour son exercice de finances publiques d’un Québec indépendant ultérieurement, «de manière à suivre l’évolution de ces projections financières, notamment quant à l’impact de l’endettement du fédéral sur le Québec», dit Paul Saint-Pierre Plamondon.
Le document de 84 pages était attendu depuis le printemps et sa publication avait été reportée par le PQ après l'élection complémentaire dans Jean-Talon.
Est-ce un exercice futile dans un contexte où les citoyens sont préoccupés actuellement par leur pouvoir d'achat et la détérioration des services publics? C'est ce qu'ont demandé des journalistes à Paul Saint-Pierre Plamondon lors de la présentation de son étude.
«Non», a répondu le chef péquiste, en assurant que c'est le contraire. «Ça craque de partout» dans les services publics actuellement, et c'est parce que le Québec est privé de revenus qui vont à Ottawa pour ses «dépenses hypertrophiées», pas moins de 82,3 milliards de dollars de revenus qu'un Québec indépendant rapatrierait, a-t-il justifié.
Les problèmes du Québec sont, selon «PSPP», en lien avec «l'asphyxie» causée par «l'obésité gourmande du fédéral».
Chez Québec solidaire (QS), on a salué le PQ pour la publication d’un outil pédagogique à jour» qui permet de démontrer qu’un «Québec indépendant est viable économiquement.»
«C’est une évidence que le Québec a tout à gagner à devenir indépendant, non seulement d’un point de vue économique, mais aussi d’un point de vue environnemental et social», a expliqué le responsable de QS en matière d’Indépendance, Sol Zanetti.
Sans surprise, du côté du Parti libéral du Québec (PLQ), on déplore que le rapport du PQ soit construit sur «une série d'hypothèses» selon lesquelles on «présuppose que le Québec hériterait d’une part exagérément réduite de la dette canadienne, obtiendrait les meilleurs taux sur les marchés mondiaux et parviendrait à conclure des ententes de libre-échange avantageuses».
«Le PQ tourne les coins ronds», a déclaré Marc Tanguay, chef par intérim du PLQ, dans une longue diatribe publiée sur X. «Il sous-estime les coûts et surestime les revenus.»
𝗥𝗲́𝗮𝗰𝘁𝗶𝗼𝗻 𝗮𝘂 𝗯𝘂𝗱𝗴𝗲𝘁 𝗱𝗲 𝗹’𝗮𝗻 𝘂𝗻 𝗱𝘂 𝗣𝗮𝗿𝘁𝗶 𝗤𝘂𝗲́𝗯𝗲́𝗰𝗼𝗶𝘀
— Marc Tanguay (@marc_tanguay) October 23, 2023
L’exercice proposé par le PQ est construit sur une série d’hypothèses qui se caractérisent par un optimisme débordant : le budget de l’an un présuppose que le Québec hériterait d’une part… pic.twitter.com/nWfAib3KQz
Avec de l'information de Patrice Bergeron, La Presse canadienne.