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C’est un samedi matin nuageux à Saint-Denis-sur-le-Richelieu, en Montérégie. Nouvelle Alliance, une organisation souverainiste qui se dit «identitaire», organise un événement pour honorer les patriotes. L’événement débute avec un «salut au drapeau», telle une prière entonnée en coeur par la cinquantaine de participants.
S’ensuit une multitude de discours en honneur aux Patriotes et en hommage à un Québec aux racines catholiques. Nouvelle Alliance se décrit comme un mouvement souverainiste qui mène un «séparatisme de combat».
«On revendique fièrement, sans complexe, l’héritage catholique de la société québécoise», explique François Gervais, président du groupe. «On s’entend sur la défense de la nation. La défense de l’identité, de ce qui nous lit. Du socle commun.»
Nouvelle Alliance fait de plus en plus parler de lui: pour ses prises de position, mais aussi les symboles qu’il met de l’avant. Ces derniers mois, Nouvelle Alliance multiplie les coups d’éclat: graffiti souverainiste, opération collage pour franciser des panneaux «STOP» ou manifestation contre une certaine «subversion migratoire».
«Nous voulons renouer avec le militantisme indépendantiste d’autrefois», lance François Gervais. «Je dis ça avec une connotation positive: on n'avait pas peur de se salir les mains pour défendre la cause de l’indépendance du Québec.»
Quant au sujet de l’immigration, il affirme «que c’est violent pour les Québécois de venir à Montréal et de ne plus se sentir chez-eux».
Sur ses réseaux sociaux, Nouvelle Alliance honore un passé lointain, partageant la photo d’enfants qui lisent les fables de Félix Leclerc, en 1950, ou une autre mettant en vedette Paul Sauvé, premier ministre de l'Union nationale, face à des soldats du 22e régiment.
Sur le web, des groupes qui se présentent comme antifascistes les ont pris pour cible. Ils accusent Nouvelle Alliance d’être un «groupuscule d’extrême droite portant un nationalisme ethnique blanc axé sur un repli identitaire et un rejet raciste de l’immigration».
Et certains universitaires qui les surveillent depuis un moment sont plutôt d’accord.
«Les marches aux flambeaux, ce sont des marches aux flambeaux. C’est une référence dans l’imaginaire occidental aux marches fascistes!», lance Francis Dupuis-Déri, professeur et chercheur en sciences politiques à l’Université du Québec à Montréal (UQAM). «Si on va sur le fil de discussion de leurs médias sociaux, on voit des sympathisants avec des symboles royalistes français, donc ultra-catholique et d’extrême-droite, des partis d’extrême-droite comme le Rassemblement national et même des groupes plus radicaux.»
Nouvelle Alliance alimente un «confusionnisme» pour confondre le public sur son visage réel, dénonce David Morin, cotitulaire de la Chaire UNESCO en prévention de la radicalisation et de l’extrémisme violents et professeur à l’Université de Sherbrooke. «C’est un mouvement de la droite radicale», tranche-t-il. «Le plus important c’est de souligner qu’ils ont un double discours et derrière un langage confusionniste se cache un discours beaucoup plus ethno-national.»
À Nouvelle Alliance, on ne partage évidemment pas cet avis. «C’est du salissage!» lance Jean-Philippe Desjardins Warren, membre fondateur de Nouvelle Alliance.
«Nos adversaires se demandent si on est des fascistes et cherchent du sens là-dedans, mais on cherche seulement à se réapproprier de la symbolique, c’est tout», dit pour sa part Émile Coderre, membre de Nouvelle Alliance.
Nouvelle Alliance dit compter une soixantaine de membres, en plus de dizaines d’autres sympathisants qui gravitent autour du noyau central. Le groupe a trois antennes: une à Montréal, une autre à Québec, et enfin une autre à Sherbrooke.
La Sûreté du Québec (SQ) observait de près le rassemblement, mais refuse de dire si Nouvelle Alliance fait l’objet d’une surveillance particulière.