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Selon le chef bloquiste, Mark Carney ne démontre toujours pas qu'il possède de «belles qualités».
Le chef bloquiste Yves-François Blanchet ferme «vraisemblablement» la porte à l'idée de diriger le Parti québécois (PQ), sans l'écarter catégoriquement.
À sa participation à l’émission Les Débatteurs sur les ondes de Noovo lundi soir, une panéliste lui a demandé s’il dirait oui ou non à la direction du PQ. Il ne s'est pas contenté de dire simplement non ou oui.
«Plus vraisemblablement non que oui», a-t-il répondu à Antonine Yaccarini, elle-même une ancienne des officines du PQ.
Il a ajouté que son travail consiste à collaborer avec le chef péquiste actuel, Paul St-Pierre Plamondon, pour réaliser la souveraineté. Il a laissé entendre qu'il ne réfléchit pas à la possibilité d'accéder éventuellement à la tête du parti considéré comme frère du Bloc.
«Je ne vis pas au quotidien dans cette perspective-là, ça ne fait pas du tout partie de ma grille d’analyse», a-t-il ajouté.
Le chef bloquiste a confié qu’il aurait aimé rencontrer… Pierre Elliott Trudeau, l’ancien premier ministre, père de Justin, perçu comme un grand défenseur du fédéralisme et pourfendeur des indépendantistes québécois.
On a en effet demandé à M. Blanchet quel premier ministre il aurait aimé rencontrer, entre William Lyon Mackenzie King, Brian Mulroney et Pierre Trudeau.
«Ça reste important, malgré de profonds désaccords, malgré l’évolution idéologique de cet homme-là, il (Pierre Trudeau) a marqué une époque Canada-Québec que j’ai quand même connue», a dit M. Blanchet pour justifier son choix.
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On lui a aussi demandé quelle question il aimerait lui poser, il a répondu «plusieurs», sans préciser lesquelles.
Un autre panéliste, l’ex-député conservateur Alain Rayes, a demandé au chef bloquiste de trouver au moins une seule qualité pour chacune de ses adversaires.
Il a répondu que Marc Carney était d’«apparence calme», que M. Poilievre était un «orateur exceptionnel», et, enfin, que le chef néo-démocrate Jagmeet Singh faisait preuve d’un «engagement social crédible».
En matinée, M. Blanchet a critiqué durement les propos du chef libéral Mark Carney à l'émission «Tout le monde en parle» dimanche soir.
Selon lui, M. Carney ne démontre toujours pas qu'il possède de «belles qualités», qu'il maîtrise bien le français et qu'il connaît la culture québécoise.
M. Carney avait alors déclaré que faire campagne, c'est «serrer des mains, regarder des vaches», vraisemblablement une référence aux visites que font les chefs à des agriculteurs sur leurs fermes.
«On a un chef qui ne veut pas faire campagne et qui réduit le fait de faire campagne, c'est-à-dire vous parler (aux journalistes), ou rencontrer des citoyens ou les entreprises ou les producteurs agricoles, à la caricature de regarder des vaches: c'est symptomatique d'un mépris», a condamné M. Blanchet en conférence de presse, lundi matin, devant le palais de justice de Québec.
M. Blanchet déplore une «extraordinaire complaisance» à l'égard de M. Carney concernant sa maîtrise du français.
Son français plus approximatif «devient un prétexte à dire n'importe quoi sans avoir dit n'importe quoi», s'est offusqué le chef du Bloc, en n'ayant aucune indulgence même si son adversaire reconnaît pourtant avoir gaffé parfois.
«Si quelqu'un admet faire des gaffes par manque d'expérience alors qu'il est en campagne électorale, imaginez comme premier ministre», a poursuivi le leader bloquiste, en demandant aux Québécois de ne pas lui «mettre la bride sur le cou» - c'est-à-dire de donner suffisamment de sièges au Bloc pour qu'il détienne la balance du pouvoir dans un parlement où le gouvernement libéral serait minoritaire.
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«Il prétend être un gestionnaire de crise. J'attends la liste des crises qu'il a gérées avec succès. Il est un grand négociateur. J'attends les négociations qu'il a gérées avec succès, sinon mettre de l'argent dans les paradis fiscaux.»
M. Carney «peut avoir de belles qualités», mais pour l'instant, «ne les démontre pas», et il ne faut donc pas lui donner un mandat majoritaire, a tranché M. Blanchet.
Il n'est pas plus impressionné par la connaissance que démontre M. Carney de la culture populaire du Québec, même s'il a répondu à des questions à «Tout le monde en parle».
«En très peu de temps, je peux apprendre les mots Wayne Gretzky, Margaret Atwood (des représentants de la culture canadienne-anglaise), et je ne sais quoi là, ça ne veut rien dire», a riposté M. Blanchet.
«Tu prends quelqu'un pendant trois jours de congé, arrêter de faire campagne et lui apprendre 12 mots en français. Je pense que ça ne prouve absolument rien.»
En soirée, M. Blanchet a pris part à une séance de questions et réponses organisée par la Chambre de commerce Vallée-du-Richelieu, dans sa circonscription de Beloeil-Chambly.
À l'origine, ce devait être un débat avec les autres candidats locaux, mais certains se sont désistés et le débat a été annulé et remplacé par cette formule, qui a attiré à peine quelques personnes dans la salle.
Il s'est notamment fait demander ce que son parti pouvait faire pour aider les entreprises canadiennes dans la transition énergétique.
«Je propose des affaires, mais ma capacité de le faire dépend des autres», a admis le chef du Bloc.
Dans ses engagements du jour, le chef bloquiste a proposé le recours à la disposition de dérogation par le fédéral, tout en condamnant l'usage de cette clause.
Le Bloc a recyclé le contenu d'un de ses projets de loi déposé aux Communes en 2024 pour faire une proposition en matière de justice lundi.
Il suggère de faire usage de la disposition de dérogation en vue d'empêcher l'abandon de procès en vertu de l'arrêt Jordan pour des crimes graves, tout en souhaitant ne pas avoir à en arriver là.
En effet, Yves-François Blanchet a rappelé que la disposition de dérogation avait été conçue pour les provinces à l'origine, et non pour le fédéral. Il a tout de même condamné la proposition de son adversaire conservateur Pierre Poilievre de recourir à la clause dérogatoire pour imposer des peines plus lourdes.
L'arrêt Jordan, rendu en 2016 par la Cour suprême du Canada, établit un plafond maximal de délai judiciaire de 18 mois en cour provinciale et de 30 mois pour les tribunaux supérieurs. Depuis, des accusés ont vu les procédures qui pesaient contre eux tomber.
En mai 2024, le Bloc avait proposé un projet de loi qui modifierait le Code criminel, afin que l'arrêt Jordan ne puisse être invoqué dans les cas de crimes graves.
M. Blanchet a rappelé que, si le fédéral nommait davantage de juges, il y aurait moins de retard dans le traitement des causes et donc moins d'arrêts des procédures où on invoque Jordan.
Il préférerait cette solution à son projet de loi.
«Je souhaite vivement qu'on n'ait pas à se poser cette question-là et qu'on agisse plus vite», a-t-il conclu.
Les bloquistes comptent aussi présenter une pièce législative pour mieux lutter contre le crime organisé, notamment en créant un registre des organisations criminelles et en durcissant les peines lorsque des crimes impliquent le recrutement de mineurs.
Un projet de loi serait également présenté pour imposer des peines minimales lorsque des crimes par armes à feu sont commis.
Le chef du Bloc s'est défendu de vouloir jouer dans les plates-bandes des conservateurs, qui sont traditionnellement favorables à des peines plus sévères.