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Économie

Le patron de Banque Nationale s’inquiète pour l’avenir du centre-ville

Même après les mesures d’assouplissement sanitaires, l’adoption massive du télétravail a été particulièrement difficile pour les petits commerces du centre-ville.

Stéphane Rolland
Stéphane Rolland / La Presse canadienne

Le grand patron de la Banque Nationale s’inquiète de l’effet du télétravail sur la vitalité du centre-ville de Montréal, mais il compte garder une approche «flexible» avec ses employés par rapport à leur présence au bureau.

Même après l’assouplissement des mesures sanitaires, l’adoption massive du télétravail a été particulièrement difficile pour les petits commerces du centre-ville. Cette situation préoccupe le président et chef de la direction de la Banque Nationale, Laurent Ferreira.

« Je m’inquiète pour le centre-ville de Montréal et je pense que la communauté d’affaires a une très grande responsabilité (d’assurer) le dynamisme de l’écosystème de Montréal », répond-il en entrevue, vendredi, en marge de l’assemblée des actionnaires de l’institution financière.

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M. Ferreira ne veut toutefois rien imposer pour le moment à ses équipes. « On veut une approche flexible. On veut que les équipes s’organisent entre elles et qu’elles décident quand elles doivent se rencontrer, travailler ensemble. »

L’approche contrasterait avec celle de la Banque Royale qui demande à ses employés de travailler de trois à quatre jours par semaine en présentiel, selon la nature de leur tâche.

La Nationale y va plutôt d’une suggestion d’être en présentiel 40% du temps. M. Ferreira avoue qu’il aimerait un « meilleur équilibre » qui tendrait vers une plus grande présence au bureau que ce seuil, mais il n’a pas l’intention de l’imposer à ses troupes pour le moment. « Je le mentionne de façon générale pour la communauté des affaires ».

En tant qu’employeur, la Nationale joue un rôle important sur l’achalandage du centre-ville avec ses quelque 12 000 employés rattachés au siège social montréalais. La banque procédera d’ailleurs à un déménagement graduel vers une nouvelle tour d’une quarantaine d’étages à partir de la deuxième moitié de cette année. Le projet, annoncé en 2018, représente un investissement de plus d’un demi-milliard.

L’adoption du télétravail amène des débats dans le milieu des affaires. Tandis que certaines organisations y voient une façon d’attirer les employés, d’autres craignent que la distance physique nuise à la productivité et à la création d’un sentiment d’appartenance.

Le télétravail n’a pas eu d’effet défavorable sur la productivité des employés de la Banque Nationale, répond le dirigeant. Le dynamisme du centre-ville est vraiment la motivation derrière les préoccupations du banquier. « On aime ça quand on arrive en ville et que les restaurants sont ouverts, que les cafés sont ouverts, en tout temps. »

« Fromage trop cher » et économie

Plutôt à l’assemblée des actionnaires, une question d’un actionnaire sur l’état de l’économie a provoqué un éclat de rire dans la salle. En préambule à sa question, le directeur du Mouvement d’éducation et de défense des actionnaires (MÉDAC), Willie Gagnon, a mentionné qu’il n’achetait plus de fromage en raison de l’inflation alimentaire.

Or, le grand patron du fromager Saputo, Lino A. Saputo, était présent à titre d’administrateur de la banque. Il s’est retourné interloqué par le commentaire de M. Gagnon, sous les rires amusés de ses collègues.

Pour sa part, M. Ferreira a réitéré qu’il s’attendait à un ralentissement de l’économie en 2023 et 2024, mais il a souligné que le marché de l’emploi demeurait résilient.

La Banque Nationale se trouve dans une posture enviable pour composer avec un ralentissement économique, ajoute M. Ferreira en entrevue. L’institution montréalaise dispose de réserves de capital plus élevé que ses pairs, souligne-t-il. « Puisqu’on est dans une position avantageuse, ça va nous permettre peut-être de prendre des parts de marché. »

Les ratios de fonds propres de la Nationale s’établissaient à 12,6% au 31 janvier. « C’est plus que le minimum requis de 11% et davantage que la majorité des pairs quand on tient compte de leurs projets d’acquisition », souligne l’analyste de RBC Marché des capitaux, Darko Mihelic.

La Nationale veut toujours croître à l’interne (sans acquisition) dans les autres provinces canadiennes. La banque a identifié la banque commerciale et la gestion de patrimoine comme ses principales avenues de croissance. « C’est là où l’on met l’emphase, surtout à l’extérieur de Québec, mais vous comprendrez que les clients commerciaux et de gestion de patrimoine ont aussi besoin d’un compte de banque et d’une carte de crédit. Donc, tout se rattache. »

Environnement

Comme les autres PDG de grandes banques canadiennes, M. Ferreira s’est fait questionner sur les politiques environnementales de l’institution, lors de son assemblée. La Nationale ne veut pas se désinvestir complètement du secteur pétrolier et gazier, mais elle souhaite accompagner les entreprises qui font des efforts afin de décarboner leurs activités.

La proposition du MÉDAC de tenir un vote consultatif sur la politique environnementale de la banque a d’ailleurs obtenu le soutien de 18% de l’actionnariat, selon le décompte préliminaire dévoilé par le président du conseil, Jean Houde. Il s’agit d’un appui relativement élevé pour une proposition d’actionnaire activiste.

Le directeur du MÉDAC s’expliquait mal l’opposition de la Nationale, qui a recommandé de voter contre la proposition, tandis que son approche serait « meilleure » que celle des autres banques canadiennes, selon lui. « Vous n’avez absolument rien à craindre du résultat d’un tel de vote. » M. Ferreira lui a répondu qu’il tiendrait compte des commentaires du MÉDAC.

Stéphane Rolland
Stéphane Rolland / La Presse canadienne