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«On a des experts qui vont aller le voir directement probablement», dit Marie-France Dozois, membre du comité de résidents du Mont-Carmel, qui demeure sur ses gardes.
Henry Zavriyev se dit prêt à vendre le Mont-Carmel, la résidence pour aînés (RPA) qu’il a tenté de convertir en immeuble à logements en envoyant des avis d’éviction à ses résidents. Vraiment? Le comité de résidents qui lutte depuis des mois pour préserver le statut de RPA de l’établissement reste sur ses gardes.
Marie-France Dozois, membre du comité de résidents du Mont-Carmel, se questionne sur les intentions du promoteur immobilier. «C’est ça qu’on veut savoir», a-t-elle affirmé en entrevue avec Noovo Info, jeudi, après avoir pris connaissance des déclarations de Zavriyev sur les ondes de Radio-Canada.
«Des gens sont venus prendre des photos [récemment]», rapporte-t-elle. «On m’a dit qu’Ils étaient six. On se demande si ce n’est pas un show de boucane pour augmenter la valeur de la maison. On ne sait pas ce qu’il a en arrière de la tête, mais on sait qu’il est pas mal ratoureux.»
Évincés: les aînés contre-attaquent, un documentaire co-réalisé par Noémi Mercier et Alexis Chartrand pour le compte de Noovo Info, donne un aperçu du genre de stratagèmes adoptés par Zavriyev pour les chasser et rénover leur immeuble, afin de le relouer ou le revendre à fort prix. Tout a commencé en janvier 2022, quand les 200 locataires de la résidence – dont la majorité sont âgés de plus de 75 ans – ont reçu des avis d’éviction du propriétaire dans le but de mettre fin à la certification RPA du Mont-Carmel.
Depuis, Zavriyev a ignoré les mises en demeure du groupe de résidents – Sauvons le Mont-Carmel – en opposition au changement d’affectation de la RPA. Il est aussi accusé d’outrage au tribunal pour avoir contrevenu à l’ordonnance l’obligeant à maintenir l’exploitation et la certification de l’immeuble à titre de RPA, en vertu de ce que contient l’acte de vente. Ce procès doit avoir lieu les 17, 18 et 19 mai prochains.
Mais Zavriyez conteste que la Cour supérieure a juridiction en la matière: l’homme d’affaire a demandé à la Cour d’appel la permission d’en appeler de la décision par laquelle la Cour supérieure confirmait sa compétence pour entendre le recours portant sur le respect de l’affectation de RPA de l’établissement de plus de 200 unités locatives, dont une soixantaine en RPA.
D’où la méfiance de Mme Dozois et des résidents quand le promoteur dit que «le gouvernement ne veut pas acheter le bâtiment, [que] les groupes sociaux et à but non lucratif ne veulent pas acheter l'immeuble».
«C'est mon immeuble, j'essaie de leur proposer une solution, ils ne veulent pas de solution [...] c'est leur décision, pas la mienne», a déclaré Zavriyev à Radio-Canada.
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Qu’à cela ne tienne, le groupe Sauvons le Mont-Carmel a placé ses pions depuis longtemps en vue de ce moment, le «rêve» de prendre possession de sa maison. Le démarchage dure depuis des mois, et le groupe d’aînés est en contact avec différents organismes pour mesurer les options dans l’éventualité où Zavriyev pourrait vendre.
«On a des experts qui vont aller le voir directement probablement», dit Mme Dozois, qui note qu’une rencontre aura lieu à ce sujet lundi.
«On voulait se mettre ensemble – le comité de soutien, le comité de résidents, le comité des communications, les avocats – pour voir quelle est la meilleure décision à prendre. Tant que ce n’était pas à vendre, on ne savait pas quelle stratégie utiliser», précise-t-elle.
Et si l’intention de Zavriyev de vendre le Mont-Carmel est réelle...
Mme Dozois et le comité de résidents du Mont-Carmel en sont donc à contacter conseiller municipal Robert Beaudry pour vérifier si la Ville de Montréal aurait l’autorisation d’être la première acheteuse – encore une fois, si l’immeuble est véritablement à vendre.
En effet, le conseil municipal a appuyé la lutte des personnes aînées habitant dans les RPA, dont la résidence Mont-Carmel, en adoptant une motion interpellant le gouvernement du Québec. La Ville y réclame notamment que ce dernier «décrète un moratoire d’un an sur la décertification et le changement d’affectation des RPA sur le territoire montréalais».
Ailleurs au sein de la classe politique, la co-porte-parole solidaire Manon Massé a récemment ailleurs invité la population québécoise à regarder Évincés: les aînés contre-attaquent. «Il faut changer la règlementation», a affirmé Mme Massé sur les ondes de Noovo Info.
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Au final, si le processus de vente se met en branle, «ça va négocier fort», prévient Mme Dozois. Zavriyev s’est porté acquéreur de l’immeuble pour 40 millions $ mais, «là-dedans, il y a eu des dégâts, […] il y a beaucoup de frais avec de nouveaux arrivants».
Qu’à cela ne tienne, cet important revirement de situation dans ce dossier de longue haleine fait croire à Mme Dozois que le vent tourne.
«Chaque fois qu’on l’amène en cour, on sent un vent de panique. Là, il y a un grand vent de panique. On le sent», dit Mme Dozois.
«C’est du sérieux. Il sait qu’on a beaucoup d’arguments. Il ne s’en sortira pas.»
Avec de l'information de Noémi Mercier pour Noovo Info.