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De plus en plus d'avocats du Québec souhaitent adapter leur pratique pour mieux encadrer les personnes victimes de violences conjugales et sexuelles.
De plus en plus d'avocats du Québec souhaitent adapter leur pratique pour mieux encadrer les personnes victimes de violences conjugales et sexuelles, affirme l'organisme de services juridiques adaptés Juripop à l'issue d'une journée complète de formation organisée vendredi.
L'organisme à but non lucratif a tenu vendredi le tout premier Juri RDV, un événement qui vise à mieux outiller les avocats dans leur accompagnement des personnes victimes de violences conjugales. Plus de 150 avocats et représentants d'organisme d'aide étaient présents afin d'assister à des conférences et des ateliers portant sur la réalité de ces violences.
Mot de clôture de @SJB_CAQ pour notre #JURIRDV.#polqc pic.twitter.com/arFiupExnm
— Juripop (@juripop) October 28, 2022
Selon la directrice générale de Juripop, Me Sophie Gagnon, le premier Juri RDV s'est révélé un véritable succès. Elle affirme avoir constaté un «engagement très fort de tous les acteurs» du système de justice, et indique que l'événement sera de retour l'an prochain avec une capacité d'accueil doublée et une formule bonifiée.
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«On n'a pas encore les données de rétroaction, mais ce qu'on entendait, c'est que c'était vraiment stimulant pour les avocats de voir tout le monde rassemblé autour d'un même objectif, qui est de mieux encadrer et mieux représenter les victimes», ajoute en entrevue Me Justine Fortin, directrice des programmes en violences conjugales et sexuelles chez Juripop.
Cet événement s'inscrit dans le cadre du mandat confié à l'organisme par le ministère de la Justice, qui cherche à faciliter le parcours des personnes victimes à travers le système de justice québécois et à former les avocats de pratique privée sur cet enjeu.
C'est en 2020, à l'aube de la pandémie, que l'équipe de Juripop a constaté chez les avocats un manque flagrant de formation en matière de violences conjugales. Lors de la première vague de la pandémie, l'organisme avait mis sur pied une ligne d'aide téléphonique pour offrir des conseils juridiques en lien avec le confinement et les droits à la sécurité des personnes habitant avec un agresseur.
«On s'est mis à recevoir des dizaines et des dizaines d'appels par jour de personnes qui nous nommaient leurs besoins à l'intersection du droit de la famille et de leur vécu de violences conjugales. [?] Les questions se sont révélées être beaucoup plus intrinsèques à la réalité des personnes victimes devant les tribunaux du droit de la famille, et c'est de cette manière-là qu'on a constaté les besoins criants», raconte Me Justine Fortin.
Le rapport Rebâtir la confiance, déposé en décembre 2020 par le Comité d'experts sur l'accompagnement des victimes d'agressions sexuelles et de violence conjugale, formulait d'ailleurs dans ses recommandations la nécessiter de «mieux soutenir les personnes victimes à travers le système de justice criminelle».
Ces constats ont abouti à la création de Juri RDV, qui vise entre autres à donner aux avocats «l'envie de pratiquer différemment», selon la directrice.
«Au Québec, un enjeu qu'on a c'est qu'il y a encore beaucoup d'incompréhension de ce que c'est la violence conjugale. [?] Avec la formation de vendredi, on a 150 avocats et avocates qui sont maintenant équipés avec des connaissances pratiques pour mieux plaider la violence conjugale et obtenir des jugements qui vont assurer la sécurité des femmes et des enfants», souligne Me Gagnon.
Le Juri RDV a ainsi tenu différents ateliers pour aider les avocats à adapter leur pratique à une clientèle plus vulnérable, en plus de leur montrer les bonnes formulations à utiliser lors de procédures juridiques. Les participants ont aussi été sensibilisés au vécu des personnes victimes de violences conjugales et aux impacts de ces agressions sur leurs enfants.
Notre directrice générale, @SopGagnon, conclut notre #JURIRDV sur ces mots. pic.twitter.com/Fnl5ATunXD
— Juripop (@juripop) October 28, 2022
Bien que l'événement ait été une réussite, Me Gagnon estime qu'il reste du chemin à faire avant d'atteindre les objectifs du mandat confié par le ministère de la Justice.
«L'étendue des connaissances à acquérir est très vaste. Une journée, c'est un excellent début, mais il y a des sujets qu'on a seulement effleurés ou qu'on n'a même pas pu aborder. Ça va prendre beaucoup plus qu'une journée pour répondre aux besoins et aux attentes des personnes victimes», reconnaît-elle.
Afin d'assurer la continuité de sa mission, l'organisme Juripop propose plusieurs contenus de formation gratuits et accessibles en ligne, comme des «Juri Balados», qui permettent aux juristes de s'informer par rapport à des enjeux qu'ils rencontreront dans leur pratique auprès de personnes victimes de violences.