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C'est l'actuelle mairesse de Longueuil, Catherine Fournier, qui est la victime de l'agression sexuelle commise par l'ex-député péquiste Harold LeBel.
La mairesse de Longueuil, Catherine Fournier, dit qu'il est finalement temps pour elle de s'exprimer publiquement sur son expérience, alors qu'il a été révélé mardi qu'elle était la victime de l’agression sexuelle commise par l’ex-député péquiste Harold LeBel.
Dans une déclaration partagée sur les réseaux sociaux en matinée, Mme Fournier a écrit qu'elle avait tant de choses à dire qu'elle «ne (sait) pas trop par où commencer.»
Les médias ont finalement pu publier le nom de la victime de l'ancien député, car Mme Fournier elle-même fait la demande de lever l’ordonnance qui interdisait le dévoilement de son identité.
Le juge Serge Francoeur, qui présidait le procès de Harold LeBel, s’est ainsi rendu à la demande de Mme Fournier.
«Pour des raisons lui appartenant et qui n’ont pas à être discutées, la victime demande (…) la levée de l’ordonnance de non-publication de son identité», écrit le magistrat dans sa décision, rendue le 6 avril dernier.
Dans son message, la principale intéressée a remercié plusieurs personnes qui l'ont accompagnée dans ses démarches.
«Si je formulerai évidemment certaines critiques constructives dans les jours à venir, je tiens d’abord à mettre au clair que je ne regrette en rien mon parcours, bien au contraire», a-t-elle soutenu.
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«Je suis fière d’être passée par là et j’en suis sortie la tête haute, bien au-delà du verdict.»
Le 21 novembre dernier, deux jours avant que le verdict de culpabilité de M. LeBel ne soit prononcé, Mme Fournier avait révélé au tribunal qu’un documentaire la mettant en vedette, était à être produit. Elle avait ajouté à ce moment qu’elle n’avait pas encore décidé si son témoignage se ferait à visage découvert ou non.
Puis, le 23 mars dernier, elle avait soumis la requête demandant la levée de l’interdit de publication. «J’ai envie de transformer ces événements en quelque chose de positif» et «de pouvoir contribuer à la société» alors «j’ai accepté de participer à un documentaire où je témoigne à visage découvert et c’est dans ce cadre-là que je souhaite faire lever l’ordonnance de non-publication sur mon identité», a expliqué la victime au juge, jeudi matin.
Le documentaire en question doit être diffusé mercredi sur la plateforme Vrai, de Vidéotron. Mme Fournier doit d'ailleurs assister à une projection de presse mardi après-midi.
L’agression sexuelle s’était produite à l’automne 2017 alors que Catherine Fournier était toujours députée du Parti québécois. Elle et une autre femme accompagnaient le député LeBel dans sa circonscription de Rimouski. Après une journée et une soirée consacrées à des activités militantes à Rimouski, les deux femmes s’étaient rendues au condo de M LeBel pour y passer la nuit.
Durant son procès, LeBel avait affirmé n'avoir échangé qu'un baiser consensuel avec Mme Fournier avant d'aller se coucher à ses côtés dans le salon et de s'endormir aussitôt. L’autre femme dormait dans la chambre de Harold LeBel.
Catherine Fournier, elle, avait au contraire témoigné à l'effet que le baiser en question n’était pas consensuel et que Harold LeBel avait ensuite tenté de dégrafer son soutien-gorge pendant qu'elle allait se réfugier à la salle de bains, où il avait tenté de pénétrer, mais en vain.
Elle avait ensuite raconté qu'elle était allée se coucher et que l'accusé s'était étendu à ses côtés et s'était livré à des attouchements durant plusieurs heures alors qu'elle était pétrifiée de peur.
Bien que les événements se soient produits en octobre 2017, Mme Fournier n’a porté plainte qu’à l’été 2020, disant avoir peur des conséquences pour elle et pour ses proches. C’est dans la foulée du mouvement #moiaussi et, surtout, à la suite des accusations portées contre l’ancien chef du Parti québécois, André Boisclair, qu’elle avait trouvé le courage de porter plainte.
Elle avait également consulté des organismes spécialisés afin de s’assurer que la loi protégerait son identité. Les policiers avaient procédé à l’arrestation du député en décembre 2020.
Voyez l'analyse de l'avocate Sophie Gagnon au bulletin Noovo Le Fil 17 ci-dessous:
À l’issue du procès, le jury n’avait mis que deux jours de délibérations avant de prononcer un verdict de culpabilité à son endroit le 23 novembre et Harold LeBel avait ensuite été condamné à huit mois d’emprisonnement.
Le 21 mars dernier, M. LeBel a obtenu une permission de sortie préparatoire à la libération conditionnelle. Celle-ci a été fixée au 16 avril. LeBel séjourne depuis cette date dans une maison de transition, où il s'est engagé à suivre des thérapies sur les problématiques d'ordre sexuel et de dépendance affective.
L'ex-député péquiste de 60 ans a admis devant les commissaires aux libérations conditionnelles l'agression qu'il a commise, se disant «bouleversé» par le témoignage de Catherine Fournier.
Harold LeBel avait été élu une première fois en 2014, après trois tentatives infructueuses. Réélu en 2018, il avait été exclu du caucus du Parti québécois à la suite de son arrestation et avait décidé de ne pas se représenter aux dernières élections en raison de ce procès.
Le premier ministre du Québec, François Legault, a salué la «détermination» de Catherine Fournier.
«Tu peux être fière. C'est important que les victimes sachent qu'elles peuvent dénoncer», a-t-il écrit sur Twitter. En point de presse, M. Legault a réitéré qu'il est important pour les femmes de dénoncer. «Il faut avoir le courage de dire que ces choses sont inacceptables.»
Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a souligné à son tour Mme Fournier pour avoir partagé son histoire.
Je salue @CathFournierQc d’avoir partagé son histoire avec le monde – son courage va certainement aider d’autres personnes. Son histoire nous rappelle qu’on doit poursuivre nos efforts pour éliminer la violence faite aux femmes et rendre ce pays plus sûr pour tout le monde.
— Justin Trudeau (@JustinTrudeau) April 18, 2023
Les deux porte-paroles de Québec solidaire (QS) se sont tournés vers les réseaux sociaux pour exprimer leur soutien à l'ex-députée péquiste Catherine Fournier.
«Ton courage et ta résilience sont admirables. Toute la famille solidaire est derrière toi. J’espère que ta voix sera entendue et que les choses changeront», a mentionné Gabriel Nadeau-Dubois.
Chère @CathFournierQc, ton courage et ta résilience sont admirables. Toute la famille solidaire est derrière toi. J’espère que ta voix sera entendue et que les choses changeront.
— Gabriel Nadeau-Dubois (@GNadeauDubois) April 18, 2023
De son côté, Manon Massé a souligné la «résilience» et la «force» de Mme Fournier.
Tu as toute ma solidarité, ma chère @CathFournierQc 🧡
— Manon Massé (@ManonMasse_Qs) April 18, 2023
Merci pour ta force et ta résilience. Je t’embrasse fort.
Lors d'un point de presse mardi avant-midi, l'actuel chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, a affirmé ne pas avoir eu à l'époque de l'agression d'«informations fiables» sur l'«évènement» qui s'est «déroulé dans un lieu privé à l'extérieur du cadre du travail».
La démarche de @CathFournierQc a sans aucun doute été difficile et exigeante. Je salue son courage d’avoir dénoncé formellement, devant les tribunaux. Au terme de cette démarche, justice a été rendue. J’espère qu’au terme de cette épreuve, elle saura trouver la paix vis-à-vis ces…
— Paul St-Pierre Plamondon (@PaulPlamondon) April 18, 2023
M. St-Pierre Plamondon a ajouté que les évènements s'étaient déroulés avant son entrée en fonction au PQ. Il s'est aussi assuré que les personnes dans le parti ne posent pas «de geste» qui aurait pu «entraver le processus judiciaire», en demandant notamment de ne pas communiquer avec Mme Fournier ou l'accusé.
«Il y avait plusieurs personnes dans le parti qui semblaient vouloir rendre justice eux-mêmes», a expliqué le chef péquiste.
Le chef du Parti libéral du Québec (PLQ), Marc Tanguay, a parlé d'un témoignage «important» de la part de Catherine Fournier et a dit avoir hâte d'entendre les «critiques constructives» qui doivent venir dans les prochains jours de la part de Mme Fournier. «On peut et doit toujours rendre le système [de justice] meilleur».
Il a aussi souligné l'importance de respecter le processus judiciaire, mais il ne faut pas pour autant «isoler davantage» la victime.
La députée caquiste Shirley Dorismond, qui a succédé à Mme Fournier à titre d'élue dans Marie-Victorin, la circonscription qui recoupe la Ville de Longueuil, a transmis un message d'encouragement aux victimes.
«Si une victime a besoin de s'exprimer et dire ce qu'elle a vécu, c'est sa décision», a-t-elle déclaré dans une mêlée de presse dans les corridors du Parlement.
Je joins ma voix au PM pour saluer son courage. La dénonciation n’est pas souvent une décision facile à prendre pour les victimes. Le support est essentiel pour les accompagner dans ce long processus. https://t.co/Y61u9gzKGt
— Shirley Dorismond (@sdorismondcaq) April 18, 2023
Elle convient que le geste de Mme Fournier peut inciter d'autres personnes à dénoncer leur agresseur.
«Il faut prendre une étape à la fois, et dénoncer si elles ont envie de le faire, mais il faut surtout les accompagner.»
Avec des informations de Julien Denis, Noovo Info