Passer au contenu principal
À voir:

Début du contenu principal.

Économie

Les entreprises doivent se préparer à la menace de l’informatique quantique

«Si on ne crypte pas aujourd'hui, les nations vont "hacker" de l'information critique et la stocker.»

A man uses a computer keyboard in Toronto in this Sunday, Oct. 9, 2023 photo illustration. THE CANADIAN PRESS/Graeme Roy
A man uses a computer keyboard in Toronto in this Sunday, Oct. 9, 2023 photo illustration. THE CANADIAN PRESS/Graeme Roy
Stéphane Rolland
Stéphane Rolland / La Presse canadienne

Les entreprises et les gouvernements ont intérêt à s’intéresser dès maintenant à l’informatique quantique afin de sécuriser leurs données, croit François Borrelli, président-directeur général de Numana. 

Les systèmes de cryptage actuels sont déjà vulnérables aux actions malveillantes, même si l’informatique quantique n’est pas encore à son plein potentiel, explique M. Borrelli, lundi, en marge d’une annonce de Numana, un organisme sans but lucratif qui a pour mission de développer de nouvelles technologies.  

«Un des dangers en ce moment, si on ne crypte pas aujourd'hui, les nations vont "hacker" de l'information critique et la stocker», prévient-il. «Peut-être dans 5, 6, 7 ans, elles vont être capables de décrypter ça.»

 

Il faudrait donc commencer à crypter l’information avec la technologie quantique pour éviter «de se faire décrypter demain», ajoute-t-il.

Le Québec «n’est pas en avant de la vague, mais pas en arrière non plus», juge M. Borrelli. «Je pense qu'on est un peu en retard par rapport à l'Europe, mais ce n'est pas un retard qui n'est pas rattrapable.»

Cette préparation est coûteuse, reconnaît le dirigeant. «Je dirais qu'il faudrait être un peu plus avancé, mais reste qu'à cause du coût, parce que quelque part quelqu'un doit payer, c'est très difficile de mettre ça en place.»

Un nouveau partenariat

Numana a annoncé à Montréal, lundi, qu’elle a conclu un partenariat avec Nokia et Honeywell afin de développer un réseau de communication à résistance quantique. Les partenaires feront leurs tests sur le banc d’essai en communication quantique Kirk de Numana, dont le nom est inspiré du personnage de la série Star Trek. 

Des représentants de Nokia et Honeywell ainsi que la ministre de l’Économie, Christine Fréchette, étaient présents. 

La présence de l’entreprise américaine Honeywell a soulevé des questions en raison du contexte commercial tendu entre le Canada et les États-Unis.

«Tant qu'il n’y a pas de données sensibles qui sont transmises, on ne voit pas de problème, assure M. Borrelli en conférence de presse. Il n'y a pas d'inquiétude à avoir à ce niveau-là.»

La ministre Fréchette a, elle aussi, affirmé qu’elle ne voyait pas d’enjeu à la présence d’Honeywell. «C’est par rapport essentiellement à l'administration présidentielle américaine avec laquelle on a un enjeu, répond-elle. Donc, pour nous, les entreprises, qu'elles soient américaines ou de l’étranger, qui sont établies au Québec et qui font avancer le Québec, eh bien, si ça nous permet d'avancer de manière stratégique, on va être là pour les soutenir.»

Numana s'intéresse à Gatineau

Le réseau qui sert au banc d’essai est bien avancé, depuis l’annonce de son lancement en 2023, affirme M. Borrelli. Le réseau est en service à Montréal et Sherbrooke, mais le développement à Québec a pris un peu de retard. La mise en service est prévue cette année dans la Capitale-Nationale.  

«On est en train de déployer Québec, répond le dirigeant. Il y a eu quelques retards de construction, mais ça, c'était hors de notre contrôle: genre une pelle mécanique qui arrache la fibre.»

Éventuellement, Numana songe à établir un autre réseau à Gatineau, en Outaouais, pour se rapprocher de l'Institut Nexus de technologies quantiques (NEXTQ) de l'Université d'Ottawa.

«Il y a peut-être des possibilités, là, avance M. Borrelli en entrevue. C'est ce qu'on regarde en ce moment. On l'a regardé, mais ça n'a pas été budgété. C'est-à-dire que c'est dans notre plan, mais il va falloir voir comment on fait.»

Stéphane Rolland
Stéphane Rolland / La Presse canadienne