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Politique

Les chefs fédéraux se préparent pour les débats à Montréal

Les experts affirment qu'ils travaillent probablement sur leur langage corporel positif et peaufinent leur français.

Cette image composite montre, de gauche à droite, le chef du NPD, Jagmeet Singh, à Toronto, le 25 mars 2025; le chef conservateur, Pierre Poilievre, à Kingston, en Ontario, le 3 avril 2025; le chef libéral, Mark Carney, à Winnipeg, le 1er avril 2025; le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, à Saint-Roch-de-l’Achigan, au Québec, le 28 mars 2025; et le cochef du Parti vert, Jonathan Pedneault, à Vancouver, le 30 mars 2025.
Cette image composite montre, de gauche à droite, le chef du NPD, Jagmeet Singh, à Toronto, le 25 mars 2025; le chef conservateur, Pierre Poilievre, à Kingston, en Ontario, le 3 avril 2025; le chef libéral, Mark Carney, à Winnipeg, le 1er avril 2025; le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, à Saint-Roch-de-l’Achigan, au Québec, le 28 mars 2025; et le cochef du Parti vert, Jonathan Pedneault, à Vancouver, le 30 mars 2025.
Catherine Morrison
Catherine Morrison / La Presse canadienne

Alors que les chefs des partis fédéraux se préparent à s'affronter lors de débats à Montréal cette semaine, les experts affirment qu'ils travaillent probablement sur leur langage corporel positif et peaufinent leur français.

Dan Arnold, directeur de la stratégie chez Pollara et ancien sondeur pour les libéraux de Justin Trudeau, a déclaré que les chefs ont sans doute participé à des «débats simulés» dans des studios loués avec leurs équipes avant les événements.

Ces débats sont probablement enregistrés, afin de permettre aux équipes de campagne d'analyser ce qui a fonctionné et ce qui n'a pas fonctionné en termes de communication et de langage corporel.

M. Arnold a révélé que Justin Trudeau avait effectué «au moins une demi-douzaine, voire plus» de débats simulés avant le début de la campagne de 2015. Compte tenu de son année chaotique, le chef libéral Mark Carney n'a peut-être pas eu autant de temps pour se préparer que les autres candidats, selon M. Arnold.

Il a indiqué que la plupart des campagnes se mettront sur pause et se prépareront aux débats la veille de l'événement en élaborant différents scénarios. Le seul événement public de Mark Carney lundi a été l'annonce de son plan de défense.

Dan Arnold, qui a participé à la campagne de Justin Trudeau en 2015, 2019 et 2021, a précisé que les dirigeants rédigeront probablement un livre de débat contenant les messages clés qu'ils souhaitent transmettre sur des sujets populaires, comme les droits de douane. Si le travail est bien fait, a-t-il ajouté, le livre inclura également des détails sur d'autres sujets, comme le contrôle des armes à feu et les lois linguistiques.

«Le gagnant des débats est celui qui établit un lien avec les électeurs, a-t-il expliqué. Il s'agit simplement de savoir qui établit un lien avec les électeurs dans une situation différente de celle dans laquelle ils sont peut-être habitués.»

Les libéraux en avance

Les débats ont lieu quelques jours avant que les Canadiens ne puissent participer au vote par anticipation. Un sondage Léger, réalisé pour La Presse Canadienne la semaine dernière, suggère que 44 % des Canadiens voteraient libéral, contre 37 % pour les conservateurs et 8 % pour le NPD.

Au Québec, les libéraux semblent avoir une avance confortable à 42 %, tandis que le Bloc québécois d’Yves-François Blanchet est au coude à coude avec le Parti conservateur avec 23 % des intentions de vote.

On ne sait pas encore précisément quel sera l'impact des débats sur le vote; le sondage Léger suggère que 61 % des Canadiens ont déjà pris leur décision.

Les chefs fédéraux participeront à un débat en français mercredi et à un débat en anglais jeudi. Les deux joutes dureront deux heures et seront diffusées en direct de la Maison de Radio-Canada à Montréal.

Les débats aborderont des thèmes similaires, notamment le coût de la vie, l'énergie et le climat.

Le débat en français abordera également l'immigration et les affaires étrangères, l'identité et la souveraineté, ainsi que la guerre commerciale. Le débat en anglais portera aussi sur le leadership en temps de crise, la sécurité publique, les droits de douane et les menaces pour le Canada.

Une équipe spécifique 

Amanda Galbraith, experte en communication et gestion de crise et associée chez Oyster Group, a expliqué que la préparation des débats implique de travailler avec une équipe qui se consacre exclusivement aux débats depuis le début de la campagne.

«Ils analysent les actions des autres campagnes, préparent des classeurs et s'entraînent à jouer le rôle des autres chefs», a-t-elle souligné.

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Pour se préparer aux débats en français, Mme Galbraith a affirmé que les chefs passeraient probablement la journée à n'écouter que la télévision et la radio françaises et à s'immerger dans la langue.

Mme Galbraith a expliqué que le risque auquel Mark Carney est confronté découle de sa tendance à devenir «irritant» lorsqu'on l'interroge sur son intégrité.

Elle a ajouté qu'il devra surveiller cette tendance pendant le débat, car ses rivaux le viseront et cibleront ses points faibles.

M. Arnold a déclaré que la présentation – la fréquence à laquelle un chef sourit, la fréquence à laquelle il regarde la caméra et la façon dont il projette son sérieux – peut faire une grande différence dans la performance d'un débat.

«Il faut au moins s'assurer de créer un lien avec les gens et de paraître sympathique et confiant», a-t-il déclaré.

Les défis des chefs

Les compétences en français de Mark Carney sont scrutées à la loupe, surtout depuis sa participation au débat à la direction en français.

Dan Arnold a indiqué que M. Carney perfectionne probablement son français en parlant avec son équipe dans cette langue et en interagissant avec les médias francophones. Il a ajouté qu'il apprendrait probablement aussi un peu de jargon québécois pour l'utiliser mercredi dans l'espoir de nouer des liens avec les électeurs. 

Selon lui, le chef libéral devait laisser davantage s'exprimer sa personnalité lors des débats en partageant des anecdotes de manière détendue.

Pierre Poilievre, a-t-il ajouté, travaille probablement davantage son attitude que son contenu en amont des événements.

«Ce qui lui pose problème actuellement, c'est son ton. Il ressemble trop à Donald Trump pour certains, il paraît trop agressif pour d'autres», a-t-il soutenu

«Si M. Poilievre ne parvient pas à changer la mentalité des gens avant ce débat, il ne remportera probablement pas les élections.»

Mme Galbraith a également déclaré que M. Poilievre devait adoucir ses propos et trouver un moyen d'attaquer Mark Carney sans paraître trop agressif.

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Dan Arnold a ajouté que si le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, se bat pour les votes des Québécois, le chef du NPD, Jagmeet Singh, «se bat pour sa pertinence». Il a ajouté que M. Singh devait dire quelque chose qui attire l'attention pendant les débats pour se faire connaître à nouveau des électeurs. Et le débat est une occasion pour le cochef du Parti vert, Jonathan Pedneault, de se présenter aux Canadiens, selon lui.

Il a ajouté que les attentes envers M. Carney étaient «plutôt faibles», étant donné ses difficultés lors du débat en français pendant la course à la direction.

«Lors de ce débat, Chrystia Freeland l'aidait lorsqu'il avait du mal à trouver le mot juste. Je ne pense pas que Pierre Poilievre va donner un coup de main à Mark Carney s'il a des difficultés», a-t-il déclaré.

M. Arnold a ajouté qu'une grande partie du travail que les partis consacrent aux débats se fait une fois ceux-ci terminés. C'est à ce moment-là que les équipes de campagne s'efforcent de remporter la «guerre de couverture médiatique post-débat» en amplifiant les bons extraits des chefs sur les médias sociaux, a-t-il expliqué.

Catherine Morrison
Catherine Morrison / La Presse canadienne