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Politique

Alcool au volant: Geneviève Guilbault ignore un quatrième rapport de coroner

Le taux légal d'alcoolémie est actuellement de 0,08 mg d'alcool par 100 ml de sang (0,08) au Québec.

Geneviève Guilbault | Archives
Geneviève Guilbault | Archives
Caroline Plante
Caroline Plante / La Presse canadienne

La ministre des Transports, Geneviève Guilbault, a de nouveau refusé mercredi d'abaisser le taux permis d'alcoolémie au volant de 0,08 à 0,05 malgré un quatrième rapport de coroner la poussant à agir. 

Dans son rapport rendu public mardi, Geneviève Thériault affirme que la mort d'un motocycliste de 64 ans aurait pu être évitée si le Québec avait adopté des sanctions administratives comparables à celles qui existent partout ailleurs au pays. 

C'est la quatrième fois en moins de deux ans que ce genre de recommandation est faite par des coroners. La Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ) et la Sûreté du Québec (SQ) sont elles aussi en faveur d'une baisse du taux d'alcoolémie.

Or, en mêlée de presse à l'Assemblée nationale mercredi, Mme Guilbault a tenu la ligne et réaffirmé que selon elle, le Québec était «l'une des juridictions les plus sévères en matière de conduite avec les facultés affaiblies». 

Cela a fait bondir le député libéral Monsef Derraji, qui accuse Mme Guilbault et son collègue à la Sécurité publique, François Bonnardel, d'être responsables des «pertes humaines».

«C'est triste de voir que c'est parce que le gouvernement s'entête à ne pas baisser le taux à 0,05 qu'on a des pertes humaines. C'est sur leur dos ces pertes humaines. C'est eux qui sont responsables», a-t-il martelé en mêlée de presse.

«Quand vous avez des scientifiques, des avis de coroners qui disent qu'il y a un gain si vous baissez ce taux, pour moi les deux (ministres) sont responsables. Ils sont responsables avec leur inaction de ce qu'on voit», a-t-il ajouté.

Par ailleurs, les sondages d'opinion démontrent que partout au Québec, les gens sont favorables à une baisse du taux permis d'alcoolémie, a rappelé le député Etienne Grandmont, de Québec solidaire.

Pour lui, le cas abordé dans le rapport de Me Thériault est particulièrement «éloquent». Si le taux légal d'alcoolémie avait été fixé à 0,05, «on aurait pu retirer» le véhicule au chauffard et «éviter un accident», a-t-il fait valoir. 

«C'est ce qui se fait ailleurs, et c'est ce qu'on demande depuis tout le temps», a déclaré M. Grandmont.

Le 4 juin 2020, Bernard D'Aragon était sur la route 148, à Lochaber en Outaouais, lorsqu'un Jeep Wrangler s'est présenté dans sa voie en sens inverse. Les deux véhicules roulaient à environ 90 km/h lorsqu'ils se sont percutés de front.

Or, le conducteur du VUS fautif avait été intercepté environ une heure plus tôt par un patrouilleur de la SQ à la suite d'un appel rapportant sa conduite erratique sur l'autoroute 50 près de Grenville. 

Le policier avait remarqué une odeur d'alcool sur son haleine et lui avait fait passer un alcootest dont le résultat indiquait un taux situé quelque part dans la fourchette de 50 mg/100 ml (0,05) à 99 mg/100 ml (0,099).

Les patrouilleurs ont informé le conducteur qu'il pouvait se trouver au-dessus de la limite permise et que s'il était impliqué dans un accident, il pouvait être accusé de conduite avec les facultés affaiblies.

Ils lui avaient alors fortement suggéré d’appeler un ami ou de s'arrêter dans un restaurant, mais l'analyse du GPS du véhicule démontre qu'il ne s'était jamais arrêté. Moins d'une heure plus tard, le Jeep provoquait le face-à-face avec M. D’Aragon, qui est décédé sur le coup.

Selon Me Thériault, «si des sanctions comparables à celles existant ailleurs au pays avaient été en vigueur, (...) les policiers auraient pu procéder à la suspension du permis de conduire et à la saisie du véhicule lors de l'interception, ce qui aurait permis d'éviter l'accident».

Elle rappelle que «le Québec est désormais isolé sur la question des sanctions administratives, car il semble que tous les provinces et territoires ont adopté de telles sanctions afin de réduire le nombre de décès et d'accidents liés à la conduite avec les facultés affaiblies».

«On demande toujours à la ministre de revenir sur sa décision. On peut sauver des vies», a insisté M. Grandmont, mercredi.

Caroline Plante
Caroline Plante / La Presse canadienne