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Le Canada ouvrira quatre nouvelles ambassades - en Estonie, en Lituanie, en Slovaquie et en Arménie -, en plus de renforcer sa présence en Lettonie, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine.
Le Canada a signé mercredi un accord pour transformer le groupement tactique de l’OTAN qu’il dirige en Lettonie en une brigade, une unité dotée de plus de soldats, bien que le gouvernement affirme qu’il est trop tôt pour dire si cela entraînera le déploiement de troupes canadiennes supplémentaires.
Le premier ministre Justin Trudeau a assisté à une petite cérémonie au cours de laquelle la ministre de la Défense, Anita Anand, et son homologue letton ont signé l’accord, en marge du sommet de l’OTAN en Espagne, où la guerre de la Russie en Ukraine a été au premier plan.
M. Trudeau a déclaré que l’accord énonce les prochaines étapes pour ce groupement tactique dirigé par le Canada en Lettonie, « compte tenu de la position plus agressive de la Russie ».
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Le groupement tactique de l’OTAN dirigé par le Canada en Lettonie comprend environ 2000 soldats, dont 700 Canadiens, et est l’une des huit unités de combat de l’alliance en Europe de l’Est conçues pour dissuader et se défendre contre toute invasion russe.
Le secrétaire général de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), Jens Stoltenberg, avait confirmé lundi que les huit «groupements tactiques» de l’alliance dans les pays baltes seraient rehaussés au niveau de «brigades», ce qui implique de doubler le nombre de soldats, pour atteindre entre 3000 et 5000.
L’Allemagne et la Grande-Bretagne ont toutes deux déclaré ces dernières semaines qu’elles étaient prêtes à rehausser leur unité de combat respective en Lituanie et en Estonie. On s’est demandé ensuite si le Canada emboîterait le pas.
Pourtant, alors même que Mme Anand et le ministre letton de la Défense Artis Pabriks louaient l’accord, ils l’ont également décrit comme une première étape dans ce qui sera un processus plus long pour déterminer exactement quels pays fourniront de nouveaux soldats et équipements.
La nouvelle brigade nécessitera non seulement plus de soldats, a déclaré Mme Anand, mais également des équipements et des capacités supplémentaires, comme des armes antichars, des défenses aériennes ainsi que des unités de commandement et de contrôle améliorées, et des munitions.
La ministre Anand a laissé la porte ouverte pour que le Canada fournisse certaines de ces forces supplémentaires, mais elle a déclaré que les détails plus précis de la construction de la nouvelle unité dépendront des discussions avec différents membres de l’OTAN sur leur capacité à y participer. Cela inclut même la taille définitive de l’unité, que ni Mme Anand ni M. Pabriks ne pouvaient décrire avec précision mercredi.
L’exercice d’inventaire a déjà commencé, a déclaré Mme Anand, qui a noté que le groupement tactique dirigé par le Canada comprenait déjà des soldats de 10 autres pays de l’alliance, ce qui en fait l’unité la plus diversifiée de la région.
Le chef d’état-major letton, le lieutenant-général Leonid Kalnins, a indiqué aux journalistes mercredi qu’il était relativement facile d’augmenter le nombre de soldats. «Mais pour un véritable système de défense, que nous recherchons en raison de la menace russe», il faudra des capacités spécifiques, notamment une défense antimissile à longue portée et des capacités de défense antimissile aérienne et navale, a-t-il déclaré.
Le groupement tactique en Lettonie comprend actuellement une unité d’artillerie d’une centaine de soldats canadiens récemment ajoutés en réponse à l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Le Canada a également promis de prêter à la Lettonie plusieurs officiers supérieurs.
Le groupement tactique s’ajoute à plusieurs navires de guerre actuellement déployés au sein de deux forces opérationnelles de l’OTAN en Europe, ainsi qu’à des avions de transport et de surveillance.
L’OTAN a petit à petit renforcé sa présence dans cette région depuis les premiers soupçons d’une éventuelle invasion en janvier, faisant efficacement preuve de force pour dissuader la Russie de se battre avec une nation alliée.
Si la Russie devait pénétrer sur le territoire de l’OTAN, cela déclencherait une guerre internationale totale entre des dizaines de pays, car une attaque contre un pays membre est considérée comme une attaque contre les 30. Le président russe, Vladimir Poutine, a présenté quant à lui les aspirations de l’Ukraine à rejoindre l’OTAN comme l’une des justifications de l’invasion.
M. Stoltenberg a déclaré que les dirigeants des pays membres avaient approuvé un nouveau concept stratégique qui guidera l’OTAN pour la prochaine décennie, un paradigme qui identifie la Russie comme une menace sérieuse pour l’Alliance atlantique.
Le document ajoute que les membres de l’OTAN «ne peuvent écarter la possibilité d’une attaque contre la souveraineté et l’intégrité territoriale des pays alliés».
Les dirigeants de l’OTAN ont également invité officiellement la Finlande et la Suède à rejoindre l’alliance et ont promis un nouveau programme d’assistance à l’Ukraine, comprenant des communications sécurisées, des gilets pare-balles et des armes anti-drones.
Par ailleurs, le Canada s’est retrouvé sous les projecteurs, mercredi, alors que le secrétaire général de l’OTAN a déclaré qu’il s’attendait à ce que le Canada respecte son engagement envers les autres membres et augmente ses dépenses militaires pour répondre aux besoins d’un monde de plus en plus dangereux.
M. Stoltenberg a fait ces commentaires lors d’une conférence de presse après la première de plusieurs réunions avec le premier ministre Justin Trudeau et d’autres dirigeants de l’alliance militaire transatlantique, qui compte 30 pays membres.
Parmi les nombreuses décisions qui, selon M. Stoltenberg, ont déjà été prises par les leaders, on a évoqué un réengagement pour tous les membres de consacrer au moins 2 % de leur produit intérieur brut national à la défense, un objectif convenu pour la première fois en 2014. «Deux pour cent, c’est de plus en plus considéré comme le plancher, pas le plafond», a souligné le secrétaire général.
Pourtant, alors que la grande majorité des alliés atteignent déjà le seuil ou ont établi des plans spécifiques pour l’atteindre d’ici 2024, M. Stoltenberg a rappelé qu’une poignée d’entre eux ont pris des « engagements concrets » sans calendrier précis.
Le Canada fait presque certainement partie de ce dernier groupe, car le gouvernement libéral a refusé de s’engager publiquement à atteindre l’objectif de 2 %, sans parler d’établir un calendrier pour l’atteindre. En fait, un rapport publié lundi par M. Stoltenberg prévoit que les dépenses de défense du Canada chuteront en pourcentage du PIB à 1,27 % cette année, alors qu’elles étaient à 1,32 % l’an dernier et à 1,42 % en 2020.
Le directeur parlementaire du budget a estimé qu’il en coûterait 75 milliards $ sur cinq ans pour atteindre l’objectif de l’OTAN.
Interrogé précisément sur les dépenses militaires du Canada, M. Stoltenberg a déclaré aux journalistes mercredi qu’il comprenait le désir des gouvernements de dépenser l’argent des contribuables en soins de santé et en éducation. Mais il a estimé que les membres de l’OTAN devaient investir dans la défense alors que le monde devient de plus en plus dangereux.
«J’attends de tous les alliés qu’ils respectent les directives que nous avons fixées, a-t-il dit. Alors, bien sûr, c’est un message à tous les alliés, y compris le Canada.»
M. Stoltenberg a néanmoins félicité le Canada pour avoir pris le du groupement tactique de 2000 soldats en Lettonie, l’un des huit que les dirigeants de l’OTAN ont accepté de renforcer en Europe de l’Est en réponse à l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Il a également déclaré que les dirigeants avaient officiellement accepté de doubler la taille de ces groupements tactiques, en ajoutant plus de militaires et de capacités, tout en faisant passer de 40 000 à 300 000 le nombre de soldats placés à «haut niveau de préparation».
La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a par ailleurs annoncé mercredi que le Canada ouvrira quatre nouvelles ambassades, en Estonie, en Lituanie, en Slovaquie et en Arménie, en plus de renforcer sa présence en Lettonie.
Mme Joly a expliqué que le Canada devait repousser l’influence russe, y compris son «pouvoir de convaincre», ses campagnes de désinformation et sa force brute. «Nous croyons que la diplomatie reste l’un des moyens les plus efficaces pour soutenir la sécurité et la stabilité, et aussi pour répondre aux défis dans un monde en profonde mutation géopolitique», a déclaré Mme Joly.