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Un responsable de la Maison-Blanche a confirmé en coulisses que le plan de Trump pourrait changer par le biais de négociations.
Les droits de douane dévastateurs que Donald Trump menace d'imposer au Canada et au Mexique devraient entrer en vigueur la semaine prochaine, mais un responsable de la Maison-Blanche a confirmé en coulisses que ces plans pourraient changer par le biais de négociations.
«Je n'arrête pas les droits de douane», a déclaré le président américain aux journalistes alors qu'il accueillait la première réunion de cabinet de son deuxième mandat à la Maison-Blanche, mercredi.
Le décret présidentiel de M. Trump visant à imposer des droits de douane de 25 % sur toutes les importations canadiennes, avec une taxe inférieure, à 10 %, sur l'énergie, a été reporté au 4 mars après que le Canada a accepté de mettre en place rapidement de nouvelles mesures de sécurité aux frontières.
Le président américain avait précisé à l'époque que cette «pause» donnerait le temps aux parties de parvenir à un «accord économique final».
M. Trump a déclaré lundi que les droits de douane iraient de l'avant «comme prévu», mais il a aussi évoqué d'autres décrets présidentiels dans sa stratégie tarifaire de plus en plus élargie.
Il a signé un décret exécutif pour mettre en œuvre des «tarifs réciproques» en augmentant les droits de douane américains pour qu'ils correspondent aux droits de douane que d'autres pays imposeront sur les importations à partir du 2 avril. Il a ordonné des droits de douane de 25 % sur toutes les importations d'acier et d'aluminium aux États-Unis à compter du 12 mars.
M. Trump a également évoqué l'idée d'imposer des droits de douane sur les automobiles et les produits forestiers en avril. Il a aussi signé mardi un décret exécutif pour examiner une taxe sur le cuivre.
Il semble lui-même avoir du mal à suivre son programme massif de droits de douane. Mercredi, le président a déclaré que les droits de douane sur le Canada et le Mexique seraient appliqués le 2 avril – une affirmation qui a été rapidement clarifiée par le secrétaire au Commerce, Howard Lutnick.
«Pour ce qui est des questions liées au fentanyl, ils travaillent dur à la frontière. À la fin de ces 30 jours, ils doivent prouver au président qu'ils l'ont satisfait à cet égard», a dit M. Lutnick, précisant que le délai était différent de celui des «tarifs réciproques». «S'ils l'ont fait, il leur accordera une pause – ou pas», a-t-il ajouté.
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De son côté, Donald Trump a déclaré qu'il serait «difficile à convaincre».
Les données des douanes et de la police des frontières américaines montrent que le nombre de personnes et la quantité de drogues qui entrent illégalement aux États-Unis depuis le Canada sont minuscules par rapport au volume qui traverse la frontière sud.
Le chef de la police des frontières, Mike Banks, a déclaré aux médias américains la semaine dernière que les passages illégaux à la frontière sud avaient diminué de plus de 90 % par rapport à la même période l'année dernière. On a également constaté une baisse significative des passages à la frontière nord.
Le responsable de la Maison-Blanche a fait savoir que, pour l'instant, les droits de douane contre le Canada entreraient en vigueur mardi. Cela pourrait changer, a-t-il ajouté, en fonction de l'issue des négociations en cours.
Des ministres fédéraux et les premiers ministres provinciaux se sont rendus à Washington ces dernières semaines pour tenter de découvrir ce qu'il faudrait pour amener le président Trump à abandonner ses plans tarifaires. Beaucoup d'entre eux disent que le plan frontalier du Canada a reçu des réponses positives à Washington.
Mais on ne sait toujours pas ce que veut M. Trump, car le président continue de se plaindre de la situation commerciale et d'appeler le Canada à devenir un État américain.
Le ministre fédéral de la Sécurité publique, David McGuinty, et le nouveau «tsar du fentanyl», Kevin Brosseau, ont été les derniers à faire une poussée diplomatique à Washington cette semaine.
Kirsten Hillman, l'ambassadrice du Canada aux États-Unis, a déclaré que M. Brosseau «est l'homme le plus populaire en ville» et que «tout le monde veut lui parler».
Elle a soutenu que, si les États-Unis demandent au Canada de prendre des mesures sur des questions qui comptent pour les deux pays – comme le fentanyl – il est important de répondre. Mais il est maintenant clair que ces efforts risquent fort de ne pas empêcher les droits de douane.
«Nous devons simplement procéder étape par étape et reconnaître qu'il s'agit d'une relation que nous devons gérer avec un partenaire qui souhaite utiliser ces outils économiques», a déclaré Mme Hillman lors d'un événement organisé par le Canada au Capitole mardi.
La perturbation des relations commerciales par Donald Trump et son mépris des alliances de longue date ont envoyé des ondes de choc au Canada et dans le monde entier. Le dernier bouleversement politique s'est produit mardi lorsque le premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador, Andrew Furey, a démissionné, citant le président «fou» parmi les raisons expliquant son départ.
Le consul général du Canada à New York, Tom Clark, a déclaré que le programme tarifaire de M. Trump change le monde. Selon lui, à un moment donné, le président devra soit le mettre à exécution, soit l'abandonner.
«Trump doit montrer qu'il ne bluffe pas à outrance et je pense que ce moment approche», a affirmé M. Clark à Washington mardi.
«Est-ce qu'il bluffe? Est-ce que c'est de la poudre aux yeux ou est-ce réel? Nous le saurons.»
De nombreux experts avancent que les actions de Donald Trump visent à secouer le Canada et le Mexique avant une révision du pacte commercial continental. L'accord Canada-États-Unis-Mexique a été négocié pendant la première administration Trump pour remplacer l'Accord de libre-échange nord-américain.
M. Clark a déclaré que le Canada doit saisir ce moment, car l'état du pays dans cinq ans dépendra de ce qui sera fait au cours des cinq prochaines semaines.
«Quand vous êtes menacé, quand quelqu'un vous pointe une arme sur la tempe et que, soudain, dans un moment de lucidité, vous comprenez certaines choses, c'est peut-être une bonne chose. Et avec un peu de chance, il n'y a pas de balle dans l'arme», a-t-il indiqué.