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Desjardins met ainsi plus d’argent de côté en cas de pertes.
Le Mouvement Desjardins a augmenté ses excédents de plus de 1 milliard $ en 2024. Malgré cette croissance de 48,5 %, la coopérative met de côté plus d’argent pour d’éventuelles pertes dans un contexte économique incertain.
Le spectre d’un conflit commercial avec les États-Unis embrouille l’horizon économique, explique le président et chef de la direction du Mouvement Desjardins, Guy Cormier, en conférence de presse, mardi, dans le cadre de la publication des résultats de l’exercice 2024.
«C'est clair que cette situation-là crée de l'incertitude économique, socio-économique, financière pour nos membres et nos clients, surtout pour le secteur entreprise.»
Desjardins met ainsi plus d’argent de côté en cas de pertes. La dotation pour pertes de crédit en 2024 atteint 597 millions $, en hausse de 68 millions $.
La coopérative avait déjà augmenté significativement sa dotation pour perte en 2023. Elle avait presque doublé pour atteindre 529 millions $, tandis qu’on observait un ralentissement dans les secteurs les plus touchés par la baisse des dépenses discrétionnaires dans un contexte de forte inflation.
«Essentiellement, quand on a terminé notre année financière en 2024 et qu'on travaillait sur nos états financiers en début d'année, on voyait bien un peu tout le contexte de tarifs qui pourraient être imposés», raconte M. Cormier.
L'équipe de Desjardins a déjà contacté de manière «proactive» ses clients plus vulnérables dans le segment entreprise. «On était déjà en contact avec des membres d'entreprise depuis quelques mois. Donc, on avait déjà identifié des entreprises dans le secteur manufacturier. On peut penser au secteur de l'acier, de l'aluminium, du bois, de la foresterie.»
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Cette provision ne veut pas dire que les défauts de paiement ont déjà augmenté, nuance le chef de la direction financière, Alain Leprohon.
«La possibilité de tarifs, les impacts que ça pourrait amener, ça nous a amenés à être un petit peu plus prudents dans nos prévisions, explique-t-il. Donc, ce n’est pas des prêts spécifiques qui sont douteux. C'est plus un contexte plus général.»
M. Cormier constate qu’il y a une certaine «fébrilité » dans le milieu des affaires, mais il souligne que les entreprises ont déjà dû composer avec plusieurs vents contraires dans les dernières années, comme la pandémie, l’inflation ou la hausse des taux d’intérêt.
Tous les projets d’investissements n’ont pas été mis sur pause en raison des craintes, ajoute-t-il. Il note que tous les secteurs ne sont pas nécessairement frappés de la même façon par d’éventuels tarifs américains. Il affirme que des entreprises ont aussi signifié leur intention d’investir pour améliorer leur productivité.
Le Mouvement Desjardins serait dans une bonne posture pour affronter l’horizon incertain qui se pointe en 2025, assure M. Cormier.
L’excédent avant ristourne, l’équivalent des profits pour une coopérative, atteint 3,4 milliards $ au cours de l’exercice 2024, selon les résultats dévoilés plus tôt en début d’après-midi. Il s’agit d’une augmentation de 48,5 %. Les revenus d’intérêts et les revenus du secteur de l’assurance-dommages sont en croissance.
Ses ratios de fonds propres s’établissent à 22,2 % au 31 décembre 2024, une amélioration par rapport à 20,4 % à la même période l’an dernier. «Ça nous met dans une excellente posture pour passer à travers une conjoncture qui pourrait être plus difficile au cours des prochaines années», souligne le patron de Desjardins.
La coopérative a augmenté sa ristourne de 25 millions $ pour atteindre 437 millions $, toujours au cours de l’exercice 2024. En ajoutant les commandites, dons et bourses d’études, Desjardins a remis 557 millions $ à la collectivité.
L’année 2025 sera également une année charnière pour les renouvellements hypothécaires. Près de 1,2 million de prêts hypothécaires à taux fixe seront renouvelés en 2025, selon les données de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL).
Plus de 85 % ont été souscrits au moment où le taux directeur de la Banque du Canada était égal ou inférieur à 1 %. Le taux directeur est à 3 % depuis la baisse du 29 janvier.
«Si vous regardez la situation actuellement, on pourrait dire que la quasi-totalité des gens qui se retrouvent avec un renouvellement hypothécaire va se retrouver avec un taux d'intérêt qui va être plus élevé», prévient le chef de l’exploitation, Réal Bellemare.
Dans ce contexte, les emprunteurs seront assurément plus motivés dans leurs recherches pour obtenir le meilleur taux d’intérêt. «Les gens veulent s'assurer d'avoir le meilleur taux possible. Donc oui, ça va être un environnement qui est compétitif de ce côté-là», prévoit M. Bellemare.
En 2024, les parts de marché de Desjardins ont légèrement augmenté, ajoute M. Cormier. Il juge que la relation qu’entretient la coopérative avec ses membres lui permet de composer avec une possible augmentation de la concurrence si certaines institutions financières se montraient plus agressives.