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Le CN a indiqué dans un courriel que la sécurité était la principale préoccupation derrière les nouvelles règles.
Des documents internes montrent que la ponctualité de Via Rail a atteint de nouveaux creux ces derniers mois, une baisse que la société d'État attribue en grande partie à la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada (CN).
Des dossiers obtenus grâce à une demande d'accès à l'information montrent que les trains de Via Rail, qui circulent principalement sur les voies du CN, sont arrivés en retard dans le corridor Québec-Windsor 80 % du temps en février et les deux tiers du temps en janvier.
Il s'agit d'une augmentation significative par rapport aux retards inférieurs à 30 % enregistrés au cours des deux mêmes mois l'an dernier.
Dans des documents judiciaires déposés en novembre, Via Rail déclarait que les restrictions de vitesse récemment imposées à ses trains de passagers Venture causaient des retards dans son corridor le plus achalandé, affectant des milliers de passagers chaque jour. Via Rail a demandé une injonction pour lever les restrictions.
Le CN a répondu qu'il avait imposé ces restrictions aux passages à niveau en raison des risques associés à des trains similaires.
Le CN a indiqué dans un courriel que la sécurité était la principale préoccupation derrière les nouvelles règles, qui obligent les chefs de train à ralentir à chaque passage à niveau pour confirmer visuellement que la barrière de sécurité a été abaissée.
«Ils demandent au CN de jouer avec la sécurité. Nous ne le ferons pas», a déclaré le porte-parole Jonathan Abecassis.
Les voyageurs constatent les retards fréquents. La satisfaction des passagers a chuté au quatrième trimestre de 2024, selon un résumé de Via Rail sur les effets des restrictions.
«Nous constatons une baisse des ventes de billets et des passagers abandonnant le train pour d'autres modes de transport», indique le document.
Les nouvelles règles se résument à la détection des trains à l'approche d'un passage à niveau, un processus qui repose sur des courants électriques transportés par les roues et les essieux sous les voitures. Les 24 essieux des trains Venture sont inférieurs aux 32 qui sont exigés par le CN aux passages à niveau depuis l'automne dernier pour garantir l'abaissement des barrières, le bon fonctionnement des signaux sonores et le clignotement des feux.
«Bien avant l'achat des trains par Via, le CN avait signalé le problème des trains Venture et se réservait le droit d'imposer des restrictions. Via a été informée du problème à plusieurs reprises et a choisi d'aller de l'avant malgré tout», a déclaré M. Abecassis.
De son côté, Via Rail fait valoir que les restrictions généralisées à la circulation aux passages à niveau n'ont été instaurées que l'automne dernier, environ deux ans après la mise en service du premier train Venture. Le CN était au courant de l'arrivée des nouveaux trains et a publié un bulletin en décembre 2021 autorisant la circulation des Ventures entre Toronto et Montréal, selon les documents judiciaires de Via.
Via Rail soutient que le véritable problème réside dans l'infrastructure ferroviaire appartenant au CN, qui a l'obligation d'entretenir le chemin de fer. Via Rail a cité un avis publié par le plus grand chemin de fer du pays qui, selon la société d'État, révèle que le CN est conscient de la qualité déficiente des voies.
L'instruction spéciale de mars 2024 stipule que «les dispositifs d'avertissement automatiques sont défectueux» à un passage à niveau sur un tronçon de voie ferrée entre Québec et Montréal, une subdivision où se trouvent bon nombre des problèmes de détection cités par le CN.
Le CN, et non Via Rail, doit apporter des modifications pour permettre aux trains de franchir les passages à niveau plus rapidement, a déclaré le transporteur.
«Via Rail n'accepte pas que le CN puisse, par le biais d'instructions spéciales, transférer au matériel roulant et aux employés de Via Rail [...] la responsabilité de disposer d'infrastructures adéquates et d'entretenir son équipement afin de garantir sa conformité à la réglementation sur la sécurité des passages à niveau», a affirmé Nicolas Panetta, directeur de la préparation du réseau et de la gouvernance de la sécurité ferroviaire de Via Rail, dans une déclaration sous serment en décembre.
Le CN a rejeté cette accusation.
«Le CN n'a aucun intérêt à ralentir arbitrairement la vitesse des trains de Via Rail, car cela réduit notre capacité à faire circuler nos trains, qui alimentent l'économie», a déclaré M. Abecassis dans un courriel.