Noovo Info révélait il y a quelques semaines que les infirmières de l’Hôpital Fleury s’éclairaient avec leur cellulaire pour procéder à certains soins sur les patients. Depuis la direction s'est procuré quatre lampes frontales, un achat que le syndicat qualifie de ridicule puisque selon lui, les lampes en question ne sont pas d’usage médical. Les infirmières sont censées s’en servir lors de l’installation de sonde urinaire par exemple. Le syndicat dit qu’il s’attendait plutôt à ce qu’on éclaire les lieux avec des lampes sur pied pour que le patient puisse aussi l’utiliser.
«C’est de la médecine de brousse», dénonce Isabelle Roy présidente du syndicat des professionnels en soins du CIUSSS du Nord-de-l'Île-de-Montréal.
«La sorte de lampe frontale on voit qu’on peut l’acheter pour 30$ au Canadian Tire on n’a même pas opté pour des lampes frontales médicales qui évitent de faire de l’ombrage.»
De plus, des lits ne se sont pas munis de rideaux en ce moment, de sorte que les infirmières se cachent sous des couvertures pour procéder à certaines tâches afin de respecter l’intimité des patients.
Sur une photo fournie à Noovo Info, on voit aussi que deux matelas ont été empilés sur le sol dans un petit local qui sert de zone de repos pour les femmes qui travaillent 16 à 20 heures par jour.
«Disons qu’au niveau de la reconnaissance des employées, ça laisse à désirer». Ajoute Mme Roy.
La direction se défend
Dans une déclaration écrite, le CIUSSS justifie son choix en expliquant que des rénovations sont en cours pour une nouvelle urgence et assure qu’il installera des rideaux portatifs. Le projet de modernisation va également permettre d’augmenter l’espace disponible insiste-t-on.
«Un achat de quatre lampes frontales a été effectué à la suite d’une demande des infirmières travaillant à l’urgence de l’hôpital Fleury, visant à pallier le manque de luminosité à certains endroits. Les lampes sont peu utilisées présentement», mentionne le CIUSSS
«Nous sommes conscients que la disposition des espaces de l’urgence de l’hôpital Fleury n’est pas optimale. La sécurité des employés et des patients n’est toutefois pas en jeu et des moyens sont mis en place pour assurer le bien-être des patients (pose de rideaux portatifs par exemple).»
Les voix syndicales s’élèvent contre l’austérité
Devant le CHUM, le syndicat CSN a dénoncé mercredi matin les contradictions des coupes dans le réseau.
«Nous, au CHUM, on est dans la troisième vague de coupures. On est rendus à 117 postes de soins directs aux patients qui sont coupés», précise Anick Mailhot, présidente du Syndicat des employés du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (SECHUM).
Noovo Info a rencontré Rémi Grenier, un jeune agent administratif de 22 ans qui travaillait au CHUM depuis deux ans toutes les fins de semaine, mais dont le poste a été supprimé. Il est maintenant sur appel, une situation difficile à combiner avec ses études à temps plein. Il raconte qu’il était en quelque sorte le premier visage que les patients voyaient et qu’il lui arrivait régulièrement de rassurer les gens. Son absence alourdit maintenant la tâche des équipes de soins de fin de semaine, selon lui.
«En fait, ce sont les infirmières, les auxiliaires et les préposés qui doivent faire une job administrative et eux ont des salaires beaucoup plus élevés. Au final, ça coûte plus cher pour ce qu’ils font et ce ne sont pas des services aux patients. Puis ça me donne l’impression que tout ça me pousse indirectement à quitter le réseau de la santé, parce que je n’ai plus de sécurité», a-t-il rapporté.
De la radiologie à la cuisine
Thierno Hamidou Dramé, quant à lui était assistant-technicien en radiologie et a dû supplanter un employé de la cuisine.
«Ça m’a affecté dans ma vie personnelle. J’ai des enfants, j’avais une routine qui est complètement bouleversée. Je pense même à me réorienter», laisse-t-il tombé visiblement ému.
Le gouvernement «dilapide» l’argent
En vue du budget de la semaine prochaine, la CSN, qui représente 120 000 employés du réseau, lance un cri du cœur au gouvernement et implore le ministre Dubé de revenir sur son plan d’austérité.
La présidente de la CSN, Caroline Senneville, montre du doigt les récentes baisses d’impôts aux contribuables qui, selon elle, valorisent les plus riches au détriment d’un réseau de santé solide.
«Le gouvernement s’est privé de moyens, il a octroyé des baisses d’impôts qui, on va se le dire, profitent aux gens qui gagnent le plus d’argent. On s’est privés de 1,7 milliard de dollars en 2023, encore plus en 2024 et ça va être encore plus en 2025 et ça a un effet cumulatif. Il a dilapidé l’argent! Il envoie de l’argent dans le Fonds des générations. Quand on n’a pas le moyen de faire l’épicerie, peut-être qu’on peut mettre moins d’argent dans le RÉER», a-t-elle répondu quand Noovo Info l’a questionnée sur ses attentes.
Le ministre de la Santé, Christian Dubé, a réagi à cette sortie syndicale lors d’une mêlée de presse. Il a martelé qu’il a la responsabilité d’optimiser le réseau et qu’il a pour ce faire, mandaté des gestionnaires compétents à Santé Québec.
À voir dans la vidéo.