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Santé

Plus de la moitié des patients évitent de consulter un médecin par manque d'accès

«Nous sommes de plus en plus préoccupés par les problèmes d’accessibilité aux soins de santé.»

Un médecin examine une patiente à l'aide d'un stéthoscope dans son cabinet médical à Stuttgart, en Allemagne, le lundi 28 avril 2008. LAPRESSE CANADIENNE/AP/Thomas Kienzle
Un médecin examine une patiente à l'aide d'un stéthoscope dans son cabinet médical à Stuttgart, en Allemagne, le lundi 28 avril 2008. LAPRESSE CANADIENNE/AP/Thomas Kienzle
Katrine Desautels
Katrine Desautels

L'accès aux soins de santé dans le réseau public se dégrade, montre un nouveau sondage de la firme SOM, commandé par le Collège des médecins du Québec (CMQ). Les résultats dévoilés lundi indiquent qu'au cours des 12 derniers mois, plus de la moitié de la population qui voulait consulter un médecin pour un problème de santé s’est privée de le faire en raison d'un accès difficile aux soins. 

Plus précisément, parmi les gens qui voulaient consulter un médecin et qui ne l’ont pas fait, le tiers étaient incapables d’obtenir un rendez-vous médical, et 21 % avaient l’impression que le délai serait trop long pour en obtenir un. Par ailleurs, les deux tiers des répondants ont dit avoir un médecin de famille. 

«Par rapport au sondage qu'on a fait en 2022, il y avait 40 % de la population qui avait décidé de ne pas consulter même s'ils en ressentaient le besoin, et ce chiffre-là est passé à 54 %. C'est sûr que ça me fait réagir, c'est très préoccupant, mais encore plus préoccupant le fait qu'un citoyen sur quatre a décidé de consulter au privé», a déclaré en vidéoconférence le Dr Mauril Gaudreault, président du CMQ. Plus que jamais, le gouvernement doit mettre en place des mesures concrètes, estime Dr Gaudreault. 

Lundi midi, le ministre de la Santé, Christian Dubé, a pris la parole lors d'un webinaire organisé par le CMQ sur la place du privé dans le système de santé. Il a fait savoir qu'il allait bientôt retourner en commission parlementaire pour faire adopter le projet de loi 83 qui forcerait entre autres les nouveaux médecins à passer les cinq premières années de leur pratique dans le réseau public. 

M. Dubé a précisé que des ajouts seraient apportés au projet de loi, sans toutefois les divulguer avant de les avoir présentés à l'Assemblée nationale en bonne et due forme. «Il va y avoir des amendements qui tiennent comptent des recommandations qu'on a eues. Le projet de loi 83 va aller un peu plus loin que ce qu'on a mis initialement», a-t-il indiqué. 

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D'autre part, M. Dubé s'est montré ouvert à ce qu'une consultation publique soit lancée au sujet du privé en santé. «Mais je ne suis pas le seul à qui revient la décision», a-t-il souligné. 

Le privé doit être encadré, plaide Dr Gaudreault

Les données recueillies montrent que 26 % des patients ont décidé de consulter un médecin au privé, alors qu'en 2022, 14 % des personnes interrogées avaient déboursé des frais lors de leur plus récente consultation médicale.

«La science nous dit que le privé n'est pas une solution. La science nous dit que de donner trop de place au privé va faire en sorte de diminuer l'importance du public, va venir altérer les soins, va faire une sorte qu'une partie plus aisée de la population va pouvoir avoir accès à des soins alors que des gens qui le sont moins, des gens vulnérables, des gens qui sont moins pourvus financièrement, n'auront jamais ce type d'accès, a déploré Dr Gaudreault. Pour nous, au Collège, cette médecine à deux vitesses n'est pas le contrat social que nous avons décidé comme société il y a maintenant 50 ans de cela.»

Le président du CMQ a nuancé qu'il n'est pas contre le privé en santé. «Je suis contre le fait que ça ne soit pas encadré et que ça soit un peu débridé la façon avec laquelle ça se passe dans le privé. Je pense qu'il faut s'organiser pour que les systèmes public et privé soient complémentaires en s'organisant pour que l'encadrement du privé se fasse par le réseau public», a-t-il expliqué. 

Appelés à se prononcer sur certaines mesures proposées par le gouvernement ou le Collège, la majorité des médecins sondés ont affirmé que la mesure la plus pertinence serait d'assouplir les exigences en lien avec les plans régionaux d'effectifs médicaux (PREM). 

Les PREM obligent tout nouvel omnipraticien qui désire s'installer dans une région de pratique de demander un avis de conformité du département régional de médecine générale. S'il n'obtient pas l'avis de conformité, par exemple si les besoins sont comblés dans la région où il veut s'établir, le médecin aura une importante réduction de sa rémunération. Les PREM permettent notamment une meilleure répartition des médecins de famille à travers les régions du Québec. 

Le sondage SOM a été réalisé en ligne du 28 février au 10 mars 2025. En tout, 1256 membres du CMQ ainsi que 1031 personnes du public y ont participé.

Katrine Desautels
Katrine Desautels