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Politique

«Je suis usé»: «GND» quitte son poste de co-porte-parole de QS

«Les deux dernières années n'ont pas seulement été dures pour Québec solidaire. Elles ont aussi été dures pour moi.»

Reportage :
/ Noovo Info
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Le congé parental dont il a profité au cours des derniers mois aura permis au chef parlementaire de Québec solidaire (QS), Gabriel Nadeau-Dubois, d'en arriver à une décision: il quittera la vie politique au terme de son mandat.

Pour permettre à son parti de mener une transition «en ordre» d'ici aux prochaines élections provinciales, M. Nadeau-Dubois a indiqué jeudi avoir remis sa démission à titre de co-porte-parole et de chef parlementaire.

«Cette décision est le fruit d'une longue réflexion. Dans les dernières années, je me suis consacré à la construction d'une gauche qui va au-delà de la contestation. D'une gauche qui est capable de former un gouvernement pour changer la vie des gens du Québec, ici et maintenant», a-t-il déclaré.

«Je dois me rendre à l'évidence: les deux dernières années n'ont pas seulement été dures pour Québec solidaire. Elles ont aussi été dures pour moi.» 
-Gabriel Nadeau-Dubois

«GND» a reconnu que les récents tumultes au travers desquelles était passée sa formation politique avaient «laissé des traces» et qu'il avait perdu de son élan politique en cours de route.

«Je suis usé», a-t-il laissé tomber. «Je ne peux plus continuer dans ces circonstances, maintenant que je suis père de deux enfants.»

M. Nadeau-Dubois a ajouté qu'il ne voulait pas devenir un politicien «s'accrochant à ses fonctions comme à une bouée de sauvetage, même s'il est devenu évident que les choses ne fonctionnent plus». Le député de Gouin a poursuivi en expliquant que face à la «montée de la droite radicale partout autour de nous», il avait envie de permettre à de nouvelles figures de la gauche d'émerger.

Mais malgré son départ éventuel de la vie politique, M. Nadeau-Dubois s'est montré clair: il ne renoncera pas pour autant à «l'indignation et l'espoir» qui l'habitent.

«Il n'y a aucune raison d'arrêter de s'indigner. Il y a trop de choses qui ne tournent pas rond au Québec. Chaque jour dans nos écoles, il y a des milliers d'enfants qui ont le ventre vide. Chaque année, il y a des familles honnêtes qui se font appauvrir parce qu'il y a des spéculateurs qui veulent faire une piastre de plus», a-t-il illustré.

S'il ne sait pas encore à quoi il consacrera le prochain volet de sa vie, «GND» promet qu'il restera à jamais «allergique aux injustices». «Mon amour pour le peuple québécois continue de grandir. Les batailles que j'ai menées dans les 15 dernières années, je vais continuer de les mener. Je vais le faire différemment, mais je vais le faire. Je ne sais pas exactement  comment je vais le faire, mais je vais le faire», a-t-il assuré. Il a toutefois écarté toute participation à d'éventuelles campagnes politiques fédérales ou municipales.

À quelques mois de son départ de QS, la voix chargée d'émotions, Gabriel Nadeau-Dubois a tenu à remercier tous ceux qui l'avaient accompagné, avec une mention spéciale pour sa conjointe et pour Manon Massé.

Le chef parlementaire de QS et député de Gouin avait annoncé mercredi soir qu'il ferait une annonce «importante» sur son avenir politique jeudi. 

Nadeau-Dubois est absent de l’Assemblée nationale depuis décembre en raison d’un congé parental. Dans un message sur le réseau social X lundi, il a écrit qu'il était de «retour en fonction aujourd'hui», mais que des raisons familiales l'ont retenu à Montréal cette semaine.  «Je serai de retour à l'Assemblée nationale la semaine prochaine», a-t-il ajouté.  

Vague de soutien à l'Assemblée nationale

L'annonce de Gabriel Nadeau-Dubois n'a pas manqué de faire réagir ses collègues à l'Assemblée nationale.

La co-porte-parole de QS Ruba Ghazal a confié être attristée de la décision de son collègue, mais heureuse de le côtoyer jusqu'aux prochaines élections provinciales, prévues en 2026. «Gabriel a toujours été animé par un objectif clair: faire gagner la gauche au Québec, construire une société plus juste pour tous les Québécois et les Québécoises. Il ne sera peut-être plus notre porte-parole, mais ses combats restent nos combats à Québec solidaire: pour une éducation gratuite, pour la protection de l’environnement, pour nourrir les enfants dans nos écoles, pour un gouvernement éthique qui gouverne dans l’intérêt du peuple plutôt que pour les élites économiques», a-t-elle ajouté.

Le premier ministre, François Legault, a souligné l'engagement politique de celui avec qui il a à plus d'une reprise croisé le fer au Salon bleu. «Gabriel est un homme intelligent et agréable à côtoyer. Il a toujours défendu ses convictions avec passion. Malgré nos désaccords, j’ai eu du plaisir à échanger avec lui en période des questions», a-t-il mentionné dans une publication sur les réseaux sociaux.

Du côté des libéraux, le chef du Parti libéral du Québec, Marc Tanguay, a affirmé que de côtoyer son vis-à-vis solidaire avait été un plaisir. «La politique, c’est des idées qui s’affrontent, mais aussi des gens qui se rencontrent», a-t-il indiqué.

Rappelant d'entrée de jeu leurs positions à l'opposé sur le spectre politique, le chef du Parti conservateur du Québec, Éric Duhaime, a cependant tenu à mettre en lumière les qualités de M. Nadeau-Dubois, évoquant son intelligence et ses talents de communicateur.

«Gabriel est un homme de gauche et indépendantiste sincère. Nous avons eu évidemment des désaccords sur le fond des choses, mais je tiens à souligner la constance, la détermination et le talent qu’il a démontrés dans son engagement politique», a de son côté exprimé le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon.

Une année difficile pour QS

Lundi, la candidate du parti pour l’élection partielle dans Terrebonne, Nadia Poirier, a terminé avec seulement 4,55 % des votes. Elle avait obtenu 12,65 % lors de l’élection générale de 2022. 

QS a eu une année 2024 difficile en raison de controverses. Émilise Lessard-Therrien a démissionné de son poste de co-porte-parole en avril dernier, quelques mois seulement après avoir été élue. 

Ce départ avait provoqué des tensions à l’interne quant au style de leadership de Gabriel Nadeau-Dubois.

Puis, en novembre, le député solidaire de Maurice-Richard, Haroun Bouazzi, a mis le feu aux poudres en affirmant qu’il voyait «tous les jours» à l’Assemblée nationale «la construction de cet Autre» dont la culture «serait dangereuse ou inférieure».

Il a ensuite refusé de s’excuser et a jeté de l’huile sur le feu lors d’une entrevue à la radio de Radio-Canada. Ses déclarations ont provoqué des divisions entre les militants du parti et un important malaise au sein des députés solidaires.

Avec des informations de Julien Denis pour Noovo Info

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/ Noovo Info
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