Début du contenu principal.
Le consortium Cadence est responsable de mener le «plus grand projet d'infrastructure de l’histoire du Canada.»
Le premier ministre Justin Trudeau a officialisé le projet Alto, un projet de TGV qui doit relier Québec et Toronto incluant des arrêts à Trois-Rivières, Laval, Peterborough, Ottawa et Montréal.
C’est le consortium Cadence qui a obtenu la responsabilité de mener à terme le «plus grand projet d’infrastructure de l’histoire du Canada».
Voyez le compte-rendu de Jean-François Poudrier dans la vidéo liée à l'article.
Le cabinet du premier ministre estime que le Canada fournira 3,9 milliards de dollars sur six ans pour financer la présente phase de co-développement. Cela s’ajoute aux 371,8 millions de dollars alloués dans le budget 2024 du gouvernement.
«L’entreprise Cadence a été sélectionnée avec soin pour s’occuper non seulement des phases de conception conjointe et de construction du projet, mais aussi de celles du financement, de l’exploitation et de l’entretien», a-t-on expliqué.
À VOIR | Le ministre Jean-Yves Duclos commente le projet de TGV
Une fois cette étape terminée, le projet doit passer à la phase de construction.
Comme le coût final, le tracé officiel et la position des stations ne sont pas encore connus. Le montant de «100 milliards» a déjà été évoqué par de nombreux intervenants liés au dossier.
On sait toutefois que le trajet doit s’étendre sur environ 1000 kilomètres et permettra de rejoindre Toronto à partir de Québec en trois heures. Les trains seront entièrement électriques et pourront atteindre des vitesses de 300 km/h.
«Près de la moitié de la population de notre pays vit ici», a expliqué la ministre fédérale des Transports Anita Anand, faisant référence à la zone entourant le corridor. «Le système de transport existant n’a pas suivi le rythme.»
Martin Imbleau, président et directeur général d’Alto, a souligné que le projet aura besoin de «quatre ou cinq ans» de développement avant d’avoir un échéancier clair et précis.
«Aujourd'hui, on dépasse le stade des idées, des débats, des discussions pour enfin entrer dans sa phase de développement», a-t-il ajouté.
Qu'en est-il de la viabilité du projet si les libéraux devaient perdre le pouvoir aux prochaines élections fédérales? «Les gouvernements à venir eux-mêmes prendront des décisions […] Mais cet investissement sera très difficile à annuler en cours de route», a mentionné le premier ministre Trudeau.
Le contrat entre Ottawa et Cadence (formé de CDPQ Infra, d'AtkinsRéalis, de Keolis, de SYSTRA, de SNCF Voyageurs et d'Air Canada) doit d’ailleurs être signé dans les prochaines semaines. La construction du projet pourrait créer jusqu'à 51 000 emplois.
En 2021, le gouvernement Trudeau a dévoilé les premiers plans pour un nouveau corridor ferroviaire d'un train à grande fréquence (à ne pas confondre avec le TGV) avec des arrêts à Toronto, Peterborough, Ottawa, Montréal, Laval, Trois-Rivières et Québec. À l'époque, Ottawa estimait que cela coûterait entre 6 et 12 milliards de dollars.
En réaction, la Fédération canadienne des contribuables (FCC) dénonce la décision du premier ministre Justin Trudeau d’emprunter des milliards de dollars pour un projet de train à grande vitesse entre Toronto et Québec.
«Trudeau ne sera premier ministre que pour quelques semaines encore, il n’a donc aucune légitimité pour endetter davantage les contribuables avec un nouveau gouffre financier », a déclaré Franco Terrazzano, directeur fédéral de la FCC.
«Quelqu’un doit lui retirer la carte de crédit avant qu’il ne creuse encore plus le déficit du pays.»
La FCC juge illogique qu'Ottawa injecte des milliards de dollars dans un projet comme le TGV alors qu'il accumule déjà les déficits en plus de dépenser des millions de dollars pour renflouer VIA Rail.
«La dernière chose dont les contribuables ont besoin, c’est d’un nouveau fiasco financier qui augmentera le poids de la dette sur leurs impôts», a pour sa part affirmé Nicolas Gagnon, directeur Québec pour la FCC. «Les finances publiques sont dans le rouge, les contribuables sont surtaxés, et il est irresponsable de la part de Trudeau d’accroître davantage la dette du pays à la veille de son départ.»
«Ce projet doit aller de l'avant», a souhaité de son côté le maire de Laval Stéphane Boyer. «Un train à grande vitesse est un projet très structurant pour notre avenir. La plupart des grandes villes d’aujourd’hui existent parce que nos ancêtres ont investi dans des modes de déplacements plus efficients qui ont fait avancer la société. Que ce soit pour le tourisme, le développement économique, les études ou pour se rapprocher d’un membre de la famille, les retombées seront majeures», a-t-il écrit.
Le conservateur Phil Lawrence, ministre du cabinet fantôme responsable des Transports, affirme que cette annonce constitue «une autre promesse sans détails qui prendra des années et coûtera 3,9 milliards de dollars en planification et en bureaucratie, sans qu’une seule voie ne soit posée.» M. Lawrence doute de la faisabilité du projet notamment en raison du départ annoncé de Justin Trudeau et de l'actuelle ministre des Transports Anita Anand.
Le Bloc québécois dit accueillir «avec soulagement» cette annonce, reprochant aux libéraux d'avoir «mis neuf ans et trois mandats avant de finalement se décider». Le député de Trois-Rivières, René Villemure, et le porte-parole du Bloc en matière de transports, Xavier Barsalou-Duval, applaudissent la décision d'avoir abandonné l'option du train à grande fréquence, «une technologie désuète», affirment-ils par voie de communiqué.
Le NPD, pour sa part, se réjouit de voir l'idée d'un TGV se matérialiser, mais dénonce l'implication d'un partenaire privé, estimant que cela avantagera les «amis corporatifs» des libéraux. Les néo-démocrates souhaiteraient plutôt que le projet soit confié au secteur public, soutenant que les modèles utilisant le privé tendent à pousser les coûts à la hausse et à être marqués par les délais. Par ailleurs, ils exigent des garanties écrites que le TGV sera construit par des travailleurs canadiens avec de l'acier et de l'aluminium canadiens.
Avec des informations de Jennifer Gravel, Noovo Info ainsi que de CTV News et de la Presse canadienne