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9364 emplois seraient perdus dans le cadre d'une fermeture de l'entreprise.
Le glas sonne pour la plus ancienne entreprise du Canada.
La Baie d'Hudson a annoncé vendredi soir qu'à moins de trouver une solution plus viable, elle commencerait à liquider l'ensemble de ses activités dès la semaine prochaine, mettant ainsi en péril plus de 9000 emplois.
La chaîne de grands magasins, fondée en 1670 et comptant aujourd'hui 80 magasins, a déclaré avoir été contrainte à une liquidation complète, car des efforts «exhaustifs» n'ont pas permis de réunir le financement nécessaire au maintien d'une partie de son empire.
La fermeture de l'ensemble de l'entreprise, prévue dans l'attente d'une comparution en cour prévue lundi, entraînerait la perte de leur emploi pour les 9364 salariés de l'entreprise au Canada répartis dans ses magasins La Baie d'Hudson, ainsi que pour trois magasins Saks Fifth Avenue et 13 magasins Saks Off 5th, dont elle est propriétaire en vertu d'un accord de licence.
Même si la situation semble sombre, l'entreprise garde espoir. Elle se dit optimiste quant à sa capacité à mobiliser des capitaux et à trouver une solution avec les principales parties prenantes, notamment ses partenaires propriétaires, pour éviter une fermeture complète.
«Notre équipe a travaillé d'arrache-pied pour trouver une solution viable, et notre détermination est renforcée par le soutien indéfectible de nos clients et associés qui ont partagé des témoignages touchants sur La Baie d'Hudson et sur ce que nos magasins ont représenté pour eux, leurs familles et leurs communautés à travers les générations», a raconté Liz Rodbell, présidente-directrice générale de La Baie d'Hudson.
«Ces expériences marquantes nous rappellent pourquoi nous devons continuer à saisir toutes les occasions possibles pour obtenir le soutien nécessaire des principaux propriétaires et des autres parties prenantes afin de sauver La Baie.»
L'appel à l'aide de l'entreprise survient environ une semaine après qu'elle a dévoilé ses difficultés financières dans une demande de protection contre ses créanciers déposée auprès de la Cour supérieure de justice de l'Ontario.
Dans sa demande, La Baie d'Hudson a indiqué qu'elle était confrontée à des difficultés financières en raison de la faiblesse des dépenses de consommation, des tensions commerciales entre les États-Unis et le Canada et de la baisse de l'achalandage dans les magasins du centre-ville après la pandémie.
Les documents déposés montrent que l'entreprise doit plus de 950 millions $ à une liste de créanciers de 26 pages: propriétaires, fournisseurs et autres partenaires, dont des géants de la mode comme Ralph Lauren, Chanel, Columbia Sportswear, Diesel et Estée Lauder.
Jennifer Bewley, directrice financière de la société mère de La Baie d'Hudson, a admis dans un document déposé au tribunal le 7 mars que l'entreprise avait dû reporter certains paiements à ces entreprises pendant plusieurs mois en raison de ses grandes difficultés à honorer ses paiements aux propriétaires, aux prestataires de services et aux fournisseurs.
La situation était si grave qu'elle a déclaré qu'un propriétaire avait «illégalement verrouillé» La Baie d'Hudson à l'extérieur d'un magasin situé à Sydney, en Nouvelle-Écosse, et qu'une équipe d'huissiers avait tenté de saisir des marchandises dans un autre magasin de la société, à Sherway Gardens, un centre commercial de la banlieue de Toronto.
Le dépôt de bilan du 7 mars n'était pas censé précéder la fermeture de l'entreprise, car La Baie d'Hudson souhaitait maintenir l'entreprise en vie et maintenir opérationnelle la plus grande partie possible de son réseau tentaculaire.
Une semaine plus tard, l'entreprise se retrouve dans une situation bien plus précaire. Elle a déclaré que la liquidation magasin par magasin était nécessaire, car elle n'avait obtenu qu'un financement «limité» de débiteur-exploitant – une forme de financement que les sociétés peuvent solliciter à des fins de restructuration après avoir déposé une demande de protection contre les créanciers.
La Baie d'Hudson a posé les bases de sa demande de protection contre ses créanciers en scindant ses magasins Saks américains en une entité distincte l'an dernier après avoir acquis les grands magasins de luxe Neiman Marcus et Bergdorf Goodman, les sauvant ainsi des fermetures imminentes qui menacent maintenant la Compagnie de la Baie d'Hudson (HBC) au Canada.
Une liquidation complète au Canada non seulement plongerait une grande partie de la main-d'œuvre du secteur de la vente au détail du pays au chômage, mais laisserait également des espaces de location clés dans les centres commerciaux et des biens immobiliers de prestige dans les quartiers commerçants très fréquentés à combler.
Les magasins de la Baie d'Hudson comptent souvent plusieurs étages et occupent une superficie nettement supérieure à celle des autres détaillants.
La majeure partie des magasins de l'entreprise se trouve en Ontario, où elle compte 32 établissements et où travaillent plus de la moitié de ses employés. La Colombie-Britannique en compte 16, l'Alberta et le Québec en comptent chacun 13, et le Manitoba, la Nouvelle-Écosse et la Saskatchewan en comptent deux par province.
Les magasins canadiens de Saks Fifth Avenue sont répartis entre l'Ontario et l'Alberta, et Saks Off 5th possède des magasins en Ontario, en Colombie-Britannique, en Alberta, au Québec et au Manitoba.
Si son implantation pancanadienne et ses origines remontant au commerce de la fourrure au XVIIe siècle en ont fait un élément essentiel du tissu social canadien, l'entreprise est dirigée par des Américains depuis plusieurs décennies.
Le géant américain de l'immobilier Richard Baker, National Realty and Development Corp. Equity Partners, a racheté La Baie d'Hudson en 2008 à la veuve de Jerry Zucker, un homme d'affaires de Caroline du Sud, pour 1,1 milliard $.
M. Baker a introduit l'entreprise en bourse en 2012, puis l'a de nouveau privatisée grâce à une offre publique d'achat (OPA) qui a dû être renforcée à deux reprises pour obtenir l'approbation des actionnaires dans les semaines précédant les confinements liés à la pandémie de COVID-19 au Canada.
Les actionnaires étaient difficiles à apaiser, en partie parce que Baker présidait HBC alors que son action était en baisse, mais beaucoup pensaient que l'entreprise conservait une valeur considérable grâce à son parc immobilier.
Une fois leur approbation obtenue, il a admis que la marque avait encore du chemin à parcourir.
«Il faudra des capitaux patients et une vision à long terme pour exploiter pleinement le potentiel de HBC à l'intersection de l'immobilier et du commerce de détail», avait-il affirmé en mars 2020.
Une poignée de fermetures de magasins et de licenciements ponctuels au cours des deux dernières années suggèrent qu'il n'a pas été facile d'exploiter ce potentiel, car des concurrents, comme le grand magasin canadien Simon's ont pris de l'expansion et des géants du commerce en ligne comme Amazon, ont englouti les ventes.