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Denis Miousse, maire de Sept-Îles, sur la Côte-Nord, affirme ne pas s'attendre à des pertes d'emplois.
Les maires des villes productrices d'aluminium du Québec ont bon espoir que leurs régions pourront résister aux droits de douane de 25 % imposés sur le métal par le président américain Donald Trump.
Denis Miousse, maire de Sept-Îles, sur la Côte-Nord, affirme ne pas s'attendre à des pertes d'emplois, car l'Aluminerie Alouette, un important producteur d'aluminium établi dans la ville d'environ 950 employés, peut facilement réorienter ses exportations vers l'Asie depuis les États-Unis.
À Baie-Comeau, le maire Michel Desbiens affirme que sa ville ne panique pas, ajoutant que les droits de douane imposés par le président Trump entraîneront des hausses de prix des deux côtés de la frontière pour les produits composés d'aluminium.
Plus tôt cette semaine, M. Trump a imposé des droits de douane de 25 % sur tout l'aluminium et l'acier entrant aux États-Unis, ce qui a entraîné des droits de douane de rétorsion de 25 % du Canada sur des marchandises américaines d'une valeur de 29,8 milliards $. Le Québec est le plus grand producteur d'aluminium du continent, avec 30 000 personnes employées dans le secteur. Près de 90 % de l'aluminium canadien est exporté au sud de la frontière.
Patrick Bouillé, maire de Deschambault-Grondines, dans la région de la Capitale-Nationale, rapporte que les emplois dans le secteur de l'aluminium dans sa ville emploie environ 500 personnes -- en plus de nombreux autres emplois indirects dans la région -- ce qui en fait un moteur important de l'économie locale. Les droits de douane, a-t-il précisé, n'ont pas encore eu de réelle incidence sur ses activités.
«Nous sommes assez confiants de nous en sortir», a-t-il déclaré, ajoutant que les États-Unis ont besoin de l'aluminium de haute qualité fourni par le Québec.
«Il n'y a pas vraiment d'inquiétude, a-t-il continué, M. Trump se tire une balle dans le pied.»
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La Ville de Saguenay, pôle majeur de la production d'aluminium, affirme également n'avoir pris connaissance d'aucune mise à pied jusqu'à présent.
Bien que de nombreux maires québécois affirment que leurs municipalités n'ont pas connu de ralentissement économique, une entreprise de la Rive-Sud de Montréal dit en ressentir les effets. Cyrill AMP, spécialisée dans les panneaux architecturaux pour bâtiments, affirme que, depuis l'entrée en vigueur des tarifs, elle a été contrainte de licencier 10 de ses 80 employés et de réduire la semaine de travail de 40 à 35 heures.
David Théroux, directeur général de l'entreprise, attribue cette situation à une diminution des commandes et des contrats en provenance des États-Unis, un marché qui représente jusqu'à la moitié de l'activité de la société. L'un de ces contrats perdus était d'une valeur de 1,5 million de $ US.
«Nous savons que nous avons perdu ce projet en raison de l'incertitude», a-t-il déclaré, ajoutant que le contrat avait finalement été attribué à une entreprise américaine.
M. Théroux indique qu'il embauchait jusqu'en décembre et qu'il pourrait réembaucher certains des travailleurs licenciés si la situation se stabilise. Cependant, toute augmentation des tarifs supérieure à 25 % pourrait entraîner de nouvelles mises à pied.
Jean-Bernard Thomas, professeur invité au Département d'économie de l'Université d'Ottawa, affirme que les alumineries qui produisent un métal primaire non transformé, comme il est le cas de nombreuses usines québécoises, sont moins vulnérables aux tarifs douaniers ou aux fluctuations de prix que les transformateurs d'aluminium, tel que Cyrill AMP. Au Québec, les producteurs d'aluminium primaire ont également tendance à conclure des contrats à plus long terme, a ajouté M. Thomas.
Le président Trump utilise peut-être les tarifs douaniers pour encourager la production nationale d'aluminium des États-Unis, mais le pays n'a pas accès à l'abondance d'hydroélectricité du Québec, la ressource clé qui a permis à la province de produire de grandes quantités de métal.
Selon Ressources naturelles Canada, le Québec comptait neuf des dix producteurs d'aluminium primaire du pays en 2023, et le Canada se classait au quatrième rang mondial pour la production de ce métal, derrière la Chine, l'Inde et la Russie.