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Le gouvernement Legault débloque donc un budget de 300 millions $ afin d’aider les écoles et les centres de services scolaires, qui seront responsables de la mise en œuvre du plan.
Le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, a présenté mardi son plan de rattrapage scolaire afin de combler le vide occasionné par les grèves qui ont eu lieu au Québec au cours des dernières semaines.
Le gouvernement Legault débloque donc un budget de 300 millions $ afin d’aider les écoles et les centres de services scolaires, qui seront responsables de la mise en œuvre du plan.
Le ministre Drainville souhaite ainsi offrir de la «flexibilité» aux établissements. «On ne fera pas du mur-à-mur, les besoins sont différents d’une école à l’autre, d’un centre de services à l’autre», a précisé le ministre.
Ce plan de match, qui se décline en huit mesures, prévoit notamment du tutorat effectué sur une base volontaire en dehors des heures de classe, le midi ou le soir. Celui-ci sera assuré par les enseignants des écoles, retraités ou des étudiants en éducation.
Également, du rattrapage sera offert pendant la semaine de relâche. Des écoles pourraient être ouvertes pour aider les élèves. Des cours d’été gratuits seront aussi disponibles pour les élèves de 4e et 5e secondaire qui auraient échoué des cours.
En entrevue sur les ondes de Noovo Info, le ministre Drainville a affirmé être confiant que suffisamment de personnel répondra présent pour aider à rattraper le retard accumulé au cours de la grève.
Voyez l'entrevue de Bernard Drainville avec Marie-Christine Bergeron dans la vidéo liée à l'article.
«Il y a déjà 130 000 élèves au Québec qui ont du tutorat, donc on a déjà des enseignants qui, en dehors des heures de classe, supervisent et aident les enfants. On sait qu’il y a des enseignants qui vont vouloir le faire», a-t-il assuré.
Les deux prochaines semaines devraient servir à identifier les élèves qui vont avoir des besoins et les enseignants et membres du personnel scolaire qui ont le goût de participer à cette opération rattrapage rémunérée, a poursuivi M. Drainville.
Questionné à savoir s'il aurait pu annuler la semaine de relâche afin de consacrer celle-ci à rattraper du retard, le ministre a rétorqué qu'il n'avait pas ce pouvoir.
Les écoles devront mettre en place des mesures d'aide spécialisée pour élèves ayant des besoins particuliers. Selon le choix des moyens mis en place par les écoles et les centres de services scolaires, «cette aide pourrait se donner à l'extérieur des heures de classe, par le personnel spécialisé, à de petits groupes d'élèves qui ont les mêmes difficultés».
Des services d'accueil et de soutien supplémentaires seront également mis en place pour permettre aux élèves immigrants d'apprendre le français.
On compte par ailleurs bonifier de 42 millions $ le budget des organismes communautaires qui oeuvrent dans le secteur de l'éducation afin d'épauler les élèves en difficulté.
Le ministère de l'Éducation entend modifier la pondération des examens ministériels pour «accorder une part plus importante aux évaluations des enseignantes et enseignants».
Les épreuves ministérielles de 4e et 5e secondaire devraient donc compter pour 20% des résultats finaux des compétences évaluées plutôt que 50%.
Cette nouvelle pondération s'appliquerait aussi aux épreuves du primaire et du secondaire 2 qui compteraient pour 10% des résultats finaux au lieu de 20%.
Notons que les épreuves ministérielles de mai et juin pourraient être reportées de deux à sept jours selon les besoins.
Ainsi, dès cette semaine, les enseignants et les équipes-écoles procéderont à l’évaluation des besoins des étudiants. On communiquera avec les parents des élèves concernés par les mesures de rattrapage durant la semaine du 22 janvier.
Finalement, c’est lors de la semaine du 29 janvier que les mesures de soutien aux élèves débuteront. «Il est prévu de mettre à jour ces plans au printemps en fonction de l’évolution des besoins si cela s’avère nécessaire», indique-t-on.
Si Québec en est arrivé au chiffre de 300 millions $, c’est que le gouvernement prend pour acquis que «tous les élèves (environ 235 000) qui ont des besoins particuliers allaient recevoir de l’aide. On a calculé dans nos projections que 250 000 autres [...] recevraient des mesures de rattrapage», a expliqué le ministre Drainville. «Si on se rend compte qu’il faut en mettre davantage, on le fera», a-t-il assuré.
Voyez le compte-rendu de Simon Bourassa dans la vidéo ci-dessous.
La Fédération autonome de l’enseignement (FAE) accueille prudemment le plan de rattrapage. Si l'on salue le fait que le plan «repose sur les épaules de multiples acteurs de l’éducation et qu’il cible tous les secteurs», on demeure toutefois «prudent et réalistes» en ce qui concerne les résultats espérés.
«Le défi de ce plan repose sur l’identification réelle des besoins des élèves, sur le financement des mesures pour mettre en œuvre celles-ci et sur le temps imparti pour le faire», a mentionné Mélanie Hubert, présidente de la FAE.
«Ça aura pris une grève d’une vingtaine de jours pour mettre en place des mesures qui auraient dû être mises en place depuis 20 ans, ce pour quoi la FAE s’est battue pendant la grève générale illimitée », a ajouté Mme Hubert.
Voyez l'entretien de Mme Hubert avec le chef d'antenne Michel Bherer au bulletin Noovo Info 22.
De son côté, la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) accueille le plan de rattrapage scolaire avec satisfaction et quelques questionnements.
«Nous saluons le fait que le ministre n'y soit pas allé de mesures appliquées mur à mur» et «si le plan du ministre semble à priori inclure l'ensemble des catégories de personnel, nous maintenons que l'absence de véritables consultations des acteurs du réseau dans son élaboration n'a pas de sens», a indiqué Éric Gingras, président de la CSQ.
La CSQ s'inquiète également que le plan de rattrapage pose des risques de surcharge de travail pour le personnel enseignant.
À l'instar des syndicats d'enseignants, l'Association montréalaise des directions d'établissement scolaire (AMDES) s'est dite satisfaite de l'autonomie accordée aux établissements dans le plan du ministre Drainville.
«En centrant les mesures de rattrapage à partir des établissements et de l'évaluation des équipes-écoles, le ministre a donné une suite positive à nos propositions», a déclaré la présidente de l'AMDES, Kathleen Legault.
Avec la collaboration de Stéphane Blais de la Presse canadienne et de Jennifer Gravel et Émile Bérubé-Lupien pour Noovo Info.