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«(Ça ne suffit pas) de prendre des idées des conservateurs parce qu’ils pensent que les sondages vont aimer ça.»
L'attaque la plus forte du débat en anglais entre les candidats à la chefferie du Parti libéral du Canada (PLC) est venue de l'ex-leader parlementaire Karina Gould, qui a accusé «certains» de ses rivaux de s'inspirer des conservateurs de Pierre Poilievre.
«Certains de mes collègues ont pris des idées et des opinions des conservateurs. Et si ce sont de bonnes idées, c’est correct, mais (ça ne suffit pas) de prendre des idées des conservateurs parce qu’ils pensent que les sondages vont aimer ça», a dit mardi Mme Gould, en mêlée de presse après la joute oratoire.
Un peu plus tôt, son offensive avait été plus voilée, au cours du débat l'opposant à celui qui est vu comme le meneur de la course, Mark Carney, de même qu'à l'ex-ministre des Finances, Chrystia Freeland, et à l'ancien député montréalais Frank Baylis.
Mme Gould cherchait alors à se montrer à l'écoute des jeunes électeurs qui se sont détournés, au fil des années, des libéraux même s'ils avaient voté pour élire le premier ministre Justin Trudeau en 2015.
«La façon dont nous allons ramener les jeunes vers notre parti n'est pas en étant une version diluée des conservateurs et en n'étant pas ambitieux pour le Canada.»
Elle a fait valoir que les troupes libérales doivent plutôt proposer des «idées audacieuses pour ce pays où les Canadiens se sentiront inspirés et optimistes».
La députée de Burlington, en Ontario, n'a jamais indiqué à quels candidats précisément elle reproche de s'inspirer des conservateurs.
«Les libéraux gagnent des élections quand nous sommes (…) fidèles à nos valeurs et fidèles à nos convictions et je ne vais pas changer qui je suis parce que les sondages disent autre chose», a-t-elle dit, lorsque questionnée par les journalistes.
Mme Freeland a rétorqué, lorsque La Presse Canadienne lui a demandé si elle se sentait visée, qu'elle a beaucoup de différences avec M. Poilievre et qu'elle est une «vraie et fière libérale».
«Le Parti libéral a toujours été le parti qui a compris qu’on peut et on doit avoir (...) une économie forte avec des emplois, avec des investissements, avec des bons salaires, et qu’on peut et doit, en même temps, bâtir un filet social fort», a-t-elle poursuivi.
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Au cours du débat, Mme Freeland a semblé reprocher à M. Carney de reprendre des propos des conservateurs. «Nous devons faire très attention à ne pas répéter les points de vue des conservateurs, a-t-elle affirmé durant un segment du débat sur l'économie. Le Canada n'est absolument pas brisé. Nous sommes un pays fort et résistant.»
MM. Carney et Baylis cherchent aussi à démontrer, dans leurs plaidoyers aux membres inscrits libéraux qui pourront, dès mercredi, commencer à voter dans la course, qu'ils sont investis de façon sincère auprès de leur formation politique.
Par ailleurs, il est devenu clair, mardi soir, que les quatre candidats à la chefferie du PLC sont loin de s'entendre sur le tout «premier geste» à poser, s'ils accèdent au poste de premier ministre, dans le but de répondre aux menaces tarifaires du président américain Donald Trump.
Les aspirants chefs ont présenté des ordres du jour variés en répondant à une question de la modératrice Hannah Thibedeau, une ancienne journaliste bien connue qui a notamment travaillé pour CBC.
M. Carney, a d'abord affirmé qu'il allait convoquer une rencontre des premiers ministres pour ensuite répliquer à l'administration américaine, «dollar pour dollar».
Il a ensuite mentionné une série d'autres actions, appeler le président Trump arrivant en 4e place dans la séquence de son plan.
«Ce sera une longue journée», a-t-il dit, semblant réaliser qu'il s'éloignait de la question qui portait sur une seule première action.
M. Baylis, qui a été le premier à répondre à la question, a quant à lui dit qu'il comptait, dans l'immédiat, déployer des mesures de soutien pour les industries du bois d'oeuvre, ainsi que pour le secteur de la production laitière, puisqu'il s'attend à ce que ceux-ci soient particulièrement ciblés par M. Trump.
L'ancienne vice-première ministre Chrystia Freeland a pour sa part axé sa réponse sur des mesures de représailles, aussi «dollar pour dollar».
«Si je deviens première ministre, je ne vais pas broncher. Nous allons répliquer si vous vous attaquez à nous, mais nos représailles seront beaucoup plus sensées que leurs tarifs stupides.»
Quant à Mme Gould, elle a, à l'instar de M. Carney, promis de convier les premiers ministres des provinces et territoires à une rencontre au sommet.
Puis, elle a ajouté qu'elle souhaitait interpeller les Canadiens sur le plan de riposte, mais aussi la population américaine.
«Nous devons leur faire savoir que ce n'est pas la décision du Canada. C'est une décision des États-Unis.»
La joute oratoire de mardi avait lieu au lendemain d'un débat en français.
Il s'agissait du dernier de deux débats en autant de jours. Comme la veille, les candidats ont débattu sur un ton, omis quelques exceptions, de bonne entente.
Chaque aspirant chef a répété mardi des propos qu'il avait déjà tenus lundi, quoiqu'en français. La fluidité et l'aisance de s'exprimer était meilleure pour chacun dans la langue de Shakespeare, puisque l'anglais est, pour tout un chacun, leur langue principale.
Le débat de lundi avait été marqué par plusieurs accrocs à la langue française, M. Carney ayant affirmé par inadvertance que «nous sommes d’accord avec Hamas».
M. Carney s'est montré critique face à la situation économique du pays, contrairement à sa rivale Chrystia Freeland. Selon l'ancien banquier, l'économie montrait des signes de faiblesse avant les menaces tarifaires du président Trump.
«C'est pourquoi nous avons besoin de changements importants dans la manière dont nous gérons cette économie.»
Il s'estime que l'économie s'est appuyée, ces dernières années, sur une forte augmentation de la main-d'œuvre due à une vague d'immigration, ainsi que sur une croissance rapide des dépenses publiques.
Mme Freeland a affirmé que le Canada se trouvait dans une «situation budgétaire solide» et que les libéraux devaient mener de front une politique économique et sociale solide.
Le prochain chef du PLC et premier ministre sera connu le 9 mars.
Avec Frédéric Lacroix-Couture