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Politique

Mark Carney succède à Justin Trudeau comme chef du Parti libéral du Canada

«Je vais travailler jour et nuit avec un seul objectif: celui de bâtir un pays plus fort pour tous.»

Entrevue :

Texte :

Michel Saba et 
Émilie Bergeron / La Presse canadienne

L'ancien gouverneur de la Banque du Canada et de la Banque d'Angleterre, Mark Carney, a succédé dimanche à Justin Trudeau, après avoir été facilement élu à la tête du Parti libéral du Canada en raflant 85,9 % des points dès le premier tour de scrutin.

La victoire de M. Carney, qui sera du même coup propulsé comme premier ministre du Canada dans les prochains jours, a été annoncée sous des cris de joie et des applaudissements de près de 2000 militants libéraux gonflés à bloc lors de l'événement de clôture de la course à la direction du Parti libéral du Canada.

«Je vais travailler jour et nuit avec un seul objectif: celui de bâtir un pays plus fort pour tous», leur a-t-il promis dès le début de son discours de victoire.

Voyez l'analyse du journaliste Christopher Nardi dans la vidéo liée au texte.

Il a énuméré les différentes expériences qui l'ont, au cours de son parcours, emmené à conseiller différents gouvernements. «J'ai l'impression que tout dans ma vie m'a aidé à me préparer pour ce moment», a-t-il déclaré.

Il a remercié le premier ministre sortant, Justin Trudeau, qu'il a présenté comme une source d'inspiration pour ce qui l'attend.

Une bonne partie de son discours s'adressait à l'administration américaine de Donald Trump, qui a plongé le Canada dans une guerre tarifaire.

«Les Américains veulent nos ressources, notre eau, notre territoire, notre pays. Pensez-y! Ça va détruire notre façon d'être.»
-Mark Carney, en promettant de tenir tête à cette menace

Le lieutenant politique des libéraux pour le Québec, Jean-Yves Duclos, a dit avoir «été impressionné» par le discours de M. Carney. «Il parle d'une manière que moi, comme économiste, je vois être très bonne pour (...) l'économie, pour les travailleurs au Canada», a commenté celui qui voulait que M. Carney l'emporte.

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L'ancienne ministre des Finances Chrystia Freeland a terminé deuxième dans la course à la chefferie, loin derrière avec 8 % des points. Suivaient la députée libérale Karina Gould (3,2 %) et l'homme d'affaires montréalais Frank Baylis (3,0 %).

Mme Freeland a réagi à sa défaite, déclarant aux journalistes qu'elle accordait son appui, pour l'avenir du parti, à M. Carney qui détient «un mandat très, très fort».

«En décembre, on disait que c’était la fin du Parti libéral et que les conservateurs allaient évidemment gagner. Aujourd’hui, c’est évident qu’on va gagner», a lancé celle qui promet d'être candidate aux prochaines élections.

Celle qui a terminé troisième, Mme Gould, a promis de continuer de «pousser» pour «de nouvelles idées, de grandes idées», comme elle estime l'avoir fait durant sa campagne à la chefferie.

«Ce que j'adore du Parti libéral, c'est que nous sommes la grande tente rouge. Nous sommes le parti où il peut y avoir des différences d'opinions», croit-elle. 

Quant à M. Baylis, il a qualifié de «bon» pour le parti l'élection de M. Carney, «une grande vedette».

«Moi, je commençais vraiment à zéro. J'étais méconnu, pas connu du tout», a-t-il dit à La Presse Canadienne en expliquant sa défaite.

L'annonce de la victoire de M. Carney faisait suite à un discours électrisant de l'ancien premier ministre Jean Chrétien qui a soulevé la foule.

Le Canada doit être reconnaissant au président américain Donald Trump, a notamment déclaré M. Chrétien.

«Il nous a unis comme jamais auparavant», a-t-il lancé devant les militants loin de retenir leur joie. M. Chrétien a ensuite blagué qu'il soumettrait la candidature de M. Trump à l'Ordre du Canada.

Trudeau, chaleureusement accueilli

Plus tôt durant la soirée, le premier ministre Justin Trudeau a été applaudi chaleureusement en montant sur scène. Les militants, élus et bénévoles qui forment la famille libérale lui faisaient leurs adieux comme chef de leur formation politique.

M. Trudeau a remercié ses enfants pour leur patience, au cours de la dernière décennie où il a été premier ministre, rôle qu'il s'apprête à quitter.

«C'est vous qui m'avez inspiré», a-t-il dit au cours d'un discours durant lequel des pancartes sur lesquelles on pouvait lire «libéral » et «Canada» étaient brandies allègrement dans la foule.

Il s'est dit «extrêmement fier» de ce que son gouvernement a fait dans les dix dernières années pour la classe moyenne et ceux qui travaillent à la joindre, reprenant le vocabulaire de la campagne qui l'a propulsé au pouvoir en 2015.

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M. Trudeau a affirmé que, «en tant que progressistes», les libéraux savent qu'il y a toujours plus à faire pour rendre le pays «encore meilleur» non pas parce qu'il y a «une opportunité et donc une responsabilité» de s'assurer que le Canada reste «le meilleur pays au monde».

Le Canada croit, a-t-il énuméré, que «personne ne devrait être laissé derrière» et que tous devraient avoir sa chance de réussir, qui refuse «le faux dilemme» entre une économie forte et la protection de l'environnement, qui embrasse la réconciliation, qui fait rayonner sa culture, qui fait vivre la langue française et qui se réjouit de sa diversité.

«Nous sommes un pays qui célèbre le droit de chaque personne d’être qui il veut être, de prier qui il veut prier, et d'aimer qui il veut aimer, a dit M. Trudeau sous les cris de joie. Nous sommes un pays qui défendra toujours le droit des femmes de choisir.»

Sa fille adolescente, Ella Grace, l'avait précédé au micro pour l'accueillir sur scène. Elle a déclaré, dans sa propre allocution, être «fière» d'avoir vu son père se «battre pour ceux qui sont dans le besoin».

«Je dois admettre que j’ai hâte de le voir plus souvent à la maison, et moins souvent en ligne», a-t-elle dit en faisant référence aux réseaux sociaux.

Sentiments doux-amers

Un peu plus tôt, plusieurs libéraux avaient confié à La Presse Canadienne être enthousiastes face au nouveau chapitre qui s'ouvre pour le PLC, mais  aussi ressentir de la tristesse de dire «au revoir» à M. Trudeau.

«Je lui serai éternellement reconnaissant pour ce qu’il m'a permis de faire, d'accomplir comme ministre, puis ce qu'il a fait pour le Canada et même pour le monde», a dit le ministre de l'Environnement, Steven Guilbeault.

M. Trudeau, qui aura été premier ministre pendant une décennie, était chef du PLC depuis 2013.

La députée d'Ottawa-Vanier, Mona Fortier, a précisé avoir eu «plus de peine le 6 janvier», jour où M. Trudeau a annoncé son intention de démissionner.

«Ça a été vraiment difficile de le voir annoncer son départ. Alors, aujourd'hui, je pense qu'il faut continuer à célébrer tout le travail qu'il a fait au cours des 10 dernières années», a ajouté celle qui préside le comité de la plateforme libérale pour les prochaines élections.

Les spéculations vont bon train à Ottawa selon lesquelles le vainqueur déclencherait des élections anticipées dans les semaines à venir.

M. Carney n'a pas offert d'éclaircissements à ce sujet, dimanche soir, puisqu'il a évité de répondre aux questions des journalistes qui tentaient tant bien que mal de l'interroger alors qu'il descendait de scène.

- Avec des informations de Kyle Duggan

Entrevue :

Texte :

Michel Saba et 
Émilie Bergeron / La Presse canadienne