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Dans ce contexte avantageux pour les libéraux, aura-t-on une vraie course lors de la prochaine campagne électorale?
Le gouvernement libéral fédéral bénéficie d’un contexte idéal pour ses intérêts stratégiques, mais la réalité politique risque de le rattraper.
Le Parti libéral du Canada bénéficie, depuis quelques semaines, des conditions politiques idéales. D’un côté, il y a une crise politique accompagnée d’une menace de chocs économique, ce qui bénéficient généralement au gouvernement en place grâce à un élan de solidarité et de patriotisme (qu’on appelle «l’effet de drapeau»). D’un autre côté, le gouvernement se libérera du boulet qu’est Justin Trudeau sous peu, le remplaçant très probablement par Mark Carney qui bénéficiera d’un autre type d’effet, à savoir un effet «lune de miel» qui devrait aussi jouer en faveur des libéraux.
Ce contexte constitue une sortie de secours que beaucoup de libéraux, dont plusieurs ont annoncé qu’ils ne se représenteraient pas en 2025, n’espéraient même plus. Indéniablement, les libéraux ont l’opportunité d’offrir une performance électorale nettement supérieure à ce qu’ils auraient pu offrir sans ce contexte extraordinaire.
Mais comme cette performance dépend en très bonne partie de la crise entre le Canada et les États-Unis et d’une lune de miel entre l’électorat canadien et le nouveau chef du Parti libéral du Canada, les libéraux devraient, stratégiquement parlant, déclencher l’élection dès l’élection du chef.
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Si j’étais conseiller libéral, je suggérerais à Mark Carney de conclure son discours de victoire en annonçant qu’il demandera le déclenchement de l’élection et que la vraie course commencera dès le lendemain. Le PLC débuterait le Jour 1 de la campagne en espérant surfer sur une «vague Mark Carney».
Dans ce contexte avantageux pour les libéraux, aura-t-on une vraie course lors de la prochaine campagne électorale? J’en doute. Pour au moins trois raisons.
Premièrement, les libéraux ont réduit l’écart, mais ne sont certainement pas en avance.
Deuxièmement, l’appui actuel au PLC est dû à un contexte tout à fait artificiel. Toute crise en vient à être normalisée (pensons par exemple à la pandémie COVID-19) ou pourrait carrément devenir moins importante s’il y a une entente. Et l’effet de lune de miel dont bénéficiera le nouveau chef n’est pas éternel.
Troisièmement, les conservateurs peuvent être très efficace en communication politique et on peut raisonnablement croire qu’ils ont plusieurs munitions qu’ils n’ont pas encore révélées contre Mark Carney.
On reviendra nécessairement, durant la campagne électorale, sur le bilan des gouvernements libéraux de Justin Trudeau (2015-2025).
Lorsqu’on abordera les grandes questions liées à la gestion de l’économie et des finances publiques, les libéraux ne pourront pas faire grand-chose. Le déficit généré par les libéraux est si imposant qu’on imagine très mal une défense efficace sur ce front.
Même chose lorsqu’il sera question d’immigration, un enjeu de plus en plus important pour un électorat qui s’est durci en la matière. Encore une fois, difficile d’ignorer la réalité lorsqu’on regarde les données entre 2015 et 2025. Les libéraux n’ont personnes d’autres à blâmer.
La gestion de la pandémie a également laissé des tranches chez certaines groupes. Pour d’autres, c’est l’abandon de la réforme du mode de scrutin qui vient entacher le bilan libéral. Etc.
Les échecs et les déceptions se sont accumulées.
L’usure du pouvoir fera son œuvre. Au Canada, depuis les années 1950, tous les gouvernements sortants qui retournent devant l’électorat après avoir gouverné pendant quatre ans ont obtenus moins de votes qu’à l’élection précédente. Considérant que les libéraux ont reçu 32,6% d’appuis, derrière les conservateurs, on peut très mal s’imaginer comment ils pourraient s’accrocher au pouvoir en 2025.
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