Début du contenu principal.
«On va prendre le temps de bien analyser et comprendre la situation avant de poser des gestes concrets»
Délocaliser une partie de la production de l’usine de Bombardier à Dorval n’est pas dans les cartons pour répondre à la menace tarifaire de l’administration Trump, assure le grand patron du constructeur d’avions d’affaires.
«Dans les scénarios envisagés présentement, ce n'est pas une chose qu'on pourrait faire à court terme, de toute façon, explique le président et chef de la direction, Éric Martel, lors d’une conférence de presse en marge de la publication des résultats trimestriels jeudi. (…) Il n’y a pas de plan aujourd'hui pour relocaliser la production qui est à Montréal.»
Si le président américain Donald Trump mettait ses menaces à exécution, M. Martel souligne que la société montréalaise dispose «d’un certain temps de réaction». «On a du temps dans nos scénarios pour être capable de voir si ça va durer, parce que les deux facteurs importants, c'est le niveau de tarif, mais c'est aussi de savoir combien de temps il durerait. Alors, il n’y aura pas de panique chez nous.»
«On va prendre le temps de bien analyser et comprendre la situation avant de poser des gestes concrets», ajoute-t-il.
Une guerre commerciale entre le Canada et les États-Unis serait un événement «fortement négatif» pour Bombardier, croit l’analyste de RBC Marchés des capitaux James McGarragle, «en tenant compte que l’assemblage final a lieu au Canada et que 63 % des revenus proviennent des États-Unis», commente-t-il dans une note récente.
Bombardier a d’ailleurs décidé de ne pas confirmer ses objectifs de 2025 en raison de l’incertitude liée à la menace du président républicain d’imposer des tarifs de 25 % sur les exportations canadiennes vers les États-Unis. Le Canada a obtenu un sursis jusqu’au 4 mars, mais l’incertitude demeure sur la suite des choses.
En mars 2023, Bombardier avait dévoilé ses cibles initiales pour 2025. La direction prévoyait générer des revenus d’au moins 9 milliards $ US avec 150 livraisons d’appareils. Elle anticipait dégager des flux de trésorerie d’au moins 900 millions $ US.
Malgré cette incertitude, M. Martel a mentionné que la menace n’avait pas eu d’effets, jusqu’à maintenant, sur la demande des clients et sur les résultats de l’entreprise. La société serait en bonne voie d’atteindre ses objectifs.
«Nous n'avons pas vu de ralentissement au quatrième trimestre aux États-Unis ni au premier trimestre (depuis le début de l'année)», répond l’homme d’affaires.
Les clients fortunés de Bombardier ne semblent pas ébranlés par l’incertitude liée à la menace tarifaire, constate M. Martel.
«Je crois que le consensus parmi nos clients est que, s'il y a des tarifs, et plusieurs personnes pensent que ça n'arrivera pas, ceux-ci seront de courte durée. Les gens se disent: "je vais avoir mon avion en 2027 ou 2028. Les risques sont relativement faibles pour moi".»
M. Martel croit que le «sens commun» fera en sorte que l’administration Trump ne frapperait pas le secteur aéronautique de tarif, de peur que cela entraîne des pertes d’emplois aux États-Unis. «Nous sommes présents dans 47 États par l'entremise de 2800 sous-traitants. Nous créons des dizaines de milliers d'emplois aux États-Unis.»
M. Martel a précisé que la situation «n’avait rien à voir» avec la difficulté de gérer le début de la pandémie à une époque où la société était dans une posture financière plus précaire.
«On a un bilan financier qui est beaucoup plus solide, souligne-t-il. On a aussi diversifié nos revenus dans les dernières années. On est plus juste dépendant d'un marché de nouveaux avions aux États-Unis. Les services ont une part beaucoup plus grande. La défense a une part beaucoup plus grande et le marché international a une part beaucoup plus grande.»
M. McGarragle juge que la décision de ne pas confirmer les objectifs de 2025 est «prudente». «Nous croyons que l’incertitude va affecter l’humeur des investisseurs jusqu’à ce qu’elle se dissipe.»
L’analyste voit d’un œil favorable que le ratio de nouvelles commandes sur livraison unitaire demeure stable à 1. Ce ratio démontre que la demande est forte, malgré le risque de tarif, souligne-t-il.
Bombardier a présenté plus tôt ses résultats du quatrième trimestre. La société affiche un bénéfice net de 303 millions $ US, comparativement à 135 millions $US à la même période l’an dernier. Le bénéfice ajusté dilué par action est de 3,01 $ US. Les revenus ont progressé de 1,5 % pour s’établir 3,1 milliards $ US.
Avant la publication des résultats, les analystes anticipaient un bénéfice ajusté dilué par action de 2,04 $ US et des revenus de 3,18 milliards $ US, selon la firme de données financière Refinitiv.
La société a livré 57 appareils au cours du trimestre. Son carnet de commandes s'élevait à 14,4 milliards $ US au 31 décembre dernier.
L’action de Bombardier perdait 3,88 $, ou 4,58 %, à 80,83 $ à la Bourse de Toronto vers midi.