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Politique
Chronique |

Tarifs, Trump, logements inaccessibles et le beurre à 6$

Il n’y a pas juste Trump qui inquiète.

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Ma boule de cristal est épuisée. Chaque fois qu’elle tente de déchiffrer l’actualité canadienne, elle devient orange (pas rouge) et tombe sur la même rengaine: Donald Trump. Encore lui. 

Avec ses menaces de tarifs douaniers, il réussit à s’incruster dans notre campagne électorale comme un oncle trop bruyant qui a manifestement trop bu lors d’un souper de famille. Il devient impossible de l’ignorer.

Les chefs de parti d’ici s’empressent de réagir, chacun à leur façon, en bombant le torse ou en appelant au calme, selon le personnage qu’ils ont choisi d’incarner cette semaine, et surtout en fonction de ce que les sondages leur disent. Les médias eux, emboîtent le pas.

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On commente, on anticipe, on dramatise. Mais pendant ce temps, dans les cuisines et dans les salons, au restaurant, dans les cafés, les files d’attente à l’épicerie, c’est un tout autre scénario que ma boule décrypte.

Il n’y a pas juste Trump qui inquiète. Il y a aussi l’inflation, le coût de la vie, l’épicerie, le loyer qui gruge plus de la moitié du salaire et les enfants qui reviennent vivre à la maison parce qu’ils ne réussissent pas à se trouver un loyer à un prix raisonnable.

La tactique «Trump»

Mark Carney, lui, semble clairement plus à l’aise dans son habit de premier ministre que dans celui de chef en campagne électorale.

Ton posé, cravate bien nouée, vocabulaire économique soigneusement sélectionné avec comme défi particulier le moment où il doit s’exprimer en français. Mais les stratèges libéraux ont pigé le bon filon : tant qu’on parle de Trump, on évite les questions gênantes sur les dix dernières années libérales.

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Alors Trump, ils le gardent bien vivant dans le discours du chef libéral. La menace extérieure fait office d’écran de fumée. Et Carney, entre deux conférences de presse et un rassemblement partisan, nous rappelle qu’il sait de quoi il parle. Est-ce rassurant ? Peut-être. Est-ce suffisant ? Pas vraiment, si on vit dans un deux et demi à 1500 $ par mois et que l’on est plus préoccupé par la fin du mois que par la fin du monde.

Tempête chez les conservateurs

Pierre Poilievre, lui, se bat à tous les jours contre des sondages qui semblent montrer que les jeux sont faits. Son équipe et lui se battent contre la grogne interne ai sein du parti qui semble vouloir s’amplifier à fur et à mesure que la victoire semble s’éloigner.

La nervosité et l’inquiétude sont palpables dans les rangs conservateurs. Rappelons-nous qu’en début d’année, il continuait à survoler tous les sondages avec plus de 20 points d’avance sur les Libéraux. Mais, il ne faut surtout pas le prendre pour battu.

 

Pierre Poilievre est un orateur ainsi qu’un débatteur redoutable et les conservateurs ont beaucoup d’argent dans leur coffre de guerre, ce qui leur permettra d’inonder les espaces publicitaires dans les derniers jours de la campagne. Rappelons qu’il reste encore trois semaines de campagne et deux débats nationaux et que ceux-ci seront une opportunité incroyable pour lui permettre de démontrer ce qu’il a dans le ventre.

L’indignation et la critique pure ont leurs limites, à lui de montrer qu’il peut enfiler les habits de premier ministre, qu’il est crédible et qu’il a une équipe compétente qui peut l’entourer pour gouverner face à tous les défis qui défilent devant nous. Il doit convaincre qu’il est prêt à diriger le pays, pas juste à dénoncer sinon, je le répète, il retournera sur les banquettes de l’opposition.

Le Bloc va devoir jouer du coude

De son côté, Yves-François Blanchet, tente de s’imposer au Québec face à un effritement potentiel du poids du Québec à l’intérieur du Canada.

 

La position floue de Mark Carney sur la loi 96 ainsi que les déclarations du gouvernement américain qui laisse sous-entendre que le français, le bois d’œuvre et la gestion de l’offre (en plus des tarifs sur l’aluminium) sont des questions qui dérangent et lui offrent du même coup des poignets pour tenter de démontrer l’utilité du Bloc à Ottawa et de redevenir une option le 28 avril prochain pour un plus grand nombre de Québécois.

Lui aussi, comme Pierre Poilievre, jouera gros lors des deux débats nationaux.

Singh dans l’ombre américain

Jagmeet Singh continu de parler d’équité, de justice sociale, de taxer les ultrariches pour aider le peuple, mais la population plus à gauche, plus progressive, semble vouloir le sacrifier pour soit choisir celui qui est le mieux placé pour diriger le Canada face à la nouvelle réalité avec son voisin au sud de la frontière ou pour bloquer Pierre Poilievre qu’ils voient comme un mini Trump.

Il ne lui reste plus beaucoup de temps pour trouver une solution afin de sauver les meubles et espérer que son parti, le NPD, puisse être toujours reconnu comme un parti officiel à la Chambre des communes.

Au fond, pendant que les chefs débattent de géopolitique et de macroéconomie, une grande partie de la population vit une réalité bien plus immédiate. Et ce n’est pas juste Trump qui lui fait peur.

Ce sont les factures pour se loger, se nourrir, se vêtir.

Ma boule de cristal soupire. Elle a bien hâte aux débats des chefs les 16 et 17 avril prochains. En attendant, elle retourne se recharger, à l’électricité du Québec, à l’abri des tarifs douaniers !

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