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Politique

Laïcité: pas d'interdiction de signes religieux pour les élèves, tranche Drainville

Le ministre de l'Éducation du Québec, Bernard Drainville, répond à l'opposition lors de la période de questions à l'Assemblée nationale du Québec, le mardi 8 avril 2025.
Le ministre de l'Éducation du Québec, Bernard Drainville, répond à l'opposition lors de la période de questions à l'Assemblée nationale du Québec, le mardi 8 avril 2025.
Thomas Laberge
Thomas Laberge / La Presse canadienne

Le projet de loi 94 visant à renforcer la laïcité à l’école ne va pas assez loin, selon le Mouvement laïque québécois (MLQ), qui demande l’interdiction des «tenues vestimentaires religieuses» pour les élèves. Une proposition qu’a rejetée d’emblée le ministre de l'Éducation, Bernard Drainville. 

La pièce législative prévoit d’étendre l’interdiction du port de signes religieux à l’ensemble du personnel des écoles publiques, ainsi qu’aux personnes travaillant dans le cadre d’ententes avec les établissements scolaires.

Le MLQ demande que des vêtements comme le hijab et l’abaya soient proscrits pour les élèves. 

«Ces vêtements ne viennent jamais seuls. Ils véhiculent une vision discriminatoire du sexe féminin, qui constitue bien souvent un étendard de l'islam politique, qui s'accompagne d'une morale qui ne peut pas s'harmoniser avec l'éthique que doit inculquer l'école publique», a affirmé le président du groupe, Daniel Baril, en commission parlementaire jeudi. 

La France a une loi qui va en ce sens depuis 2004, a-t-il rappelé.

Le MLQ souhaite aussi que soit retirée la clause de droit acquis – communément appelé clause grand-père – du projet de loi. Cela signifie qu’un employé qui est actuellement à l’emploi d’une école et qui porte un signe religieux, ne pourrait pas le conserver lorsqu’il est au travail.  

«On croit que ça crée deux catégories d'employés sur la base de leur date d’entrée en fonction», a soutenu Daniel Baril.

Mais pas question de consentir aux demandes du MLQ, a indiqué le ministre Drainville. «C'est un modèle québécois de laïcité que nous proposons», a-t-il dit. 

La CSN  s’oppose

C’est un tout autre son de cloche du côté de la CSN qui demande purement et simplement le retrait du projet de loi.

La centrale syndicale s’oppose notamment à l'élargissement de l'interdiction des signes religieux, affirmant que cela va créer «des problèmes importants d’attraction de personnel de soutien dans certains milieux scolaires, alors même que le manque de personnel est déjà criant et que des bris de services seront vraisemblablement à prévoir».

On critique aussi l’utilisation de la clause dérogatoire, présente dans la pièce législative, arguant qu’elle «ratisse beaucoup trop large». 

La CSN indique qu'advenant que la pièce législative aille de l’avant malgré tout, elle souhaite que la clause de droits acquis soit élargie afin qu’une personne qui change d’emploi dans le réseau de l’éducation puisse conserver son signe religieux. Elle demande aussi que cette clause s’applique aux personnes qui sont actuellement aux études. 

Le projet de loi va aussi interdire le voile intégral dans les écoles publiques et privées, tant pour les élèves que pour le personnel. 

La pièce législative a été déposée dans la foulée de manquements à la laïcité qui ont été observés dans plusieurs écoles québécoises, dont Bedford à Montréal. Les consultations ont commencé jeudi.

Thomas Laberge
Thomas Laberge / La Presse canadienne