Début du contenu principal.
Reconnectons-nous au vrai monde de la finance personnelle.
Combien de fois avez-vous entendu des experts ou journalistes financiers vous dire des trucs du genre: «Si vous aviez investi 100 000 $ en actions américaines en 1960, vous auriez aujourd’hui un patrimoine de 766 millions $»? Ou autres exemples spectaculaires certes, mais totalement hors contexte et impossible à réaliser dans la vraie vie!
Ces chiffres mirobolants sont impressionnants, mais ils sont bien loin de refléter la réalité financière de la plupart des ménages. Franchement, combien de Canadiens avaient un «petit 100 000 $» de disponible en 1960? Et combien de personnes saines d’esprit laissent 100 000 $ investi pendant 6 décennies sans y toucher? Loin de nous motiver, ce type de projection en décourage plus d’un.
J’ai pensé aujourd’hui nous reconnecter au vrai monde de la finance personnelle, où les besoins quotidiens priment souvent sur l’accumulation de richesse à long terme.
Prenons l’exemple de la famille Hubert. En 1990, ils ont hérité de 50 000 $ de grand-mère Simone. Selon les calculs théoriques, s’ils avaient tout investi dans un fonds indiciel S&P 500, ils auraient aujourd’hui environ 800 000 $. Impressionnant, n’est-ce pas?
Mais voici ce qui s’est réellement passé :
Résultat? Leur investissement vaut aujourd’hui environ 350 000 $. C’est loin des 800 000 $ théoriques, mais c’est la réalité d’une famille qui a dû jongler entre investissement et besoins immédiats, mais qui a tout de même réalisé un exploit.
À 30 ans, la majorité des gens sont aux prises avec les réalités du début de la vie adulte: l’achat d’une maison, les premières dépenses familiales et l’épargne en vue de projets à venir. Imaginez un couple qui gagne 80 000 $ par année ensemble et qui doit jongler avec une hypothèque de 300 000 $, des prêts étudiants, et le coût des soins pour leurs jeunes enfants. Ajouter un investissement substantiel dans ce contexte relève souvent du défi.
Pourtant, dans les publicités de fonds de placement on aime répéter des phrases comme: «Si vous commencez à investir 500 $ par mois à partir de vos 30 ans, vous pourriez atteindre un million de dollars à la retraite.» Cela peut être vrai, mais il est essentiel de prendre en compte les imprévus et les priorités.
Prenons un autre exemple concret: en 2024, le coût moyen d’un appareil dentaire pour un enfant était d’environ 5 000 à 8 000 $ au Canada. Si une famille doit débourser une telle somme pour les soins dentaires de deux enfants, ces dépenses imprévues vont certainement affecter leur capacité à investir régulièrement. Il devient crucial, à cet âge, de privilégier la constitution d’un fonds d’urgence solide avant de penser à l’investissement à long terme. Avoir l’équivalent de trois à six mois de dépenses dans un compte accessible peut éviter bien des nuits blanches et des choix difficiles.
À 50 ans, beaucoup se retrouvent à l’apogée de leur carrière, avec des revenus plus élevés, mais aussi avec des obligations financières parfois écrasantes. Les enfants partent peut-être pour l’université, et les parents vieillissants peuvent avoir besoin de soutien financier ou médical. C’est également souvent le moment où les rénovations importantes à la maison deviennent nécessaires.
Imaginons un couple de quinquagénaires dont la maison nécessite un nouveau toit, une dépense qui peut facilement s’élever à 10 000 $ à 15 000 $. En parallèle, leurs deux enfants fréquentent l’université, et les frais de scolarité et de résidence peuvent coûter plus de 20 000 $ par année chacun. Dans ce contexte, bien que les revenus du couple aient augmenté, la réalité des obligations financières devient encore plus pressante.
Si on revient aux fameuses projections financières, on entend souvent dire qu’un portefeuille de retraite de 500 000 $ à 50 ans pourrait atteindre 1,5 million $ à 70 ans, avec un rendement moyen de 6 %. Mais combien de personnes dans la vraie vie peuvent réellement investir ces montants tout en répondant aux besoins immédiats de leur famille?
À 70 ans, l’objectif se déplace vers la préservation des actifs et la planification de la succession. Les coûts de santé deviennent souvent l’une des plus grandes préoccupations financières, surtout à mesure que l’espérance de vie augmente. Un rapport récent de T.Rowe Price indique qu’un couple retraité moyen au Canada peut s’attendre à dépenser plus de 250 000 $ en soins de santé non couverts par le régime public tout au long de leur retraite.
L’idée de jouir d’une retraite dorée grâce à des investissements à long terme est séduisante, mais les réalités de la vie peuvent vite prendre le dessus. Par exemple, beaucoup de gens préfèrent ralentir leur niveau de risque à 70 ans pour éviter des pertes importantes sur les marchés financiers. Et pour ceux qui n’ont pas eu le luxe d’investir de manière agressive dans leur jeunesse, la sécurité et la stabilité financière prennent le pas sur la recherche de gains spectaculaires.
Ces exemples montrent bien que la planification financière doit s’adapter aux étapes et aux réalités de la vie, et non seulement se baser sur des scénarios théoriques qui supposent que tout ira parfaitement bien pendant 40 ou 50 ans. Accumuler de la richesse est important, oui, mais il est tout aussi crucial de se donner la flexibilité nécessaire pour répondre aux besoins de la vie quotidienne.
Il est aussi essentiel d’accepter que les imprévus fassent partie du parcours. Les périodes de chômage, les dépenses médicales inattendues, ou encore une voiture qui tombe en panne ne sont pas des exceptions, mais des réalités pour la majorité des gens. Penser qu’il suffit de tout investir à long terme pour devenir riche ignore la complexité de la vie réelle.
Les références financières de 30, 50 et 70 ans ne devraient pas se résumer à des exemples d’accumulation idéalisés, mais plutôt à une approche équilibrée qui tient compte de la gestion des besoins quotidiens et des imprévus. Si l’objectif est d’assurer la sécurité et le confort de sa famille, alors la planification financière doit être flexible et adaptée à chaque étape de la vie.
Plutôt que de simplement viser le chiffre magique d’un million ou d’un quelconque patrimoine astronomique, concentrons-nous sur la stabilité, la préparation aux imprévus et la satisfaction des besoins réels. Car en fin de compte, la richesse n’est pas seulement une question d’accumulation, mais aussi de qualité de vie.