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Poilievre trône toujours au sommet des sondages et la dernière chose dont il a envie, c’est de changer d’adversaire.
Pierre Poilievre trône toujours au sommet des sondages et la dernière chose dont il a envie, c’est de changer d’adversaire. Pour garder le momentum, il doit maintenir un équilibre fragile entre continuer à faire mal paraître Justin Trudeau, tout en évitant qu’il laisse sa place à quelqu’un d’autre en amont de la prochaine campagne électorale fédérale.
De manière surprenante, outre l’euphorie de la victoire, certains stratèges conservateurs devaient aussi avoir en tête cette idée de «protéger» Justin Trudeau à la suite de l’élection partielle dans Toronto-St. Paul’s, un château fort libéral, en juin dernier. Les conservateurs voulaient certes battre les libéraux, certainement, mais sans humilier totalement leur chef.
Si, au lendemain de la défaite libérale, le chef conservateur a demandé à Justin Trudeau de déclencher l’élection générale, c’est que Trudeau est le meilleur ennemi de Poilievre. Il souhaite certainement très très fort qu’il soit toujours à la tête du PLC lorsque l’on ira aux urnes.
Quand un chef devient un canard boiteux, il devient difficile pour sa formation politique de contrôler le narratif. Tout finit par entrer dans le spectre de sa faiblesse comme chef. Les journalistes et les chroniqueurs cherchent les traces de dissidence au sein du parti, ils mettent la loupe sur les erreurs, les critiques et sur les tensions internes.
Un peu comme on a vu aux États-Unis récemment avec la situation de Joe Biden: un chef faible devient un boulet pour une équipe.
Le coup de théâtre politique de cet été avec l’arrivée de Kamala Harris comme candidate à la présidence est un véritable cauchemar pour Trump. Un vent de fraîcheur, un climat de changement et d’espoir, une aura d’énergie et de renouveau prévalent à quelques mois du scrutin. Les démocrates ont réussi à renverser la vapeur et à créer un momentum qui permet de croire à une défaite de Donald Trump qui semblait peu envisageable il y a quelques semaines à peine.
Pierre Poilievre était (encore) en tournée au Québec la semaine dernière et on a pu observer la continuation de sa métamorphose. De «crypto-boy bagarreur», le chef conservateur tente de trouver une posture de premier ministre.
Sur plusieurs enjeux, il a passablement adouci le ton.
Le fond du message demeure le même. En gros: Justin Trudeau, avec l’appui du NPD et du Bloc, a mis le Canada à feu et à sang. Il est responsable de l’inflation, des vols de voiture, de l’itinérance, du chaos dans nos rues, etc.
Lors de son passage à Québec, il a répondu à plusieurs questions sur le tramway et le troisième lien. Sa position n’a pas changé, il ne financera pas le tramway. Mais il n’a pas traité Bruno Marchand d’incompétent. C’est déjà ça de pris !
Questionné sur les finances publiques et sur de possibles coupes budgétaires dans certains programmes, Poilievre a refusé de se commettre sur la possibilité de couper le programme national d’assurance dentaire.
Et, encore plus surprenant, à propos de la grève ferroviaire, le chef conservateur a refusé de mettre de la pression pour une loi spéciale. Il a dit comprendre la colère des travailleurs qui ont vu leur pouvoir d’achat réduit drastiquement. Encore une fois, il considère que Justin Trudeau en est directement responsable.
Cette prudence sera-t-elle la norme jusqu’à l’élection?
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