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La crise de confiance se poursuit… au détriment de notre démocratie.
Le dossier de l’ingérence étrangère s’embourbe. Après avoir lu les documents du comité sur la sécurité nationale, Elizabeth May a choisi de briser la confidentialité pour nous dire que nous n’avions pas à nous inquiéter. Jagmeet Singh a lui aussi lu les mêmes documents et brisé la confidentialité pour nous dire très exactement le contraire! La crise de confiance se poursuit… au détriment de notre démocratie.
Rappelons les faits. La saga débute avec une série d’articles du Globe and Mail rapportant des informations qui dévoilaient la vulnérabilité du pays face à l’ingérence étrangère, surtout venant de la Chine. Le gouvernement Trudeau choisit la stratégie réactive. Les oppositions réclament une commission d’enquête publique. Le gouvernement résiste… et évalue ses options… dénonce la partisanerie des oppositions.
En mars 2023, le gouvernement décide de nommer un rapporteur spécial en la personne de David Johnston, ancien gouverneur général du Canada. Plusieurs sont sceptiques.
Début mai 2023, le député conservateur Michael Chong apprend, dans un article du Globe, qu’il a été la cible du gouvernement chinois. Le gouvernement Trudeau ne semble pas avoir été mis au courant et les enjeux de processus de communication soulèvent des questions. Comment se fait-il qu’un élu apprenne ce genre de chose dans le journal? Pire, comment se fait-il que le PREMIER MINISTRE apprenne ce genre de chose dans le journal?
Quelques jours plus tard, David Johnston remet un premier rapport qui conclut qu’une enquête publique n’est pas une bonne idée étant donné la nature sensible des informations concernées. En juin 2023, Johnston remet son rapport final, contenant une annexe confidentielle.
Les pressions ne fléchissant pas. Le gouvernement finit par déclencher une enquête publique menée par la juge Marie-Josée Hogue en août 2023. Dans son rapport, présenté en mai 2024, elle affirme qu’il y a eu ingérence étrangère, mais que cette ingérence n’a pas eu d’impact sur les résultats électoraux. Elle indique également que nous connaissons des problèmes de communication et une incompréhension du rôle de chacun dans le combat contre l’ingérence étrangère. Elle souligne également que la perte de confiance des Canadiens face à leurs institutions est un dommage important de l’ingérence étrangère.
Puis, nouveau rebondissement dans l’affaire. Selon le comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement, certains parlementaires sont des «participants mi-consentants ou volontaires aux efforts d’ingérence des États étrangers dans la politique du pays».
De retour à la case départ.
Yves-Francois Blanchet lira les documents, mais il n’a pas l’intention de commenter. Comme quoi «cote de sécurité», c’est-à-dire ce qui permet aux chefs de parti d'accéder aux informations classifiées, signifie encore quelque chose pour le chef du Bloc. Pierre Poilièvre lui préfère carrément ne pas savoir.
Devant ce jeu de serpents et échelles, il est primordial de continuer le travail. Il faut élargir le mandat de la juge Hogue et retourner toutes les pierres. Une motion a été adoptée en ce sens la semaine dernière. Cela semble la moins mauvaise des solutions. Il faudra comprendre exactement ce qui s’est passé un jour ou l’autre.
Je ne sais pas s’il en est capable, mais Justin Trudeau doit fournir un effort pour démontrer du leadership sur la question. Cette attitude candide face à plusieurs enjeux nourrit cette image d’irresponsabilité qui contribue aussi à nourrir la crise de confiance.
La semaine dernière, le premier ministre s’est fait demander par des journalistes si des membres de son caucus avaient collaboré, volontairement ou non, avec des élus étrangers. Trudeau a indiqué qu’il allait laisser les élus parler d’eux-mêmes.
L’intégrité de nos institutions et de notre démocratie est un bien précieux que nous devons protéger. Laisser les citoyens sur l’impression fausse ou vraie que des élus ont collaboré avec des régimes étrangers non alliés nourrit aussi la crise de confiance et fait finalement le jeu de ces forces étrangères qui veulent affaiblir notre démocratie.
Décidément, la session parlementaire fédérale prend fin avec ce sentiment de revenir constamment à la case départ.