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Qu’est-ce qui a véritablement changé aux États-Unis depuis la résurgence du mouvement #BlackLivesMatter et les manifestations historiques de 2020?
«Une pinata humaine». Ce sont les mots ayant été utilisés par la famille et les avocats de Tyre Nichols, pour décrire son arrestation violente. Nichols est cet (autre) Afro-Américain de 29 ans, ayant été battu à mort par cinq policiers noirs à Memphis le 7 janvier dernier.
Il est décédé de ses blessures à l’hôpital trois jours plus tard. Tout avait commencé par un banal arrêt de la circulation par ces policiers.
Personnellement, j’ai fait le choix conscient de ne pas aller regarder la vidéo de cette arrestation qui circule un peu partout sur le web. Tout comme j’avais fait le choix de ne pas regarder la vidéo du meurtre de George Floyd en 2020, et ce, jusqu’à aujourd’hui. Il s’agit d’une question de respect envers le défunt, mais également envers ses proches. Je n’ai pas besoin de voir de vidéos pour savoir que ces phénomènes existent et sont réels.
Je me demande souvent pourquoi certaines vies ont le droit à la pudeur lors de leurs derniers moments et alors que d’autres non. Je n’ai jamais entendu parler de vidéo devenue virale lorsqu’une personne blanche, par exemple, se fait assassiner. Dans le cas des personnes noires, ça semble être quelque chose de «routinier», malgré le voyeurisme certain que cela implique. Et puis, combien de vidéos du même genre faudra-t-il pour que les choses changent véritablement?
Il y a autre chose qui mérite mention dans toute cette affaire. Dans le cas de Nichols, les cinq policiers qui ont été inculpés sont, eux aussi, Noirs. On remarquera qu’ils ont été arrêtés et ont été renvoyés sur le champ. L’unité dans laquelle ils travaillaient a aussi été immédiatement démantelée.
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D’une part, cela illustre qu’il ne suffit pas d’embaucher des «policiers de la diversité» pour éviter que de tels drames n’arrivent. D’autre part, dans le cas de l’Afro-Américaine Breonna Taylor décédée en 2020 alors qu’elle dormait chez elle — et qui tristement partage la même date d’anniversaire de Tyre Nichols — les policiers impliqués étaient blancs et ça a pris un temps fou avant que son histoire n’attire l’attention des médias et de l’opinion publique.
Selon la base de données Mapping Police Violence, environ 1192 personnes sont décédées aux mains de la police en 2022. Cela représente plus de trois personnes par jour et d’environ 100 personnes dans un mois. Un record depuis que des experts ont commencé à comptabiliser ces décès en 2013 aux États-Unis.
De plus, sans grande surprise, on assiste à un ressac dans ce pays après les mobilisations de 2020. Outre le fait que de nombreuses personnes crient à l’invasion woke, tant aux États-Unis, qu’en France et qu’au Québec, on n’a qu’à penser au fait que le gouverneur républicain Ron de Santis agit actuellement contre les programmes d’équité, d’inclusion et de diversité et tend vers l’élimination complète de programmes scolaires enseignant la Critical Race Theory (théories critiques de la race). Il affirme, à tort, que ces perspectives endoctrinent les enfants.
Oui, tout mouvement pour le progrès et la justice sociale fait émerger des contre-mouvements qui cherchent à maintenir le statu quo, voire à briser les gains, jamais véritablement acquis, jusqu’ici durement gagnés. Aucun mouvement pour le progrès et la justice sociale n’a gagné des batailles en une année.
Néanmoins, cela pose la question: qu’est-ce qui a véritablement changé aux États-Unis depuis la résurgence du mouvement #BlackLivesMatter et les manifestations historiques de 2020?