Au Québec, 83% des jeunes Noirs ont subi de la discrimination, révèle une étude

Selon cette enquête quantitative réalisée en collaboration avec la firme Léger, 83 % des répondants noirs rapportent avoir été victimes de discrimination au moins une fois au cours de leur vie, contre 40 % pour les répondants non noirs, groupe de contrôle dans cette étude.

Parmi les 961 jeunes noirs (15 à 35 ans) sondés, 63 % admettent avoir été discriminés quelques fois et 20 % reconnaissent l’être souvent. 

«On dirait que nos jeunes commencent le match de la vie avec deux prises en moins», dénonce Édouard Staco, le président du Sommet Jeunes Afro, faisant référence au base-ball.

Ces incidents de discrimination, surtout s’ils sont répétés, peuvent écorcher l’estime de soi et ultimement freiner le potentiel d’un jeune adulte, comme l’explique M. Staco.

Il souligne également la fréquence de cette discrimination dans les services publics. À cet égard, 66 % des jeunes répondants noirs affirment avoir subi des traitements injustes au moins une fois dans les services de santé, d’éducation, de justice et de transport. 

Le président de Sommet Jeunes Afro explique que ces traitements peuvent prendre plusieurs formes. «Par exemple, c'est quand la société et le personnel en éducation semblent manquer d'ambition pour nos jeunes noirs», affirme-t-il.

Il donne l’exemple d’ados racisés qui se font proposer de suivre des voies «plus faciles», comme des DEP, au lieu d’être encouragé à poursuivre des études supérieures. 

«L'équité, c’est la capacité de croire que nos jeunes ont le droit et le potentiel d'être présents à tous les niveaux.»

Les données recueillies englobent tous les types de discrimination, explicite comme symbolique. L’organisme prépare une étude qualitative pour mieux décrire les obstacles auxquels se heurte cette génération.

«On dit aujourd'hui que nous sommes à l'ère de la donnée. Les gouvernements, la société en général, fonctionnent à l’aide de données, explique M. Staco, ça nous en prend pour faire avancer la discussion sérieusement et porter la cause des jeunes».

L’organisme Sommet Jeunes Afro souhaite lancer un message au gouvernement en publiant les résultats de cette étude. 

«Qu’on le nomme racisme systémique ou pas, ça n’a pas d’importance, mais les données démontrent qu’il y a bel et bien un problème d’injustice dans les institutions de l’État, soutient Édouard Staco. J’aimerais rappeler au gouvernement qu’il s’agit aussi de leurs jeunes.»   

Jeunesse engagée

Malgré ce constat désolant, la jeunesse noire ne semble toutefois pas manquer d’espoir ni d’ambition.

Parmi les répondants noirs, 46 % considèrent avoir une confiance élevée envers l’avenir de leur communauté, contre seulement 11 % qui disent avoir une confiance faible ou très faible.

«La bonne nouvelle, c'est que les jeunes des communautés noires, malgré tout ça, sont aussi confiants dans leur réussite que les autres jeunes. Ils croient en leur avenir.», souligne M. Staco.

Les données démontrent que cette confiance se traduit par un engagement marqué au sein de sa communauté: près de 68 % des jeunes estiment y apporter une contribution positive.

Cet espoir, il faut le nourrir, car c’est un levier puissant de changement, soutient-il. 

«De toute évidence, nos jeunes sont prêts à être des acteurs de changement, donc il faut s’assurer de leur donner des chances égales de réussite, pour ne pas que leur potentiel reste inexploité.»

Le sondage a été réalisé sur internet d'août à octobre 2024, auprès de 1463 répondants à partir de trois sources différentes :un panel web de Léger, un lien ouvert via une campagne numérique Léger DGTL un lien ouvert diffusé par Sommet Jeunes Afro (SJA) auprès de leur réseau de partenaires.