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Le 8 février, nos cœurs se sont brisés à l’unisson. Mercredi matin était l’un de ces moments imposés qui appellent à mettre toute partisanerie sur pause.
Le 8 février, nos cœurs se sont brisés à l’unisson. On ne pourra jamais, individuellement ou collectivement, accepter que l’on s’en prenne à des enfants. Des petits êtres innocents qui n’avaient encore aucune idée de l’existence des laideurs de l’humanité.
Le lendemain, le premier ministre s’est rendu sur les lieux du drame en compagnie des autres chefs de partis. Dans ces moments, il n’y a plus de politique, il n’y a plus aucun parti, il n’y a plus de partisanerie qui tient. Tout s’arrête pour un instant.
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De façon générale, ça m’agace quand les gens s’illusionnent que l’on puisse faire disparaître toute partisanerie. Les partis politiques existent parce que des conflits existent dans nos sociétés. Les partis sont le reflet des sociétés humaines. Les partis ne causent pas les conflits. Ils les canalisent. Ils les formalisent. Ils contribuent à la résolution de ces conflits de façon non anarchique et non violente.
Certes, parfois c’est laid. Parfois, c’est lourd. Mais c’est le signe d’une démocratie en santé. Et certes, on peut certainement mitiger le négatif, comme les attaques personnelles, la démagogie à outrance. On doit régulièrement se rappeler que l’on est au service des citoyens, et non pas au service de notre formation politique.
D’ailleurs, une foule de dossiers et d’enjeux sont réglés sans grand éclat à l’Assemblée nationale ou dans l’appareil gouvernemental. Ce ne sont pas tous les enjeux qui divisent les partis. Souvent, ça se joue assez discrètement. Peut-être parce que les histoires simples ou heureuses n’accrochent pas autant les médias et leurs audiences que les histoires qui brassent.
Aussi, parfois, les élu.es travaillent sur quelque chose de façon non partisane, comme dans le cas de l’aide médicale à mourir, de l’exploitation ou des agressions sexuelles. C’est assez rare, et les citoyen.nes apprécient, même si tous les enjeux ne peuvent être traités de cette façon.
Mercredi matin était l’un de ces moments imposés qui appellent à mettre toute partisanerie sur pause.
Ça n’a pas dû être facile pour les partis d’opposition de faire leur line up de questions avant d’aller demander des comptes au gouvernement au Salon bleu mercredi et jeudi matin.
À peu près tous les enjeux nous semblent d’une grande futilité. La démocratie doit néanmoins continuer de fonctionner, et j’ai trouvé les élu.es de tous les partis d’une grande dignité depuis le drame.
Dans ces situations-là, c’est normal, on essaie très rapidement de trouver des causes et des coupables. Je ne parle pas seulement de l’accusé ici, mais surtout de raisons, des facteurs, des endroits où les mailles du filet étaient trop larges.
Quand des enfants meurent, on veut remuer ciel et terre pour que cela ne se reproduise plus jamais. On veut tout sécuriser, tout régler.
Plus jamais ça. Plus jamais ça.
DRAME À LAVAL: TOUS LES DÉVELOPPEMENTS
Jeudi matin, le ministre des Services sociaux, Lionel Carmant, a indiqué que selon le CISSS de Laval, l’accusé n’était pas en attente de soins ou services.
Ces questionnements sur son état s’inscrivent dans un contexte : c’est difficile et long d’avoir accès à des soins en santé mentale au Québec, surtout si vous n’avez pas les moyens financiers d’aller vers le privé.
Que ce serait-il passé si l’accusé avait effectivement demandé de l’aide sans succès ? Ça me semble assez évident que l’on aurait commencé à pointer du doigt.
On a vu des drames devenir très rapidement politisés. Je me souviens de la tuerie à la mosquée de Québec, on accusait des partis politiques, on accusait des radios. On cherchait les coupables. On cherche parfois des réponses simples à des situations compliquées. C’est humain, j’imagine. On veut tous bien faire au fond.
Chaque soir depuis le drame, à quelques minutes de mettre mon plus jeune mon fils au lit, je pleure en pensant à la chambre vide chez ces deux familles. Au lit vide, aux toutous seuls. Peut-être devrons-nous accepter qu’il n’y ait aucun sens à découvrir dans cet événement tragique. Laissons le temps nous aider à le déterminer.