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Politique

Mark Carney visite Bombardier et explique sa vision en matière de défense

Le chef du Parti libéral du Canada, Mark Carney, fait une annonce à l'usine Bombardier de Dorval, dans la région de Montréal, lors d'un évènement de campagne le 14 avril 2025.
Le chef du Parti libéral du Canada, Mark Carney, fait une annonce à l'usine Bombardier de Dorval, dans la région de Montréal, lors d'un évènement de campagne le 14 avril 2025.
Helen Moka
Helen Moka / La Presse canadienne

Le chef libéral Mark Carney a amorcé l'avant-dernière semaine de la campagne électorale en abordant le sujet de la défense nationale.

Il a fait son annonce lundi devant plus de 350 employés rassemblés à l'usine de Dorval de Bombardier, dans la région de Montréal, où l'on fabrique des avions Challenger et  l'intérieur des modèles Global, dont les appareils sont assemblés à Toronto.

Bombardier compte 10 000 employés au Québec, la majorité à Montréal, et 2200 en Ontario, sur les 33 000 employés de l'entreprise au Canada.

M. Carney a rappelé qu'avec l'administration Trump, à Washington, qui menace l'économie canadienne et sa souveraineté, il est plus important que jamais de réinvestir et de réarmer les Forces armées canadiennes et même de revoir l'approvisionnement en défense et d'intégrer certaines structures.

Le chef libéral, qui occupe aussi le siège du premier ministre du Canada depuis un mois, après avoir succédé à Justin Trudeau, avait demandé après son assermentation un examen du projet canadien d’acquisition d’une flotte d’avions de chasse F-35 conclu en 2023 avec le géant américain Lockheed Martin, pour remplacer les CF-18 vieillissants de l'Aviation royale canadienne. Il s'agit d'un contrat de 19 milliards $.

Le Canada s’est engagé à acheter les 16 premiers appareils, mais le contrat ne prévoit pas de pénalité pour l’annulation des 76 appareils restants sur les 88 avions de chasse envisagés pour renouveler la flotte canadienne.

Craintes de représailles chez Bombardier

Peu de temps après l'annonce du réexamen de ce contrat avec les Américains, le président et chef de la direction de Bombardier, Éric Martel, a dit craindre des représailles des États-Unis, soulignant que l'armée américaine est un important client de la société montréalaise.

Mark Carney a tenté de se faire rassurant, en indiquant qu'il ne craint pas de telles représailles. 

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«Non, parce que notre vision va être prudente, équitable et dans les intérêts du Canada, y compris dans d'autres relations avec les Américains. Le point clé est: il y aura une négociation globale avec les Américains, entre le premier ministre du Canada et le président des États-Unis, qui commencera dans deux semaines», a déclaré M. Carney, tout en indiquant qu'il croit être la meilleure personne pour mener à bien ces négociations avec Donald Trump.

Le patron de Bombardier ne s'est pas adressé aux médias après l'annonce de M. Carney.

«À ce stade-ci, Bombardier regarde vers l’avant. Nous avons des contrats aux États-Unis, en Suède et dans d’autres pays européens. Nous espérons que les discussions entre tous les gouvernements continueront d’une manière constructive pour préserver toutes les activités militaires que Bombardier est en train de construire et sa participation à travers le monde entier», a dit un porte-parole de l'entreprise, Mark Masluch. 

Ce dernier a souligné que l'invitation avait été lancée à tous les chefs des partis fédéraux pour y présenter sur les lieux leur point de vue dans le cadre de la campagne électorale.

Le ministre des Finances, François Philippe-Champagne, qui espère être élu pour une quatrième fois dans la circonscription de Saint-Maurice—Champlain, en Mauricie, était aussi présent lors de l'annonce à Dorval. Il s'est dit optimiste et ne craint pas que les libéraux soient trop protectionnistes en matière de défense, contrevenant aux accords commerciaux.

«Allez voir dans les pays de l’Europe, vous allez voir que c’est très commun», a expliqué M. Champagne en faisant référence à l’exemption sur la sécurité nationale.

«On a droit, en vertu des accords commerciaux, quand on touche à la sécurité nationale, d’être capable de faire un achat préférentiel. Je pense que c’est un moment comme celui-là, alors qu’on fait face à des défis sans précédent. Alors, on a besoin d’agir rapidement et on va faire comme nos alliés», a affirmé M. Champagne en mêlée de presse après l'annonce de son chef.

«Ce qui est intéressant avec Bombardier, c’est qu’ils sont multi-plateformes, comme pour la surveillance aérienne. (…) Ce qui manque aujourd’hui en matière de défense, c’est la capacité industrielle. Ce n’est pas nécessairement de vouloir acheter. C’est d’être capable de produire. Si on peut produire canadien avec nos alliés européens, tant mieux, on va tous y gagner», selon M. Champagne.

Repenser l'approvisionnement en défense

Le Parti libéral du Canada (PLC) veut repenser l'approvisionnement en défense, notamment en créant une nouvelle agence fédérale qui serait consacrée exclusivement aux acquisitions militaires.

L'Agence d’approvisionnement de la Défense proposée par les libéraux viserait à «centraliser l’expertise de tout le gouvernement et simplifier notre méthode d’achat de l’équipement pour les forces armées». 

Les libéraux veulent aussi prioriser l'achat canadien, notamment avec des matériaux comme l’acier, l’aluminium et les minéraux critiques. 

Le chef libéral Mark Carney propose aussi d'élargir la flotte de drones aériens du Canada et de sous-marins pour effectuer une surveillance constante contre les menaces dans l’Arctique et à la frontière.

Il veut également élargir le mandat de la Garde côtière canadienne afin de lui permettre de mener des opérations de surveillance maritime pour sécuriser nos côtes, avec l'équipement nécessaire.

Les libéraux veulent également aider les entreprises canadiennes en défense à diversifier leurs marchés.

«Il s’agit d’une augmentation sans précédent de nos dépenses militaires, qui va nous permettre de défendre l’ensemble de notre territoire, de défendre notre souveraineté, et celle de nos alliés outre-mer. (...) Nous allons accroître les capacités et la portée de la Garde côtière canadienne, et en faire une partie intégrante de notre infrastructure de défense», a souligné M. Carney dans son allocution devant les employés de Bombardier.

Toutefois, le chef du PLC n'a pas précisé les coûts associés à sa vision sur la défense. 

«On va dévoiler les chiffres dans quelques jours dans notre plateforme. Je ne commence pas avec des chiffres, mais avec nos besoins de sécurité, industriels, de jobs et de prospérité», a expliqué Mark Carney.

Méthode de financement d'une candidate soulevée

Un cocktail de financement impliquant la candidate vedette libérale Nathalie Provost, une militante bien connue de la lutte contre les armes d'assaut, a fait surface en marge de l'évènement de campagne de M. Carney à l'usine de Bombardier.

La candidate libérale dans la circonscription de Châteauguay-Les-Jardins-de-Napierville a reconnu en entrevue vendredi à la radio, à l'émission Lagacé le matin, au 98,5 FM, qu'elle a envoyé une lettre d'invitation à des gens du comté pour rencontrer le ministre fédéral Dominic LeBlanc lors d'un cocktail de financement, mais ils devaient payer 1500 $.

Le chef libéral s'est fait demander s'il était à l'aise avec cette façon de faire du financement au sein de son parti.  

Mark Carney a répondu qu'il n'était pas au courant de cette affaire, mais qu'il a beaucoup d'estime pour Mme Provost, une survivante de la tuerie à l’École Polytechnique de Montréal, où 14 femmes ont été assassinées en 1989 par un tireur misogyne en plus de faire 13 blessés.

 «Je n'ai pas entendu cette entrevue. Il y a des évènements pour amasser des fonds pour les partis. Il y a des règles et je présume que toutes les règles ont été suivies. Je n’ai pas de renseignements sur votre question», a répondu M. Carney à La Presse Canadienne. 

Quelques minutes plus tard, le PLC a fait parvenir les règles qui démontrent que cette façon de faire pour recevoir des dons n'est pas illégale lorsque les informations sur l'activité et les personnes participantes ont été dévoilées selon les règles. En effet, sur le site d'Élections Canada, il est indiqué que le plafond annuel pour la contribution d'un particulier ne peut dépasser 1750 $ pour l'année 2025.

«Dominic LeBlanc a participé à cet événement à titre de candidat pour Beauséjour. Le Parti libéral et ses candidats respectent pleinement toutes les règles et réglementations d’Élections Canada en matière de financement politique», a assuré Guillaume Bertrand, un des porte-parole du PLC dans une déclaration envoyée par courriel.

Il a souligné que les participants à un cocktail de financement doivent au préalable confirmer sur le formulaire qu'ils «participent à l’activité à titre personnel, sans faire de lobbying auprès des titulaires de charge publique présents»

«Le Parti libéral du Canada s’est engagé à respecter les normes les plus rigoureuses de la politique fédérale en matière d’ouverture et de transparence des activités de financement, notamment en améliorant la couverture médiatique, et il met au défi les autres partis d’en faire autant», a ajouté M. Bertrand.

Canular de la honte

Les deux employés de la campagne libérale à l'origine de faux macarons associés aux conservateurs ont perdu l'emploi qu'ils occupaient. «Ils ont été réaffectés», a indiqué le chef du PLC.

La CBC a révélé que deux membres du personnel du PLC avaient déposé des macarons, associés faussement à des conservateurs, lors d'un événement la semaine dernière qui attire généralement des gens aux idées plus conservatrices. À la conférence Canada Strong and Free Networking, il y avait notamment des insignes ronds et rouges avec la mention «Stop the Steal», en référence à la défaite électorale de Donald Trump à l'élection présidentielle américaine de 2020, alors que ce dernier accusait les démocrates d'avoir falsifié les résultats ayant menés à sa défaite.

«Ça n’aurait jamais dû arriver», a déclaré Mark Carney, offrant ses excuses au Parti conservateur du Canada (PCC) à titre de chef du Parti libéral du Canada (PLC), pour ce comportement «totalement inacceptable».

M. Carney a expliqué qu’il n’était pas au courant des intentions entourant ce geste et qu’il a averti le personnel de la campagne libérale que ce genre de choses ne devraient jamais se produire.

- Avec la collaboration de Vicky Fragasso-Marquis

Helen Moka
Helen Moka / La Presse canadienne