Un propriétaire d’un immeuble de six logements situé sur la rue Sainte-Catherine a récemment fourni des informations erronées aux élus du Comité consultatif d’urbanisme de Montréal. Il a prétendu, entre autres, que son immeuble était vacant, alors qu’il y a toujours deux locataires dans l’édifice sur lequel est fixée une affiche annonçant des travaux à venir.
«Ils disent que l’immeuble est vacant, mais je vis dedans», s’étonne Pierre-Yves Montpetit, qui ajoute que sa voisine y habite depuis 15 ans et qu’elle subit des pressions du propriétaire pour qu’elle quitte.
Pourtant, dans un document déposé aux élus, le promoteur du projet de subdivision écrit que les six logements sont libres. M. Montpetit corrige les faits, selon lui il en reste cinq puisqu’on a déjà procédé à des travaux pour en enlever un.
C’est le comité de locataires, Entraide Logement qui a fait la découverte et levé le drapeau rouge. L’intervenant chargé de lutter contre les évictions dans Hochelaga-Maisonneuve, Benjamin Robert, a envoyé un courriel aux élus il y a quelques jours pour les alerter. La Ville a réagi en dépêchant un employé afin de vérifier les révélations de M. Robert. Il ne comprend comment la Ville peut croire sur parole les propriétaires sans inspecter.
«Il y a quelqu’un de la Ville qui est apparu et qui a vérifié s’il y avait bien des locataires», indique-t-il. Grâce à lui, les locataires ont été mis au courant du projet et se sont rendus lundi soir au Conseil d’arrondissement qui devait analyser le projet basé sur de fausses informations.
Le maire de l’arrondissement, Pierre Lessard-Blais, a paru mal à l’aise et a annoncé aux deux locataires présents que le point était retiré de l’ordre du jour en raison des détails contradictoires reçus récemment.
«Le promoteur du projet nous a déposé des documents qui disaient qu’il n’y avait pas de résident. C’est minimalement une déclaration erronée.»
Le porte-parole d’Ensemble Montréal en matière d’habitation, Julien Hénault-Ratelle, martèle une fois de plus qu’il est anormal que de telles erreurs soient possibles. Il réclame que l’administration Plante fasse inspecter tous les immeubles appelés à être subdivisés et supposément vides.
«Il est là le problème. Je comprends que ce qui est demandé à la fonction publique c’est de se fier sur la bonne foi du propriétaire, mais quand on se rend compte que mois après mois il y a des problèmes, il faut changer la procédure», souligne M. Hénault-Ratelle.
Benjamin Robert est d’accord. Selon lui, ce n’est pas le rôle d’un comité de locataires – un OBNL – d’inspecter les immeubles, mais bien la responsabilité de la Ville. Il a d’ailleurs recensé d’autres situations semblables depuis qu’il est entré en fonction il y a un mois.
«On a vérifié pour les projets en cours, quasiment systématiquement on tombe sur soit des logements censés être vacants et qui ne le sont pas, ou on prétend qu’il n’y a pas de préjudices causés aux locataires, et il y en a», explique-t-il.
Le maire Lessard-Blais a commenté publiquement que la Ville fouillera le dossier en question et a repoussé le point à l’ordre du jour du prochain mois. Mais pour le locataire Pierre-Yves Montpetit, ce projet ne tient pas la route d’autant plus que le propriétaire, une compagnie à numéro, néglige de fermer la porte extérieure du dernier étage. Noovo Info a d’ailleurs constaté les faits. Il affirme que les tuyaux ont éclaté lors des grands froids, occasionnant une importante fuite d’eau.
Dans un courriel envoyé à Noovo Info lundi soir, la Ville écrit avoir affaire à un «propriétaire délinquant» qui a procédé à des travaux sans permis. Elle indique qu’un avis par huissier lui sera envoyé pour procéder à une inspection formelle.
«Notre préoccupation première est d'assurer le maintien sécuritaire des personnes qui résident sur place», indique Vincent Fortin, responsable des communications Hochelaga-Maisonneuve par courriel.
Noovo Info a tenté de joindre la compagnie de gestion de l’immeuble, mais celle-ci n’a pas répondu pour commenter.
À la suite des constatations qu’il a faites, le comité de locataires compte bien redoubler de vigilance.
«Combien de projets qui sont passés et qui n’ont jamais été vérifiés? Combien de locataires ont été évincés?» s’inquiète M. Robert.