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«C’est juste un autre coup dur que l’industrie ne peut pas encaisser, affirme CJ Hélie, président de Bière Canada.
La menace du président américain Donald Trump d’imposer des tarifs douaniers substantiels sur les métaux crée des inquiétudes et des occasions dans le secteur de la fabrication de conserves et de canettes, une industrie qui dépend fortement de ces matières premières.
La taxe de 25 % sur l’aluminium et l’acier entrant aux États-Unis à compter du 12 mars, et la possibilité de tarifs de rétorsion, devraient avoir des répercussions sur les coûts des acheteurs de bière, de soupe et de tout ce que les producteurs emballent dans du métal.
«C’est juste un autre coup dur que l’industrie ne peut pas encaisser. L’ampleur et le moment, vous savez, ne pourraient pas être pires.»
Bien que près de 90 % de la bière consommée au Canada soit brassée ici, la plupart des canettes sont importées, y compris le format populaire de 473 millilitres, très prisé des brasseries artisanales, rappelle-t-il.
Les fabricants américains de canettes importent du métal du Canada, qui représente environ 70 % du prix d’une canette. Les tarifs douaniers rendraient ces importations plus coûteuses pour les entreprises américaines, ce qui ferait augmenter le prix de ces canettes lorsqu’elles sont revendues aux entreprises canadiennes.
Si le Canada impose ses propres tarifs douaniers, ces biens pourraient être frappés deux fois.
«Nous traversons toujours une crise d’accessibilité. Tout le monde le ressent partout, et donc si ces tarifs et les contre-mesures potentielles du Canada entrent en jeu, les brasseurs vont devoir prendre une décision très difficile», avance M. Hélie.
L’industrie est confrontée à des tarifs sur l’aluminium qui sont beaucoup plus élevés que les 10 % imposés pendant le dernier mandat du président Trump, et même si la taxe ne s’élève qu’à quelques cents par canette, les coûts pour l’industrie se chiffreront en centaines de millions de dollars, selon M. Hélie.
Les coûts potentiels sont également plus élevés parce que les canettes continuent de gagner en popularité par rapport aux bouteilles en verre, représentant 75 % des ventes en 2023, contre 53 % en 2015, ajoute l’association commerciale.
La précédente série de menaces tarifaires a entraîné un accroissement de la production nationale de canettes, mais, compte tenu des coûts impliqués et de la nature intégrée des économies des deux pays, il n’a pas été facile d’augmenter la capacité, explique M. Hélie.
Erick Vachon est l’un de ceux qui ont vu une circonstance opportune pour la production nationale alors que les chaînes d’approvisionnement sont devenues moins fiables.
Il a cofondé Ideal Can en 2020 et dirige maintenant ce qu’il soutient être le seul producteur canadien de conserves alimentaires, tout en produisant également d'autres gammes d'emballages sur trois chaînes, chacune générant environ 1000 boîtes par minute.
Anticipant une demande accrue pour ses conserves produites au pays, M. Vachon travaille à ajouter un autre quart de travail pour augmenter la capacité et compenser un peu l’impact.
«Les tarifs sont mauvais pour les Canadiens, bien sûr, commente l’entrepreneur de Saint-Apollinaire, au Québec. Je dois donc avoir trois quarts de travail par semaine, et, bien sûr, nous cherchons à augmenter la capacité de l’usine.»
Mais cela n’aura guère d’effet sur la demande, la capacité d’Ideal Can étant d’environ 400 000 par an, comparativement à une consommation qu’il estime être d’environ 1,8 milliard de boîtes par an au Canada.
Le marché total des contenants en métal affecté par les tarifs et les contre-mesures est beaucoup plus important. Selon le Can Manufacturers Institute, une association américaine, environ 25 milliards de conserves destinées à l’alimentation humaine et animale ont été produites en 2023 aux États-Unis et au Canada ainsi que quelque 103 milliards de canettes de bière et de boissons gazeuses.
L’association manufacturière a demandé à M. Trump d’exempter l’acier étamé des droits de douane, car, contrairement à l’intention des tarifs, les producteurs américains ont fini par fermer neuf chaînes de production après la dernière imposition par M. Trump de taxes à l’importation sur le métal.
D’autres tentent encore de comprendre les implications des droits de douane, en particulier alors que les contre-mesures canadiennes ne sont pas encore claires.
«Nous ne savons pas très bien à ce stade comment cela va être taxé, confie Naresh Singh, copropriétaire de Canadian Canning, établi à Hamilton, en Ontario. Il y a beaucoup d’incertitude à ce sujet à ce stade.»
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Le distributeur réalise environ 80 % de son activité aux États-Unis, où il compte des fabricants, mais aussi au Canada et au Mexique, ce qui souligne à quel point le marché est réellement intégré.
Ce qu’il sait, c’est que les prix augmenteront avec les tarifs douaniers.
«Il est certain que le coût des produits augmenterait pour les Américains. C’est un fait.»
Il dit espérer avoir une meilleure compréhension des implications dans les jours à venir, mais il a déjà compris qu’il est nécessaire de renforcer la sécurité de l’approvisionnement.
«Le Canada devrait avoir plus de production ici, au Canada même, au moins pour protéger les Canadiens contre de telles menaces», conclut-il.