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Entretien avec Tania Boilar, directrice générale du centre de prévention du suicide JEVI Estrie.
Contrairement à ce que certains puissent croire, non, le taux de suicide au Québec n'a pas augmenté depuis 2020 avec l'arrivée de la pandémie. Cela ne signifie pas pour autant que ses contrecoups ne sont pas ressentis chez la population.
Plusieurs organismes sont mis à la disposition des citoyens qui ressentiraient le besoin d'être écoutés, surtout dans ces moments incertains et difficiles. JEVI Centre de prévention du suicide - Estrie, en fait partie.
Actuellement, la pandémie affecte beaucoup de gens et ses effets viennent accentuer des enjeux déjà présents chez plusieurs. « Le nouveau confinement a donné un espèce de coup de barre aux gens, comme le sentiment de retourner à la case départ. On s'est vu progresser et déconfiner dans les derniers mois et là, on doit faire un pas en arrière. Au niveau de comment vont les gens, c'est certain que ça, ça en fait beaucoup partie », a admis Tania Boilar, directrice générale chez JEVI en Estrie.
Mme Boilar a d'ailleurs souligné que le travail des intervenants se complexifie davantage avec les nouvelles mesures de confinement annoncées le 31 décembre dernier.
« L'utilisation des proches, c'est très important pour nous. Ça nous aide vraiment à assurer la sécurité autour des gens qui sont suicidaires. Et là, on ne peut pas utiliser ces ressources-là parce qu'on n'a pas le droit d'aller voir les gens et de se côtoyer », a-t-elle indiqué.
En raison d'un manque de ressources humaines, les lignes d'appel de cet organisme sont fermées depuis le mois d'octobre. Les intervenants du centre de prévention du suicide sont toutefois en mesure d'offrir des rencontres en personne à ceux qui en ont besoin.
Ces interventions sont tenues à la suite de recommandations d'autres partenaires qui redirigent des individus vers les services de JEVI Estrie. « Quand ils tombent sur des gens qui pourraient bénéficier de nos services, ils font la référence vers JEVI », a indiqué Tania Boilar.
L'équipe de JEVI Estrie n'est ainsi pas en mesure de connaître le nombre d'appels et la quantité d'achalandage que cette cinquième vague aurait pu générer dans la région. Toutefois, les services téléphoniques sont toujours offerts à l'échelle provinciale, soit au 1 866 APPELLE, qui est la ligne d'intervention provinciale en prévention du suicide.
La quantité d'appels est très variable d'une région à l'autre, a soutenu Mme Boilar.
« Par contre, ce que l'on sait, c'est qu'à l'heure actuelle, il n'y a pas d'augmentation dans les taux de suicide au Québec par rapport à l'an dernier et l'an d'avant, par rapport à 2018 ou 2017. »
L'organisme est constamment à l'affût des rapports du coroner, qui tient les intervenants à jour, et pratiquement en temps réel. « C'est plutôt stable, je dirais. Il n'y a pas d'augmentation dans les taux de suicide pour 2021, ni 2020. Ça, c'est rassurant, quand même. »
La directrice générale a cependant tenu à faire la distinction entre le taux de suicide et les taux de dépressions et d'anxiété chez la population générale. « C'est autre chose, par exemple, lorsqu'on parle des dépressions et de l'anxiété. Ça, effectivement, il y a une progression importante. »
Un retour à la vie normale après cette pandémie pourrait affecter certains gens, et les organismes tel que JEVI Estrie ou d'autres services de prévention du suicide surveilleront de près les contrecoups de la COVID-19 sur les citoyens.
Chaque intervention est personnalisée selon les besoins du demandeur, mais plutôt que d'axer ses démarches sur la prévention du suicide et sur la mort, JEVI Estrie axe ses efforts sur la vie et l'espoir. « Oui, c'est correct de parler de ce qui ne va pas bien et de ce qu'on doit changer, mais c'est tout aussi important de parler de ce qui va bien, et de comment on peut faire grandir cette portion-là qui va bien », a expliqué Tania Boilar. Pour cette dernière, tout est une question de rebalancement entre le positif et le négatif.
Une stratégie préconisée chez JEVI Estrie est le « P-P-P-P », ou le « plus petit pas possible ». « On travaille sur le plus petit pas possible qui permettrait aux gens de toujours être en action vers un but qu'on s'est fixé. C'est surtout de ne pas passer de l'étape 1 à l'étape 8. Des fois, les gens veulent trop avancer rapidement. » Les intervenants accompagnent ainsi la personne dans chacun de ces petits pas-là, afin de l'amener vers l'objectif qu'elle s'est fixé, ou vers le but qu'elle souhaite atteindre.
La semaine nationale de la prévention du suicide se tiendra du 30 janvier au 5 février prochain.
Ligne québécoise de prévention du suicide
www.aqps.info
1 866 APPELLE (277-3553)
Jeunesse, J’écoute
www.jeunessejecoute.ca
1 800 668-6868
Tel-jeunes
www.teljeunes.com
1 800 263-2266