Passer au contenu principal
À voir:

Début du contenu principal.

Santé
Chronique |

Bonne fête, chère COVID!

«Techniquement, je peux dire que j’ai 49 ans éternellement», nous révèle notre chroniqueur Alex Perron.

Des clients font la file pour s'approvisionner à l'extérieur du magasin Costco, le vendredi 13 mars 2020 à Boisbriand.
Des clients font la file pour s'approvisionner à l'extérieur du magasin Costco, le vendredi 13 mars 2020 à Boisbriand.

«Fêtons» les 5 ans de l’arrêt de nos vies. Le 13 mars 2020, tout le Québec mettait les freins et se mettait sur pause encore plus vite que le REM un jour de pellicules neigeuses. Pif! Paf! Pouf! On devait rester chez nous.

Une tonne de petites, moyennes et grosses catastrophes nous sont tombées dessus. Nous devions gérer nos propres crises dans la crise mondiale. Beaucoup trop de choses négatives sont arrivées. Mais comme je suis cet éternel positif, j’ai repensé à quelques trucs positifs que la COVID m’a apportés.

DOSSIER À LIRE | La COVID-19, cinq ans après

Infolettre
🤑 Jour de paye
Une infolettre pour vous aider à arrondir les fins de mois sans tracas.

Je n’ai pas pu célébrer mes 50 ans. Cette fameuse étape où via une fête mémorable, on veut te dire: «t’es encore jeune, tu peux encore tout faire, mais ne perds pas trop de temps pareil parce que, ça passe vite le dernier boute, pis on ne sait jamais si tu vois ce que je veux dire, en tout cas, tu ne fais pas ton âge»...

Comme je ne suis pas Monsieur Célébration sur deux pattes, c’était parfait comme scénario. Je n’ai pas eu de grosse fête, mais j’ai reçu plein de messages vocaux, de textos, d’appels téléphoniques et de messages sur les réseaux sociaux.

À VOIR ÉGALEMENT | Il y a cinq ans, l'OMS déclarait la COVID une pandémie

Mon amie Mylène était venue me déposer des œufs de ses poules. Des œufs «spécial fête 50 ans»! On s’était fait une accolade à 2 mètres de distance. Mon amie Marie-Julie m’avait déposé une bouteille de champagne trempée dans le Purel sur le bord de ma porte. On s’était fait une accolade à 2 mètres de distance. Ce qui fait que le soir même, je me suis saoulé au champagne (la bouteille de Marie-Julie et une autre qui j’avais mis en réserve pour ce jour-là) en mangeant une omelette fraîchement pondue par les girls de Mylène.

J’avais eu le champagne un peu triste, mais moins que je pensais. C’était correct. J’étais très lendemain veille le lendemain, mais je m’en foutais, je n’avais rien à faire. Ni l’autre lendemain d’ailleurs.

Tout le monde me disait: «ce n’est pas grave, on va se reprendre et fêter ton 50 à 51 ans». Eh! Bien, oh! Surprise… On était retourné en pause virus provinciale. Ce qui fait qu’on n’a jamais souligné mon passage vers ma deuxième moitié de vie. Alors, techniquement, je peux dire que j’ai 49 ans éternellement.

«La pandémie m’a fait découvrir que j’avais des chaudrons dans mes armoires.»

Je dirais même que j’étais pas mal équipé. Rien pour rendre jalouse Marilou, mais assez pour pouvoir fouiller dans un livre de recettes et tenter de reproduire une recette. C’est ici que le mot «tenter» prend tout son sens.

Je ne suis pas devenu habile en cuisine, mais je me suis mis à me gosser de la recette. Même que, deux, trois fois, j’ai eu du fun à cuisiner. Je ne suis pas tombé dans le panneau du « je me fais du pain non-stop et de la tartelette portugaise», mais j’ai acheté des épices rares et difficiles à utiliser comme de l’aneth, du persil, du laurier et même du poivre de cayenne.

Je sais ce que tu te dis: «audacieux, le Perron». C’est tellement des épices difficiles à apprêter que les pots sont encore dans mon armoire. Heureusement, c’est sec, ça se conserve des décennies. Comme on n’avait rien à faire de nos journées, vers les 11h du matin, je commençais à penser à ce que j’allais essayer de cuisiner le soir. De la grosse planification pandémique. J’étais Sœur Angèle, mais avec crissement moins d’énergie.

En fait, j’avais la vivacité de Sœur Angèle qui a une grosse grippe d’homme pis qui s’est assommé avec un litre de ponce de gin. Encore aujourd’hui, je cuisine pas mal plus qu’avant la pandémie. Ce n’est pas meilleur, mais je le fais plus souvent.

J’ai aussi écouté la série District 31 à partir du début et j’ai rattrapé la saison en temps réel. Je vous rappelle que c’était une quotidienne et qu’on était rendu genre à la quatrième saison à la télé.

J’ai fait le ménage de mes photos dans mon ordinateur en criant: voyons, tabarnak, que j’ai gardé ça. J’ai couru dehors, un exploit. Je préfère courir sur un tapis roulant parce que sur le tapis, je n’ai pas besoin d’éviter les crottes de chien et les madames qui prennent des marches trop lentement.

Je me souviens que j’ai même eu de petites conversations avec de purs inconnus. Je me souviens d’une jasette avec une dame à la station-service pendant qu’on faisait le plein. Nos deux voitures étaient full, mais on continuait à ne jaser de rien et de rien en tenant nos boyaux dans les mains. On se serait cru dans la pièce «Les voisins».

Comme vous, je me serais très volontiers épargné cette pandémie, mais en même temps, je n’aurais jamais acheté de laurier de ma vie.

Pour recevoir toutes les chroniques d'Alex Perron, abonnez-vous à notre infolettre, Les débatteurs du samedi.