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C’est énorme, mais ça aurait pu être pire et voici pourquoi.
Les urgences du Québec sont actuellement au cœur d’un pic de congestion rarement vu.
Au moment d’écrire ces lignes, les urgences sont occupées en moyenne à 134%, avec des pics au-dessus de 150% dans la grande région de Montréal, incluant la Montérégie, Laval, les Laurentides et Lanaudière.
C’est énorme, mais ça aurait pu être pire et voici pourquoi.
La cause principale du trop-plein dans nos hôpitaux est actuellement un pic de grippe parmi les plus sévères des 10 dernières années, dont nous venons à peine de passer le sommet, comme le montre le graphique suivant, tiré des données de suivi de la grippe.
Comme on le voit, le nombre de cas est très élevé (colonnes jaunes/bleues), de même que le pourcentage de tests d’influenza positifs (courbe rouge, qui a frôlé le 35%). C’est vraiment beaucoup de cas, malgré un vaccin modérément efficace cette année, à environ 50%.
Ces patients infectés par l’influenza sont souvent âgés ou fragiles et se retrouvent aux urgences parce qu’une « simple » grippe peut signifier une atteinte sévère, une incapacité à prendre soin de soi, une confusion ou pire encore, une défaillance respiratoire, surtout quand elle se complique de pneumonie.
Inutile de dire que c’est alors dangereux pour la vie.
Quand, à une situation aussi tendue, s’ajoutent les cas de fractures en raison de chute de neige, de la présence de glace ou des trottoirs glacés, on intensifie la pression sur les transports préhospitaliers, avec des pics de 130 ambulances à l’heure pour Montréal, comme hier entre 9h et 10h. Cette pression amplifie celle des virus respiratoires.
Une congestion à 134% signifie qu’une fois toutes les civières « normales » occupées, donc les urgences pleines, il faut ajouter 34% plus de patients, qui se trouvent donc un peu partout, dans les corridors ou les aires de débordement, ce qui n’est pas très sécuritaire ni très humain.
Les patients qu’on retrouve sur ces civières ne sont pas les gens qui se rendent aux urgences pour une consultation et attendent (longtemps) avant d’être évalués puis recevoir leur congé. Il ne s’agit pas de cas légers, mais bien de cas lourds sur civière, qui subissent une investigation, reçoivent des traitements ou patientent pour un lit à l’étage.
En réalité, dans ces situations, ce ne sont pas les urgences qui sont congestionnées, mais bien les hôpitaux qui sont bondés, une pleine capacité atteinte encore plus rapidement parce que des lits sont fermés en raison du manque de personnel.
Mais voilà, je l’ai dit dans mon titre, ça aurait pu être pire. Si on regarde les courbes des trois grands virus respiratoires, soit la COVID-19, le virus respiratoire syncytial (VRS) et la grippe, on peut se compter chanceux qu’ils semblent s’être donné le mot pour ne pas frapper en même temps, comme c’est arrivé voilà quelques années.
Ainsi, la COVID-19 a d’abord surtout frappé en début d’automne, et assez fort, amenant son lot de personnes à l’hôpital, mais la courbe est retombée avant la période des fêtes, comme le montre le graphique suivant, tiré du site de l’INSPQ :
Si, pour la COVID-19, nous sommes actuellement dans un creux, c’est aussi le cas pour le VRS, qui cause beaucoup de problèmes, non seulement aux personnes âgées ou fragiles, mais aussi aux très jeunes enfants, causant une bronchiolite qui peut mener à l’hospitalisation des tout-petits.
À cet égard, après un pic durant les fêtes, nous touchons maintenant à la fin de la saison hivernale de VRS, et c’est tant mieux :
C’est en imaginant à quoi auraient ressemblé les urgences avec les trois virus en simultané qu’on peut donc se compter chanceux. Corolaire, si vous avez souvent été malades depuis septembre, parce que vous avez attrapé successivement plusieurs virus, vous en avez peut-être assez, parce qu’au total, cela fait vraiment une longue saison virale.
Pour la suite des choses, c’est difficile à prédire. Il est fort probable que le pic de grippe hivernal soit maintenant dépassé. On voit toutefois dans le graphique ci-haut que la grippe B (bas des colonnes en jaune) est en croissance. Elle atteint souvent son pic bien plus tard, c’est donc à suivre.
Et si, pour le VRS, nous aurons probablement la paix pour plusieurs mois, la COVID-19, comme vous le savez, est plus imprévisible, parce que les pics surviennent encore plus d’une fois par année. On va se croiser les doigts.
Mais on peut aussi agir, bien entendu, en essayant d’éviter à nos proches fragiles de les contaminer, en se lavant les mains souvent, en portant le masque lors des contacts et en aérant bien les pièces où l’on se trouve avec des gens. Bref, il faut s’abstenir de contaminer les autres si on est malade : ce qui peut avoir l’air d’un virus bénin quand on est en forme peut en effet se transformer en infection grave pour une personne affaiblie.
Enfin, les vaccins existent pour ces trois virus, et sont clairement indiqués pour les personnes ainées et fragiles. S’il est un peu tard pour aller chercher celui de la grippe et du VRS, il est toujours possible de songer à le prendre pour la COVID-19, en particulier si on est à risque de complications.
Même certains nouveau-nés à risque peuvent recevoir une protection contre le VRS par l’infection d’anticorps dirigés contre le virus. Il ne s’agit pas d’un vaccin, toutefois, et il faut en discuter avec les professionnels de la santé.
En vous souhaitant une éclaircie dans les prochaines semaines, passez tout de même une belle relâche !