Le ministre du Travail, Jean Boulet, en a fait l'annonce vendredi à Trois-Rivières. Les cancers qui s'ajoutent à la liste sont le cancer colorectal, la leucémie et les cancers du cerveau, des testicules, de l'œsophage et du sein.
Les détails dans le reportage de Frédérique Bacon dans la vidéo ci-contre.
Cela porte le nombre total de cancers reconnus comme maladie professionnelle liée au travail des pompiers à 16. Les autres qui étaient déjà inclus sont le cancer du poumon, du rein, le mésothéliome pulmonaire et non pulmonaire, le cancer de la vessie, du larynx, de la peau, de la prostate, le myélome multiple et le lymphome non hodgkinien.
La Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) estime qu'environ 50 personnes pourraient voir leur maladie professionnelle reconnue et être indemnisées dans les années suivant l'entrée en vigueur des modifications.
«Ceux qui ont eu des diagnostics avant l'entrée en vigueur du règlement — il va être publié dans la Gazette officielle la semaine prochaine et il va entrer en vigueur 15 jours après sa publication — et qui font une réclamation maintenant, elle va être analysée en fonction des nouveaux cancers présumés annoncés aujourd'hui», a précisé en entrevue M. Boulet.
L’Association des pompiers de Montréal et le Regroupement des associations des pompiers du Québec (RAPQ) accueillent favorablement la nouvelle. «Au nom de l'ensemble des pompiers de la province, on est très reconnaissant», a commenté le président des deux organisations, Chris Ross.
«Une maladie professionnelle n'est jamais facile et d'être obligé de combattre avec la CNESST par la suite, ce n'est pas trop évident. Alors d'avoir une reconnaissance avec la présomption, quelque chose qui existe à travers le pays, c'est sûr que c'est quelque chose que ça fait longtemps qu'on attend.»
Le cancer est la principale cause de décès chez les pompiers. Ces derniers ont un risque de décès par cancer 14 % plus élevé que la population générale, selon Santé Canada.
Dans le cadre de leur fonction, les pompiers sont souvent exposés à la fumée des feux ainsi qu’à des substances chimiques toxiques libérées par la combustion de matériaux et les mousses extinctrices.
«Ce sont des personnes qui mettent leur santé à risque chaque jour où ils travaillent pour protéger les autres personnes, a fait valoir M. Boulet. Il y a les feux, les affaissements de structure, les substances toxiques, les matières qui se déposent sur les habits de combat, les risques d'inhalation.»
Il existe une disparité entre les provinces canadiennes quant au nombre de cancers reconnus comme maladie professionnelle liée au travail des pompiers. Le chef de file au pays est la Saskatchewan avec 22 cancers reconnus.
M. Boulet n'écarte pas d'inclure d'autres cancers éventuellement. «C'est une avancée importante, mais ce n'est pas fini. J'avais créé un comité scientifique des maladies professionnelles et une des priorités que j'avais établies était de se pencher sur d'autres cancers professionnels liés au travail de pompiers et de pompières et j'anticipe qu'on puisse enrichir notre liste dans les prochaines années», a-t-il déclaré, ajoutant que «dès qu'il y a un consensus sur un cancer» de la part du comité, il veut qu'il soit ajouté à la liste.
M. Ross se réjouit de ce comité, notamment formé d'oncologues. «Ça nous rattrape des autres provinces, mais pendant qu'on en parle au Québec, les autres provinces ont continué à avancer, nuance-t-il. Les feux au Québec ne brûlent pas différemment que le reste du pays, donc les risques et les possibilités de maladies professionnelles doivent être comparables également. Nous, on souhaite voir la journée où ce que l'ensemble des provinces et territoires reconnaîtront les mêmes maladies professionnelles et là-dessus, il reste encore un peu d'ouvrage pour la province de Québec.»
Le ministre Boulet a précisé que le comité scientifique a le mandat de se prononcer sur le lien entre le cancer et le travail, pas seulement pour les pompiers, mais aussi pour d'autres métiers.