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Hausse des amendes, plus de radars photos et formations pour les futurs conducteurs: la stratégie nouvelle stratégie nationale se veut particulièrement rigide en ce qui a trait à la sécurité des écoliers.
Huit mois après le décès dans une zone scolaire d’une fillette ukrainienne de 7 ans, frappée par une voiture dans un délit de fuite à Montréal, le gouvernement Legault annonce sa stratégie nationale de sécurité routière.
Geneviève Guilbault, ministre des Transports, et Bernard Drainville, ministre de l’Éducation, présentent aujourd’hui à Montréal un plan de sécurité routière sur cinq ans. La stratégie se veut particulièrement rigide en ce qui a trait à la sécurité des écoliers, car un pan complet du plan d’action concerne le transport actif sécuritaire vers l’école.
Parmi les 27 mesures édictées dans le Plan d'action en sécurité routière 2023-2028, le gouvernement Legault imposera une limite de vitesse maximale de 30 km/h dans toutes les zones scolaires – qui n’est pas obligatoire à l’heure actuelle –, et rendra obligatoire l’aménagement sécuritaire des zones et corridors scolaires.
En ce qui a trait à la sécurité en zone scolaire et en espérant éviter d’autres drames comme la mort de la petite Mariia Legenkovska, le gouvernement compte également, dès cette année, déployer des radars photo et hausser les amendes pour certaines infractions au Code de la route, notamment, en plus de décerner plus de points d'inaptitude. «On se devait d’agir» avec la hausse des décès sur les routes en 2022, a déclaré la ministre Guilbault en conférence de presse.
Mme Guilbault n'a pas précisé le nombre supplémentaire de radars, ni le nombre de points d'inaptitude de plus qui viendront avec les contraventions, pas plus que les montants des hausses des amendes, mais a assuré que les mesures incluses dans de futurs projets de loi à l'automne 2023 refléteront son «souci énorme pour les clientèles vulnérables et les manœuvres dangereuses qui sont faites à leur détriment». Elle cite comme exemple de signal fort les neuf points d'inaptitude qui accompagnent une contravention pour ne pas avoir respecté l'arrêt-stop d'un autobus scolaire.
Les conducteurs sont effectivement une des cibles du gouvernement Legault, car la plan cite leur comportement parmi les raisons de l’insécurité routière dans les zones scolaires et sur les trajets pour se rendre à l’école, avec la circulation et les défaillances dans l’infrastructure routière.
«À court terme, il faut que les gens réalisent qu’aller trop vite, c’est dangereux», a aussi dit Mme Guilbault. «Il y a 4,6 millions de personnes qui peuvent circuler. On ne peut pas surveiller tout le monde.» Qu'à cela ne tienne, il y aura bientôt «significativement» plus que 54 radars photo au Québec et Mme Guilbault entend faire modifier «la manière dont on les gère» pour automatiser les systèmes et libérer des ressources humaines.
Mais la stratégie nationale présentée par Mme Guilbault et M. Drainville ne s’en tient pas qu’à la sécurité des enfants. Le gouvernement Legault cherche à protéger plusieurs catégories de personnes vulnérables sur les routes du Québec: les piétons (plus particulièrement les enfants, les aînés et les personnes handicapées), les cyclistes et les travailleurs sur les chantiers routiers.
Transport actif sécuritaire vers l’école
Aménagements sécuritaires pour les piétons
Sécurité des travailleurs sur les chantiers routiers
Les municipalités, des partenaires essentiels
Innover pour améliorer la sécurité routière
Communication et formation
Source: Ministère des Transports
Le plan d’action vise à réduire de 25% les accidents mortels ou avec blessés graves d’ici 2030 par rapport à 2017, quand 75 décès de piétons avaient été rapportés sur le réseau routier. En 2022, ce nombre s’est élevé à 79. Pour ce faire, Québec inclut des partenariats avec les municipalités et des mesures d’innovation pour améliorer la sécurité routière dans sa stratégie, ainsi que des formations, destinées entre autres aux futurs conducteurs.
La stratégie nationale de sécurité routière était attendue de pied ferme par plusieurs groupes, dont Piétons Québec et le collectif Pas une mort de plus, qui réclamait justement des aménagements sécuritaires pour les enfants qui se rendent à l’école à pied ou à vélo. L'annonce du jour s'est d'ailleurs faite en présence de nombreux comités et associations représentant des parents, des camionneurs et des piétons, pour ne nommer que ces groupes.
«J'ai une petite pensée pour les parents qui se sont mobilisés pour faire avancer les choses», a commenté le ministre Drainville dans une courte allocution avant la période des questions avec Mme Guilbault.
Jeanne Robin, présidente de Piétons Québec, entretient un enthousiasme prudent quant à la nouvelle stratégie du gouvernement Legault. Oui, «c’est vraiment un excellent point de départ de voir une telle prise de conscience du ministère des Transports sur l’importance de la sécurité routière et de son rôle», mais son collectif compte porter une attention particulière au rythme d’implantation des mesures.
Mme Robin constate aussi quelques zones floues dans le plan d’action, notamment en ce qui concerne le nombre de voitures dans la province. La circulation y est pourtant citée comme une des principales causes de l’insécurité routière au Québec.
«L’éléphant dans la pièce, c’est quand même le nombre et la taille de véhicules qui ne cessent d’augmenter», a-t-elle souligné dans un entretien avec Noovo Info.
«La meilleure politique, ce serait des mesures qui réduiraient le nombre de voitures», a-t-elle ajouté. Mme Guilbault, elle, a rappelé que le nombre de décès sur les routes a radicalement diminué depuis les années 1970, malgré l’augmentation constante du nombre de véhicules sur les routes.
Plus de véhicules, plus gros: contribue à plus de décès?
— Étienne Fortin-Gauthier (@EtienneFG) August 22, 2023
Réponse de la ministre @GGuilbaultCAQ
Et la perspective de Jean-Marie De Koninck.#noovoinfo #polqc pic.twitter.com/2L7a1qYtGa
Pour sa part, l'organisation CAA-Québec a réagi à l'annonce du gouvernement du Québec sur la sécurité routière affirmant que cette annonce «devrait contribuer à améliorer un bilan particulièrement sombre, avec un sommet des décès en 10 ans et des enjeux préoccupants pour la sécurité des usagers vulnérables.»
«Nous saluons l’action gouvernementale en sécurité routière et réitérons la volonté de CAA-Québec et de sa Fondation d’y participer activement. Espérons que l’adoption de ces mesures instaurera un changement de culture visant à sécuriser les déplacements quotidiens de tous les usagers de la route», a affirmé Sophie Gagnon, vice-présidente affaires publiques et responsabilité sociétale, dans un communiqué acheminé aux médias.
Le porte-parole du Parti libéral du Québec en matière de transports et de mobilité durable et député de l'Acadie, André A. Morin, se réjouit par l'implantation de ces nouvelles mesures et affirme que c'est un «pas dans la bonne direction». Il déplore cependant que la CAQ ait dû réagir plus rapidement.
«Alors que la rentrée scolaire s'amorce ces jours-ci, il aurait été bien avisé d'agir plus rapidement afin que les nouvelles mesures soient déjà en vigueur», a-t-il mentionné par voie de communiqué.
«Nous serons très attentifs à la mise en œuvre de ce plan d'action qui devra assurer la sécurité des piétons, et plus particulièrement des écoliers et des aînés. Les signaleurs routiers bénéficieront sûrement aussi des nouvelles mesures qui leur permettront d'effectuer leur travail dans un environnement moins dangereux», a ajouté le député libéral.
Le responsable en matière de Transports et de Mobilité durable pour Québec solidaire, Etienne Grandmont, salue par ailleurs cette avancée et espère que la mise en œuvre du plan d’action en sécurité routière «se fera rapidement».
«Cette stratégie était attendue depuis longtemps: j’espère que le gouvernement de la CAQ mettra les bouchées doubles pour que le plan d’action annoncé soit mis en place et montre des résultats le plus rapidement possible: il en va de la sécurité de tous les usagers de la route, partout au Québec», souligne M. Grandmont.
Le député solidaire note toutefois «un grand absent» de ce plan, soit «la responsabilisation du ministère sur son propre réseau».
«Pas moins du deux tiers des accidents mortels ont lieu sur le réseau supérieur (autoroutes, routes nationales et régionales); or tout ce qui est proposé aujourd’hui relève du diagnostic. Le ministère doit prendre ses responsabilités et proposer des aménagements sécuritaires, à ses frais, sur toutes ses routes qui traversent les villes et villages», insiste-t-il.
Avec de l'information de Jennifer Gravel pour Noovo Info