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Ce soulèvement, que M. Poutine a qualifié de «coup de poignard dans le dos» lors d'un discours télévisé, représente la plus grande attaque à son autorité depuis son arrivée au pouvoir, il y a plus de 20 ans.
Le patron du groupe paramilitaire Wagner, en rébellion ouverte contre les autorités russes, dit avoir ordonné la fin de l'avance de ses troupes vers Moscou. Il leur a dit de retraiter vers leurs bases en Ukraine afin d'éviter un bain de sang.
La déclaration d'Evguéni Prigojine semble avoir calmé une situation de plus en plus tendue en Russie. Ce soulèvement, que le président russe Vladimir Poutine a qualifié de «coup de poignard dans le dos» lors d'un discours télévisé, représente la plus grande attaque à son autorité depuis son arrivée au pouvoir, il y a plus de 20 ans.
Signe du sérieux avec lequel le Kremlin a pris la menace, les autorités ont déclenché un «régime antiterroriste» à Moscou et dans ses environs, ce qui autorise les forces de l'ordre à restreindre les libertés de la population pour renforcer la sécurité dans la capitale.
Le maire de Moscou, Sergueï Sobianine, a demandé aux habitants de la ville de ne pas circuler sur les routes et a assuré que les principaux services de la ville étaient prêts à intervenir. Il a annoncé que lundi sera un jour de congé pour la plupart des travailleurs de la ville, à l'exception des fonctionnaires et de certaines entreprises industrielles.
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Des équipes ont également creusé de grands trous sur les autoroutes des environs pour tenter de ralentir l'avancée des forces de Wagner. L'accès à la place Rouge a été fermé, deux grands musées ont été évacués et l'accès à un parc a été interdit.
Prigojine a indiqué que ses troupes n'étaient plus qu'à 200 km de Moscou. Il a décidé de faire volte-face, prétendument pour «éviter de verser du sang russe».
Il n'a pas précisé si le Kremlin avait accepté sa revendication principale: le congédiement du ministre de la Défense, Sergueï Choïgou. Les autorités russes n'ont pas commenté ce retournement de la situation.
L'annonce suit une déclaration du cabinet du président du Bélarus, Alexandre Loukachenko, qui affirmait avoir négocié une entente avec Prigojine après en avoir parlé avec le président russe. L'entente prévoit des garanties aux troupes du groupe Wagner, a ajouté le cabinet, sans donner plus de précisions.
En vertu de l'entente, Prigojine ira s'installer dans le Bélarus voisin, a annoncé le Kremlin en soirée. Les mercenaires qui l'ont suivi dans la rébellion ne seront pas cités à procès tandis que ceux qui se sont abstenus obtiendront des contrats du ministère de la Défense russe, a précisé le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
Le président Vladimir Poutine avait promis samedi de punir sévèrement Prigojine et ceux qui le soutenaient.
Evguéni Prigojine avait fait sortir ses troupes de l'Ukraine pour les rediriger vers la Russie, en direction de Moscou. Le groupe armé paramilitaire avait réussi à s'emparer du quartier général militaire de Rostov-sur-le-Don, une ville à plus de 1000 kilomètres au sud de Moscou, selon le ministère britannique de la Défense. C'est depuis ce quartier général que la Russie dirige certaines de ses opérations en Ukraine.
Le patron du groupe Wagner a publié une vidéo de lui-même dans laquelle il affirme que ses forces se sont emparées de la base aérienne et d'autres installations militaires dans la ville. D'autres vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrent des véhicules militaires, notamment des chars d'assaut, dans les rues.
«Nous n'avons tué personne», a souligné M. Prigojine, qui a prétendu que ses troupes se sont emparées du quartier général de l'armée russe «sans avoir à tirer un seul coup de feu». Toutefois, ces déclarations n'ont pas pu être vérifiées de manière indépendante.
Les troupes du groupe Wagner sont ensuite entrées dans la province russe de Lipetsk, à environ 360 km au sud de Moscou. «Les autorités prennent toutes les mesures nécessaires pour assurer la sûreté de la population», a déclaré le gouverneur régional Igor Artamonov sur le réseau social Telegram. Il n'a pas donné plus de précisions.
Ces événements dramatiques surviennent exactement 16 mois après le début de l'invasion russe en Ukraine, soit le plus grand conflit en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.
Dans son discours, M. Poutine a qualifié cette rébellion de Prigojine de «trahison», mais il n'a jamais mentionné le nom du chef militaire. «Tous ceux qui ont aidé à préparer ce soulèvement recevront une punition à laquelle ils ne pourront pas échapper, a prévenu M. Poutine. Nos forces armées et d'autres agences gouvernementales ont reçu les ordres nécessaires.»
De son côté, Prigojine s'est présenté comme un «patriote».
«Concernant cette soi-disant trahison de la patrie, le président s'est profondément trompé. Nous sommes des patriotes de notre patrie», a-t-il affirmé dans un message audio publié sur sa chaîne Telegram.
Le groupe paramilitaire Wagner, dirigé par Prigojine, a combattu aux côtés des troupes russes en Ukraine.
Il était difficile de dire dans l'immédiat pourquoi le groupe a choisi de se rebeller ainsi, mais ce soulèvement marquait néanmoins une escalade dans la guerre ouverte qui oppose Prigojine à des chefs militaires russes.
Prigojine les a notamment accusés d'avoir bâclé la guerre en Ukraine et d'avoir paralysé ses forces sur le terrain.
«Ce n'est pas un coup d'État militaire, mais une marche pour la justice», a fait valoir M. Prigojine.
Prigojine a mentionné avoir 25 000 soldats sous ses ordres et a recommandé à l'armée russe de ne pas s'opposer à son avancée.
Alors que l'issue de cette confrontation n'était pas encore claire, elle semblait susceptible d'entraver davantage l'effort de guerre de Moscou en Ukraine. Le différend, surtout si M. Prigojine devait l'emporter, pourrait entraîner des répercussions sur M. Poutine et sa capacité à maintenir l'unité en Russie.
Les forces de Wagner ont joué un rôle crucial en Ukraine, capturant la ville de Bakhmout, une zone où les batailles les plus sanglantes et les plus longues de la guerre ont eu lieu.
Mais Prigojine a de plus en plus critiqué la haute direction militaire russe, l'accusant d'incompétence et de priver ses troupes de munitions.
De son côté, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a noté sur sa chaîne Telegram que «quiconque choisit la voie du mal finit par se détruire».
«Pendant longtemps, la Russie a utilisé la propagande pour masquer sa faiblesse et la bêtise de son gouvernement. Et maintenant, il y a tellement de chaos qu'aucun mensonge ne peut le cacher», a-t-il soutenu.
«La faiblesse de la Russie est évidente. C'est une faiblesse à grande échelle. Et plus la Russie gardera ses troupes et ses mercenaires sur notre territoire, plus elle aura de chaos, de douleur et de problèmes plus tard chez elle.»
Les dirigeants de nombreux pays disent suivre la situation de près. L'Estonie, un pays limitrophe à la Russie, a renforcé la sécurité des frontières. Les États-Unis surveillent aussi de près ce qui se passe en Russie.
Le Kremlin a indiqué que M. Poutine avait eu des entretiens téléphoniques avec les dirigeants de la Turquie, du Bélarus, du Kazakhstan et de l'Ouzbékistan. Son porte-parole, Dmitri Peskov, a nié que le président russe s'était enfui de Moscou.